Un p’tit truc en plus : quand la fiction devient réalité

@David Koskas
@David Koskas

« On savait qu’on avait un film pas trop mal et on espérait au moins un million d’entrées, mais ce succès-là, c’était imprévisible », s'étonne encore Artus, le réalisateur du film Un p'tit truc en plus, dans un entretien accordé au Parisien. De fait, avec 8,5 millions d’entrées, deux mois seulement après sa sortie, le film dépasse toutes les attentes, au point de devenir un phénomène de société. « On a peut-être prouvé que si on arrête de servir de la merde aux gens, ils vont au cinéma », estime-t-il. La barre des dix millions sera bientôt franchie. « Je m’étais fixé un palier : celui de battre le score du meilleur premier film, détenu par Les Choristes, avec 8,4 millions d’entrées. Le prochain, ce sont les 11,5 millions du Corniaud : cela nous ferait rentrer dans le Top 10 des plus gros succès au box-office pour une production française en France », ajoute le comédien.

 

 

Un engouement qui dépasse de loin les frontières de l’Hexagone, puisque la comédie mettant en scène de vraies personnes porteuses de handicap (à l'inverse de La Famille Bélier, joué uniquement par des acteurs valides) s’est retrouvée propulsée au septième rang du box-office mondial pendant cinq week-ends, s’est vendue dans une quinzaine de pays, a séduit les Belges et bat tous les records en Suisse francophone. Mais au-delà du succès cinématographique incontestable et mérité, la fiction est en passe de devenir réalité.

Les fruits de ce film

D’une part, le regard de la société sur le handicap serait en train de changer. Papa d'une petite Camille, porteuse de trisomie 21, âgée de 13 ans, Serge a vu le film et nous confie : « Je suis convaincu qu'il aura un impact réel sur la prise de conscience des gens. Ils se sont précipités pour aller le voir, tout le monde en parle. Ce sujet qui n'a rien d'anodin nous concerne tous directement ou indirectement. » Y aura-t-il un avant et un après ?

En tout cas, les comédiens, peu habitués à ce traitement de faveur, sont désormais arrêtés dans la rue pour des photos ou un autographe. Le titre du film est même « entré dans le langage, s'enthousiasme Artus. Il y a des gens qui me disent "Ma sœur a un p’tit truc en plus". » Le réalisateur raconte, par ailleurs, avoir été contacté par le père d’une fille porteuse de trisomie 21 lui annonçant que cette dernière a été « embauchée dans une boîte grâce aux enfants du patron qui avaient vu » le film. Mission accomplie pour celui qui espérait faire « changer un peu les mentalités » en proposant cette « cette petite bulle d’amour et de paix ».

Engagé dans l'association Trisomie 21, Serge abonde : « Si le film montre les difficultés, on voit aussi ce que ces personnes, peut-être moins efficaces dans le monde du travail ou à l'école, peuvent nous apporter, et on est peut-être là dans le vrai : elles ont un haut rendement d'humanité. À leur contact, les barrières tombent et on va directement à l'essentiel. »

Par ailleurs, le réalisateur souhaite poursuivre son engagement pour la cause et vient d’annoncer qu’il va lever des fonds pour créer des centres de vacances pour personnes handicapées et, précise-t-il, le détail revêt toute son importance : « De standing 5 étoiles : c’est pas parce qu’il y a des handicapés dedans qu’il faut que les lieux soient glauques. » Un leitmotiv, rappelons-le, pour celui qui avait à cœur que ses comédiens « soient stylés. [...] que ce soit un cocon, que la lumière soit chaude, que tout le gîte soit beau, que les plans soient beaux… Pour que tout le monde ait envie d’être avec eux. » Artus envisage donc d'ouvrir deux lieux, un à la mer et un à la montagne. « On les appellera sûrement "Un p’tit truc en plus". » « Pourquoi pas ? » nous répond Serge, que nous avons interrogé à ce sujet, mais qui nuance sa réponse : « Si c'est pour qu'ils se retrouvent à nouveau entre eux, à l'écart de la société, j'hésite. Mais si cette initiative peut permettre de vrais moments d'échange et créer des espaces de qualité avec des personnes bien portantes qui ont autant à recevoir à leur contact, alors, c'est une très bonne idée. » Et de conclure, plein d'espérance « J'ose imaginer qu'avec les rapports en vérité qu'il a noués avec ses acteurs, ça ira plutôt en ce sens là. »

 

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

7 commentaires

  1. Je n’ai pas vue le film et donc ne peut pas être critique a ce sujet. Entre 1981 et 1990 j’était chauffeur de bus et je transportais des jeunes handicaper et je peu vous dirent que j’en ai eu une expérience enrichissante. Bien sur les deux ou trois premier jours ils étaient muet (changement de chauffeur ) mais j’ai commencer a leur parler et ils se sont ouvert. Bien sur ils expriment leurs sentiment différemment mais n’allez pas croire qu’ils sont bêtes, ils sont même bien intelligent. Pour moi cela comme dit plus haut a été un enrichissement, ils portent très souvent un amour très fort quand ils vous connaissent.

  2. Je l’ai vu et suis dubitatif ! Il ne faudrait pas en revenir aux phénomènes de cirque du 19me siècle et au voyeurisme malsain.

  3. J’ai vu ce film, franchement il n’y a pas de quoi pavoiser, j’ai beaucoup de mal à comprendre ce qui est marrant et bien dans ce film, à part le fait de faire participer des handicapés au scénario. La salle était complète mais à la sortie beaucoup de déception autour de nous.

    • Étonnant, j’ai vécu une expérience à l’opposé et on va bientôt être très nombreux à avoir apprécié ce film !

  4. Ce film doit être bien détesté par Libé, le Monde, Médiapart, Schneidermann et les autres puisqu’il plait aux Français !

  5. Magnifique , extra , super , bravo et merci à toute l’équipe pour ce film qui a réveillé des consciences , qui montre que malgré un handicap ces gens ont du potentiel , de la volonté , la joie de vivre , des capacités . Merci également à tous ces gens qui dans la vraie vie encadrent avec patience et gentillesse ces personnes qui ont « un p’tit truc en plus  » .Et surtout quand un film est bon il remplit les salles , n’en déplaise à certains . Faut donc arrêter de financer le mauvais cinéma , ce n’est que de l’argent dilapidé et qui serait bien utile ailleurs . Argent qui pourrait aider à financer le projet du réalisateur : centre de vacances pour handicapés mais qui pourrait également acceuillir des enfants « normaux  » , mélanger ces enfants ne peut qu’être bénéfique à tous .

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