Un p’tit truc en plus : carton en province mais boudé à Paris

Un p'tit truc en plus Artus

Six semaines d’exploitation et la barre des six millions de spectateurs déjà dépassée. Le film Un p’tit truc en plus est déjà le plus gros succès de l’année 2024 en France. Cette comédie, réalisée par l’humoriste Artus, met en scène une colonie de vacances pour jeunes adultes en situation de handicap, infiltrée par un braqueur et son fils en fuite. À l’affiche, des acteurs chevronnés, tels que Artus et Clovis Cornillac, mais surtout onze acteurs handicapés qui font de ce film une œuvre joyeuse et colorée. Le film, qui devrait prochainement atteindre les dix millions d’entrées, cartonne partout en France sauf… à Paris. Nouveau symbole d’une déconnexion de la capitale.

Moins de 10 % des entrées à Paris

6,6 millions d’entrées. Un record pour un film français, notamment depuis le Covid, auquel Artus et ses équipes ne s’attendaient sans doute pas. Et pour cause : le projet a été difficile à financer. Les sociétés de production refusaient d’investir dans un film qui donne les premiers rôles à des acteurs en situation de handicap. Mais, porté par les réseaux sociaux - la montée des marches par l’équipe du film reste sans doute l’image la plus partagée du Festival de Cannes -, Un p’tit truc en plus rencontre un large public. Et force est de constater que ces spectateurs sont davantage provinciaux que parisiens.

Quatre semaines après sa sortie dans les salles obscures, alors que la comédie rassemblait déjà 4,5 millions de spectateurs, l’émission Zoom Zoom Zen, sur France Inter révélait que seuls 2 % des entrées étaient alors réalisés à Paris. Du jamais-vu dans de telles proportions ! Deux semaines plus tard, les chiffres parisiens restent bas. Sur les 6,6 millions d’entrées, moins de 10 % ont été comptabilisés en région parisienne ! Le sujet du handicap porté par des personnes elles-mêmes handicapées désintéresse-t-il les Parisiens ? Les habitants de la capitale préfèrent-ils un film d’auteur à une comédie joyeuse ? Ce film est-il tout simplement trop populaire ? Aucune réponse précise ne peut être apportée.

Des Parisiens coutumiers du fait

Toujours est-il que si ces chiffres restent exceptionnels pour une comédie avec un tel succès, d’autres films ont également été boudés par les Parisiens. On peut, notamment, penser au drame Au nom de la terre (2019), réalisé par Édouard Bergeon avec Guillaume Canet, qui raconte les difficultés d’un agriculteur sur son exploitation. Un véritable succès en salles (2 millions d’entrées), mais dont seuls 5 % des entrées sont faits à Paris et en région parisienne. De même pour L’École buissonnière (2017) de Nicolas Vannier. Ce film initiatique, avec tout de même François Cluzet ou encore François Berléand, qui raconte le parcours d’un jeune orphelin en Sologne entre chasse et tradition, n’a réalisé que 5 % de ses 2 millions d’entrées dans la capitale. On peut également citer les différentes adaptations de Belle et Sébastien, notamment celles réalisées en 2015 et 2022, qui ne réalisent que 6 % de leurs entrées en Île-de-France. À croire que les films sur la nature, les paysans ou encore les régions de France n’intéressent pas les Parisiens.

Paris privilégie le cinéma international 

Une étude de L’Express, réalisée en septembre 2023, démontrait, chiffres à l’appui, cette déconnexion de la capitale. En 2016, « le nombre de cartons provinciaux ignorés par Paris représentait 12 % du box-office ». Sept ans plus tard, ce chiffre grimpe à 23 %. Les journalistes de L’Express notent, par ailleurs, que si la province privilégie les films français, le public parisien préfère aller voir des films américains, coréens ou turcs, qui ne rencontrent pas un vif succès dans le reste du pays. Heureusement, quelques films, comme récemment Les Trois Mousquetaires, sorti en avril 2023, réussissent encore à réunir les Français !

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Nous sommes allés le voir hier soir et on s’est régalés ! On a rit tout au long et avons été émus par la fin du film. Mais nous sommes des ruraux qui aimons rire….quand on voit les tronches d’enterrement des Parigots dans le métro pas étonnant qu’ils n’aiment pas…!!

    • Aucun rapport avec le métro:vous n’avez rien compris à son environnement,où les gens se renferment face à toutes sollicitations indésirables.Non,ils ne vont pas sourire s’ils se font importuner…Ni dans leur bulle.

      Qu’est-ce qu’ils ne faut pas lire comme énormité au nom d’un anti -parisianisme primaire…Vous êtes provinciaux donc êtes parés de toutes vertus?C’est bien plus complexe que cela…

      Vous aimez rire aussi ,quand on trouve votre humour plouc?

  2. et oui! ils ne votent pas non plus comme la province! trop chic pour la France cette capitale!
    il fut dire qu’ils votent aussi pour Hidalgo… c’est tout dire!

