Un Président ne devrait pas parler ainsi

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La parole présidentielle va crescendo dans le mépris des Français et des journalistes à qui, pourtant, Emmanuel Macron doit de ne pas être retourné chez Rothschild ou ailleurs.

Se refusant à faire une déclaration télévisée dont il est cependant friand, il a choisi de s'exprimer à l'extérieur de son Olympe, espérant ainsi clore l'affaire Benalla devenue, de fait, l'affaire Macron. Avec l'effet inverse de ce qu'il espérait, puisque ces deux prises de parole ont plutôt relancé la polémique.

D'abord à la Maison de l'Amérique latine où son clan d'En Marche ! dont il semble toujours être le président, fêtait la fin de la session parlementaire. Devant ses fidèles lieutenants, il s'est fait menaçant, en lançant un incompréhensible et énigmatique "Qu'ils viennent me chercher !", après avoir confessé, en riant (jaune ?) que Benalla n'était pas son amant. Puis, le lendemain, à Bagnères-de-Bigorre, il nous en a remis une couche. Décontracté, en bras de chemise (et pourquoi pas en short), il a répondu aux micros tendus par une galéjade. On l'a senti agressif, désabusé et, en tout cas, moqueur. "Tout le monde doit garder son calme. Je suis avec les gens, on est heureux et tout va bien." Oui, tout va très bien, Monsieur le Marquis, sauf que 59 % des Français considèrent être confrontés à une affaire d'État.

"On est heureux et tout va bien." Pas partout, semble-t-il ! À l'Assemblée nationale, notamment. Ainsi, le député LR Guillaume Larrivé, co-rapporteur de la commission parlementaire, n'a pas hésité à accuser le chef de l’État de donner des ordres à la présidente de ladite commission, la pasionaria LREM Yaël Braun-Pivet, pour étouffer la vérité, tout en se félicitant que le Sénat, lui, puisse poursuivre, en toute liberté, les auditions des principaux intéressés de ce scandale que Macron considère comme inexistant. Avec arrogance, Emmanuel Macron a, d'ailleurs, accusé la presse de vouloir du sang et des larmes au cours de l'été. "La chaleur et la fatigue. Il y a beaucoup de gens qui ont perdu la raison, qui disent beaucoup de choses fausses, sur la base de rumeurs de fausses informations." Sous-entendu que lui seul détient la vérité vraie. Cette vérité que ladite présidente de cette malheureuse commission, aujourd'hui en état d'avortement avancé, est chargée de faire entrer au pied de biche dans le rapport final qui devra être rédigé.

Eh oui, et comme le dit lui-même M. Macron, ça ne marche pas comme ça. Et malgré son jeune âge et son manque d'expérience politique, il n'est pas possible que le Président s'exprime avec autant de grossièreté et d'impertinence dès lors qu'il est pris en flagrant délit de mensonge. Car chaque fois qu'il affirme « c'est faux », il est prouvé, grâce à ces auditions parlementaires, que « c'est vrai ».

Il pensait peut-être que le feuilleton de l'été n'aurait pas de deuxième saison. Grâce à la presse, qui semble avoir retrouvé sa raison d'être, et à une opposition offensive, les Français sauront peut-être bientôt ce que cache l’Élysée.

Floris de Bonneville
Floris de Bonneville
Journaliste - Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma

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