Un reportage révélateur de Quotidien : quand Libé cogite sur Le Pen

Capture d’écran © TMC
Capture d’écran © TMC

L'émission Quotidien a diffusé le 7 janvier un reportage sur la rédaction du journal Libération préparant sa une sur Le Pen. Il faut que vous le regardiez. C’est formidable. On voit Jean-Marie Le Pen sur la couverture du quotidien de gauche. La une est prête pour sa mort, il ne manque plus qu’un titre. La proposition initiale est « Sans pleurs ni couronne », et il faut bien reconnaître que non seulement ce n’est pas très  bon, mais qu’en plus, Libération étant connu pour ses titres particulièrement bien trouvés, il va falloir envoyer un peu la soudure.

La salle de rédaction est un symbole à elle seule. Grise et morne, apparemment sans fenêtre vers la lumière et la réalité, elle ressemble beaucoup à l’intérieur d’une boîte crânienne soviétique, période Andropov. Dedans, une grande table ovale, autour de laquelle sont assis des journalistes. Derrière cette table, d’autres journalistes, mais debout. Cette disposition rappellera aux plus anciens les tables de baccara des casinos de villes thermales. C’est qu’à Libé, il y a des préséances dans le droit à la parole, comme il y a des cercles concentriques dans l’Enfer de Dante. Bref, ça discute sévère. La photo, elle, ne bougera plus : on y voit King Jean-Marie, en majesté, sur une photo en noir et blanc. Dans un impeccable costard de mac, le bras posé sur son dobermann, il est nickel. Il y a des tentatives d’insultes qui sont des hommages involontaires : ainsi de ce cliché impérial.

Les idées fusent - et font long feu

Et maintenant, il faut un titre. Un boute-en-train propose : « Adieu, facho ». La rédaction rit aux éclats. Encouragé, le même trouve encore plus drôle : « Salut, raciste ». L’homme qui semble être le patron dit qu’il avait encore mieux, mais que… « Allez, vas-y », l’encourage-t-on tandis qu’il minaude pour la forme. Son idée : « Cette fois, c’est oui ». Murmure respectueux - immédiatement stoppé par une journaliste du deuxième rang (ceux qui n’ont pas de siège). « Banco debout », dirait-on dans James Bond. L’argument de cette femme est imparable : « Les fachos ne vont pas quitter le pouvoir - enfin, le pouvoir… » se reprend-elle, probablement dans un remugle de conscience professionnelle.

On sent que la rédaction est un peu mal à l’aise pour trouver un titre à la fois « sur [ses propres] valeurs », c’est-à-dire en disant que « c’était une ordure »… « mais faut pas non plus qu’on se réjouisse de la mort de quelqu’un ». Il y en a que ça n’a pas gêné, place de la République…On s’arrêtera finalement sur « Maréchal, le voilà », même si, en voix off, quelqu’un semble penser que peu de gens auront « la référence ». Tout ça pour ça. Comme le disait ironiquement Papacito, entre la photo et le titre, on dirait la couverture d’un magazine authentiquement fasciste.

Les « racisés » aux abonnés absents

Vous serez frappé, en voyant cette scène crépusculaire, par le côté puéril et tristoune de cette cour de rédaction, comme on dit cour de récréation. De vieux enfants, voilà ce qu’ils sont, passés directement des manifs antifas de prépubères aux sermons séniles de vieux bourgeois, sans avoir même eu le temps de s’habiller comme des grandes personnes. Et en plus, cerise albinos sur le gâteau hyperboréen : que des Blancs ! Pas un « racisé », alors qu’en France comme à l’étranger, l’électorat des partis dits populistes est on ne peut plus divers. On rigole bien, hein, entre soi, quand tout le monde a « les références » et « les valeurs » et qu’on n’a pas besoin de préciser lesquelles, parce que la consanguinité a valeur de mot de passe.

Picture of Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

Un commentaire

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois