Un policier vauclusien : « Assez d’hommages, de bougies, de marches blanches ou de tweets. Maintenant, il faut des actes »

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A. est policier depuis 20 ans et exerce dans une ville du Vaucluse depuis plusieurs années. Au lendemain de l'assassinat de son collègue Éric Masson, il exprime la peur qu'il ressent au quotidien et sa lassitude.

Le 5 mai, à Avignon, un nouveau drame est venu frapper notre famille Police. Un drame qui nous fait imaginer la France de demain.

Aujourd’hui, beaucoup de policiers se sont réveillés avec la boule au ventre en imaginant un nouveau drame du quotidien qui viendrait frapper à nouveau la famille Police.

Une boule au ventre me dévore de l’intérieur. Quel est donc ce mal que je n'arrive pas à soigner ? C’est cette peur au quotidien de faire mon travail et de bien de le faire. Peur du dérapage. Peur du sentiment du travail non accompli. Cette peur qui me tiraille et qui tiraille tous mes collègues policiers ou gendarmes.

Faire et défaire, et pourquoi ? Voilà notre sentiment. À quoi bon ! Faisons, défaisons, refaisons. Le triste sort des forces de l’ordre en France, rompues à l’obéissance sans discuter.

Oui, le policier est le garant des institutions ! Oui, le policier est le gardien de la paix et non un soldat, comme peut l’exprimer le ministre de l’Intérieur en parlant de « guerre ».

Aujourd’hui, le gardien de la paix, le gendarme et le policier municipal peuvent tomber sous les coups d’un djihadiste « ordinaire » voulant l’égorger, d’un voyou « ordinaire » voulant le tuer ou d’un fou « ordinaire » voulant le brûler. Voilà la vie d’un policier ordinaire, aujourd’hui, en France. Cette case de fait divers ordinaire qu’une certaine presse voudrait mettre cet assassinat pas si ordinaire.

La vie de mon collègue Éric Masson s'est arrêtée sous les balles d'un voyou.

La tragédie d’Avignon reflète la société d’aujourd’hui devenue de plus en plus violente. Une partie de la société rejetant toutes les institutions de la République.

Le délitement est en route… Le venin de la haine commence à se répandre dans notre société. Qui pourra guérir la France ?

Assez d'hommages, de bougies, de marches blanches ou de tweets. Maintenant, il faut des actes.

Le 5 mai, nous commémorions le bicentenaire de Napoléon qui a fait grandir la France. J’attends avec impatience celui ou celle qui fera renaître et rayonner la France, notre France.

À quelques jours de la table ronde du Beauvau de la sécurité, les syndicats policiers décident de suspendre leur participation.

Qu’attendent nos gouvernants ? Un nouveau drame sur le sol de France ? Une tuerie à l’américaine ? Cette guerre invisible qui détruit notre société. Nous sommes bien loin des paroles du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, le 26 août 2020, sur l’action de police à Grenoble, quartier Mistral, qui tweetait : « Merci aux effectifs mobilisés pour imposer l'ordre républicain, le seul qui protège. Aucun doute ne doit subsister: l’État s’imposera face à l’ensauvagement d’une minorité de la société. »

Et le plus étrange, dans tout cela... lorsque l’auteur ou les auteurs présumés, ayant froidement abattu mon collègue à bout pourtant, seront interpellés et jugés, j'espère que la « bouffée délirante » n’apparaîtra pas comme circonstance atténuante au discernement.

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