    • Exact ! Quand on trouve Hidalgo compétente, c’est vraiment qu’on n’y connait rien !….. et qu’on a des goûts de chi…. !

    • Il faut dire que les régions ont élu toutes ces pastèques de Joanna Rolland à Nantes,Piolle à Nantes ,Barséghian à Strasbourg.

      Élu directement en plus,ces pastèques :car le système électoral inique de Paris Marseille Lyon n’a rien à voir avec .Hidalgo a fait 1%,et réélu avec l’abstention du COVID….

  3. A croire que les provinciaux, moins déconnectés que les parigots bobos, ont gardé le sens des vraies valeurs humanistes ? Quand certains protègent les moustiques, les surmulots et les délinquants, d’autres portent plus d’estime à nos frères humains, défavorisés souvent dès leur naissance, mais tellement aptes à nous enrichir par leurs qualités humaines incommensurables. Ces gens là méritent notre respect et notre amour par les magnifiques leçons de vie qu’ils nous offrent, sans rien demander en échange.

  4. Le divorce entre Paris et Provinces, entre Peuple et Bobos, est ainsi souligné dans un secteur industriel et ludique sinon artistique où le gauchisme règne en maître depuis la guerre et le cadeau de la Culture fait par De Gaulle au PCF.

  5. Les « parisiens » (entre autres), ce sont les mêmes qui veulent de l’électricité pour leur tablette (par exemple) et qui sont d’accord pour que l’on implante des éoliennes partout sans s’occuper des conséquences. Alors pensez donc allez voir un film qui sort un peu des sentiers battus et qui détend, ils sont tellement imbus de leur « supériorité » qu’ils sont comme les trois singes : aveugles, muets et sourds.

  6. J’ai passé un bon moment devant ce film qui m’a permis un moment de détente et d’émotion ; le public parisien le boude et ce n’est pas surprenant, pas assez woke, pas assez politique, pas assez gaucho…
    C’est pareil en politique, le vote parisien et des grandes villes est un vote bobo-écolo-gaucho… quoique les écolos soient en perte de vitesse dans les villes qu’ils détiennent !

  7. Je vais vous décevoir , j’aime beaucoup les films étrangers , surtout coréens et Turcs parce qu’ils dépassent souvent, par les thèmes traités , la futilité des productions françaises. Les films américains utilisent trop de les ficelles éculées à grand renfort d’effets spéciaux avec une touche d’invraisemblance woke . Mais je ne déteste pas les comédies françaises quand elles ne tombent pas dans les lieux communs et les clichés gauchistes de gens, qui, visiblement, ne rencontreront jamais les problèmes qu’ils traitent avec beaucoup de parti pris . Par cela, ces cineastes manquent totalement d’ouverture d’esprit, ce qui est un comble pour des gens de gauches qui se targuaient totalement du contraire, il n’y a pas si longtemps . La gauche française est en train de perdre son magistère moral mais aussi culturel .Elle se perd dans son entre soi qui se rétrécie de plus en plus à mesure que leurs fantasmes sont de moins en moins partagés par l’ imaginaire collectif qui est nourri de la réalité quotidienne, aussi .

    • Oui, le milieu parisien paraît bien décalé, hautain, gauchiste (c’est à dire fascisant), triste, pommé, insignifiant. Il va disparaître ainsi, le plus tôt sera le mieux.

  8. Lorsque vous dites Paris, c’est intra-muros, petite couronne, grande couronne, Ile-de-France, très grande couronne (avec Orléans, Chartres, Reims) ? C’est bien joli d’évoquer les proportions de spectateurs parisiens, mais s’ils sont équivalents à leur proportion dans la population française alors y’a rien de particulier, même si l’on sait que les parisiens vont davantage au cinéma. C’est plutôt les films davantage vus à Paris qu’il est intéressant d’étudier.

  9. Il y a qu’à voir le comportement des gens de la capitale lorsqu’ils sont dans nos campagnes. Je ne suis donc pas surpris !!

  10. Je ne pense pas que ce soit forcément une déconnexion de l’île de France avec le reste.

    L’offre de Paris et l’Île de France avec sa pléthore de cinémas d’art et d’essais,quand on y prend goût, éloigne des films grand public.Le choix altère forcément la donne,la sélection,les goûts …

    Est -on forcément snob ou déconnecté :quand on préfère un cinéma intellectuel à un énième film français des mêmes styles?Non,on a le droit d’être cultivé , sélectif.

    Je peux saluer la performance admirable des acteurs d’un petit truc en plus,l’humanité qui s’en dégage.

    Mais je préfère de loin un film étranger qui m’apprendra quelquechose,me dépaysera,fera pratiquer la version originale.Que d’être sommé d’aimer un film à succès à humour lourd en plus ,parce qu’il est français.Cela n’empêche point de défendre l’exception culturelle cinématographique française,et le monde rural…

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