Un ministre félicite Elon Musk : affolement à gauche

ELON MUSK

Le vent tourne en France, un vent libéral qu’on n’avait pas ressenti peut-être depuis le ministre Guizot (1787-1874) sous Louis-Philippe, celui de son « Enrichissez-vous ! » Provocation suprême dans ce pays, un ministre français de la Fonction publique vient de saluer le turbulent Elon Musk, tout juste nommé par Donald Trump à la tête du fameux ministère de l’« Efficacité gouvernementale », destiné à « démanteler la bureaucratie » : « Félicitations pour avoir accepté ce grand défi Elon Musk ! J'ai hâte de partager les meilleures pratiques pour lutter contre la bureaucratie excessive, réduire les formalités administratives et repenser les organisations publiques au profit de l'efficacité des fonctionnaires », écrit Guillaume Kasbarian. Il est vrai qu'on a vu plus hostile... Une étincelle de lucidité dans un océan de coûts étatiques ? Pas vraiment !

Un trumpiste au gouvernement !

Pour Libération, c’est simple : « Il y a un trumpiste dans le gouvernement. » Le mot rappelle irrésistiblement la réunion des bonnets pointus dans Tintin Les Cigares du pharaon lorsque le chef lance : « Il y a un traître parmi nous ! »

Le vent est mauvais. « Certes, le retour au pouvoir du républicain américain d’extrême droite, qui laisse craindre une dérive fasciste des États-Unis, a de quoi inquiéter, admet Libé. Mais aller jusqu’à nommer le milliardaire Elon Musk dans son futur gouvernement en le chargeant de "démanteler la bureaucratie gouvernementale" américaine ? », interroge le quotidien. Tout de même ! dirait la chaisière. Toutes les limites de la gauche française sont franchies, écrasées. Le Nouvel Obs manque d’air.

Il reste à la gauche française une ressource dont elle dispose à profusion : l’indignation. Le sénateur PCF Pierre Ouzoulias voit rouge : « Libertariens de tous les pays, unissez-vous ! En félicitant Elon Musk, Guillaume Kasbarian montre son vrai visage : celui du trumpisme, agent de la privatisation du monde et la dilution de l'intérêt général. » Grrr ! Aurélien Rousseau, député socialiste des Yvelines et ancien ministre de la Santé, s’étrangle : « On en est à féliciter Elon Musk ? Non, vraiment, ce n’est pas possible. Une ligne de plus est franchie. » Le syndicat d'enseignants FSU menace d'une « mobilisation » définitive contre « un ministre d'une brutalité inouïe, anti-fonctionnaires ». Haro ! « On pensait que le trumpisme en France se limitait à l’extrême droite : on se trompait. Nous avons Kasbarian, le Elon Musk français sans l’électricité », raille en écho le patron du PS Olivier Faure, dans un irrésistible mot d'esprit.

« Elon Musk n’est pas une inspiration pour le gouvernement », tente de rassurer Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement. Peine perdue.

La tronçonneuse de Milei

Au fond, les réactions de gauche sont révélatrices d’un système de pensée qui intoxique le pays depuis des décennies : le ministre de la Fonction publique n’est pas là pour travailler au bien de la France et des Français ni même de l'administration mais bien pour défendre, quoi qu’il en coûte, le bien-être de ceux qui relèvent de son ministère. Tant pis pour les autres. Chez nous, on note les performances d'un ministre sur la hausse de son budget et les avantages acquis pour ses seuls administrés : il joue le rôle d’un syndicat de fonctionnaires, d’un lobbyiste ou d’un avocat stipendié. Dans ce système, qui veille sur l’intérêt de tous les Français ? Qui cherche à éviter l’obésité d’un pays suradministré, surendetté, à l’inefficacité dramatique, mille fois chiffrée et documentée ? Le ministre des Finances ? Le Conseil d’État ? L’opposition ? Réponse : personne.

Aux États-Unis, cet esprit de caste destructeur bute en effet désormais sur le tandem Trump-Musk, axé sur l’intérêt général. L’Argentin Xavier Milei et sa tronçonneuse anti-fonctionnaires tracent la voie. La France, pays le plus taxé de l’OCDE, bien plus engorgé de rigidités administratives et de subventions destructrices que l’Amérique de Biden, offre aux tronçonneuses libérales une immense friche de taxes et de complexités administratives. Reste à savoir qui utilisera l’engin. Kasbarian et le gouvernement Barnier sont-ils armés des outils et de la volonté nécessaires ? On a des doutes, de très gros doutes.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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