Un immigré clandestin ne peut être expulsé pour cause de contrôle judiciaire…
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Il y a des histoires qui en disent long, non seulement sur le délabrement de nos institutions, mais aussi sur une administration de plus en plus ubuesque. Récapitulons. Nous sommes à la mi-septembre, à Charvieu-Chavagneux, dans l’Isère, petite ville comptant moins de dix mille âmes, dont Gérard Dézempte est le maire.
À l’époque, ce dernier refuse de célébrer un mariage censé unir l’une de ses administrées avec un ressortissant algérien des environs. Seulement voilà, ce dernier est en situation irrégulière depuis quatre ans, son visa ayant expiré en 2019. Très logiquement, et flairant le mariage de complaisance, il refuse de célébrer cette union : « J’ai considéré que leurs intentions matrimoniales n’étaient pas suffisantes », explique-t-il ainsi de pudique manière.
Tout aussi logiquement, Gérard Dézempte dont BFM TV nous révèle, avec gourmandise, qu’il serait proche des « idées pro-Zemmour », transmet le dossier aux autorités compétentes, la procureur de Vienne, l’une des deux sous-préfectures du département ; laquelle conforte sa position. Notre Roméo, après avoir échoué comme candidat au mariage, l’est donc désormais à l’expulsion du territoire français. Une OQTF, comme on dit, celle que, précisément, le maire de Charvieu-Chavagneux demande au préfet de l’Isère.
Peut-être naïf, ou alors assez ignorant des subtilités byzantines du droit français, il estime alors : « Sur le fond, je pensais que l’affaire allait s’arrêter à ce niveau-là. » T’as qu’à croire, Grégoire, et va comprendre, Alexandre !
Et le ciel de tomber sur la tête de cet irréductible édile, apprenant par courrier préfectoral qu’il est impossible de renvoyer l’amoureux transi dans ses pénates d’origine, étant assujetti à un contrôle judiciaire lui interdisant désormais de quitter l’Hexagone.
Une situation que Gérard Dézempte résume de la sorte : « J’ai compris qu’en fait, il suffisait que quelqu’un qui n’était pas en situation régulière commette un acte délictueux pour être sous contrôle judiciaire et, finalement, éviter une mesure d’éloignement du territoire français. » Bien vu, Lulu, et bonne chance, Hortense !
En matière de dingueries de ronds-de-cuir, un vilain lieu commun pousse souvent nos confrères à évoquer « des trous dans la raquette »… Notre maire est autrement plus direct, évoquant « une raquette sans tamis », avant de poster ce message sur X : « J’ai saisi le préfet de l’Isère et la procureur de la République afin qu’ils engagent les vérifications nécessaires. Stop au laxisme ! Stop à l’impuissance ! » Depuis, le recalé de la tendresse conjugale coulerait aujourd’hui des jours tranquilles à Marseille. Victoire de l’amour ! Non : celle d’une bureaucratie devenue folle.
On peut en rire, surtout lorsque se reportant au brillant roman de Benoît Duteurtre, La Petite Fille et la Cigarette (Folio), où l’administration américaine se retrouve en proie à un semblable imbroglio judiciaire : un condamné à mort a droit à une dernière cigarette avant de passer à la chaise électrique. Mais cela contrevient aux lois sur la santé publique et n’est pas bon pour la sienne. Quant à ceux qui sont chargés de l’accompagner dans ses derniers moments, ils craignent pour leurs poumons - tabagisme passif oblige. Que faire ?
Mais on peut aussi pleurer devant une administration organisant elle-même sa propre impuissance. Ou quand le serpent se mord la queue tout en marchant sur la tête.
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25 commentaires
Ayéééé eurêka je viens de comprendre en lisant cet article pourquoi la peine de mort a été abolie en France en 198. Il était temps. Beh oui c’est le coup de la dernière cigarette, comme la loi Evin est venue après, le condamné y avait droit sans souci mais du coup on ne pouvait pas l’exécuter car on allait nuire à la santé des bourreaux. Bref un vilain trou juridique réglé par la suppression de la peine de mort et du coup plus besoin de clope…. J’ai raté une vocation de préfet,là….
J’espère que la Mairie de Marseille a accepté son mariage « d’Amour »!
Nos élus des 2 assemblées , la haute fonction publique et nos gouvernements ont laissé se dégrader notre législation.
Pan Intérêt, par lâcheté, par incompétence.
Halte là… dehors !!!!
Rien de surprenant après cette mésaventure burlesque que des maires jettent l’éponge !!!!
Il faudrait beaucoup de maires comme lui.
La très grande majorité des élus Français sont fonctionnaires. Ils raisonnent donc en fonctionnaires. Plus il y a de lois, de règlements, de normes et tutti quanti et plus ils sont surs de ne jamais manquer de travail. Que ces lois se contredisent et/ou n’aient absolument aucun sens n’est pas le sujet. Le sujet c’est de pouvoir justifier leur emploi.
Il y a, là, beaucoup de vrai !