Un modèle pour la France ? Quand la Colombie gagne la guerre contre ses trafiquants de drogue
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Quand on veut, on peut. En matière de lutte contre le trafic de drogue, les responsables politiques et candidats à l’Élysée pourraient s’inspirer de l’audacieux coup de main mené sans états d’âme, ces derniers jours, en Colombie même, contre le plus puissant réseau de trafiquants. Un modèle pour mettre au pas la France des quartiers, gangrenée par le trafic de drogue ?
Vendredi 22 octobre, une nuée de 22 hélicoptères survolent la jungle du département d’Urabá, en Colombie ; au sol, 500 militaires sont en pleine traque. Le gibier ? Dairo Antonio Úsuga David, dit « Otoniel ». Au bout de plusieurs heures, le chef de la colonne ressort de la forêt. Derrière lui, un homme ligoté : c’est Otoniel.
Ce dimanche, Iván Duque Márquez, président de la République depuis août 2018 (photo), s’est adressé, radieux, à la nation colombienne. Il a salué cette victoire tout en remerciant du travail fourni son ministre de la Défense Diego Molano Vega, qui a personnellement supervisé l’opération de capture depuis son bureau de Bogota.
La fratrie Úsuga, représentée par Juan et Dairo, est responsable de la plus grande vague de violence dans le pays depuis la reddition des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) en 2016. Ces anciens guérilleros, d’abord marxistes puis nationalistes, décident de se reconvertir dans le narcotrafic à la suite de la démobilisation des milices nationalistes, en 2006.Ils choisissent d’installer leur organisation dans le département dont ils sont originaires : l’Urabá, au nord de la capitale Medellin.
Personnages violents et charismatiques, ils s’entourent d’une petite armée. Pour se donner une allure respectable, ils dotent leur organisation d’un drapeau et d’un nom, le Cartel du Golfe, en référence au golfe d’Urabá. Très vite, leur drapeau flotte au-dessus des zones rurales et périurbaines du département. L’armée colombienne est forcée de réagir et déclare la guerre aux frères Úsuga. L’affrontement fait rage dans tout le département : embuscades, fusillades et assassinats font partie de la vie quotidienne de l’Urabá pendant six longues années.
Le 1er janvier 2012, un groupe de soldats colombiens lance un raid audacieux contre la cache de Juan de Dios Úsuga, dit « Giovanni ». Ce dernier est tué durant l’opération.
La place de chef revient alors à son petit frère Dairo qui, ivre de vengeance, déclare que « tout homme qui tuera un soldat ou un policier dans la région de l’Antioquia recevra 1.000 dollars ». L’hécatombe commence pour l’armée dans cette région comprenant l’Urabá et deux autres départements. Cette vague d’assassinats rappelle à la population colombienne les méthodes du Cartel de Medellin. Malgré les pertes en hommes, l’armée et la police arrivent à pousser Dairo et ses hommes à fuir dans la jungle. Il y restera terré neuf ans avec sa garde prétorienne, communiquant avec le monde extérieur grâce à des coursiers. Cinq millions de dollars avaient été promis à quiconque aiderait à sa capture.
Avec la prise de Juan de Dios Úsuga, le président Iván Duque Márquez envoie un message fort aux narcotrafiquants : même s’il se crée de nouveaux cartels semblables à celui de Medellín, ils subiront le même sort que leur modèle et seront impitoyablement détruits. La volonté politique de la Colombie a eu raison des zones de non-droit. Moralité : quand on veut, on peut. La France attend toujours, elle, cette volonté politique. Otoniel devait, prochainement, être extradé aux États-Unis, où son gang trafiquait de la cocaïne.
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