Un sondage montre que la réforme des retraites fera exploser la majorité de Macron

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Une crise énergétique qui apporte chaque jour sa mauvaise nouvelle (après la pénurie et l'envolée des prix du gaz et de l'électricité se profilent celles du bois de chauffage), une inflation qui s'étend à tous les produits, une guerre aux portes de l'Europe, des projets d'implantation de migrants partout en France. C'est dans ce contexte particulièrement serein que le président de la République a choisi de relancer sa réforme des retraites, centrée sur le report de l'âge légal de 62 à 64, 65 ou 66 ans.

Il y a là une énigme politique et psychologique. Cherche-t-il une prise de risque maximale ? Peut-il se permettre une crise sociale qui viendrait s'ajouter aux autres et qui déboucherait immanquablement sur une crise politique ? La recherche-t-il ? Compte-t-il, au contraire, sur ces autres crises qui monopolisent l'attention des Français pour faire passer sa réforme facilement ? On voit difficilement, en tout cas, comment l'opération pourrait être sans dommage politique pour lui. Déjà, sa majorité, qui n'est plus que relative, ne le soutient plus unanimement : le MoDem de François Bayrou a récusé tout passage en force.

Et voici qu'un sondage de Cluster17 réalisé pour Le Point montre l'ampleur des dégâts politiques qu'entraînerait pour Emmanuel Macron cette réforme des retraites. Il perdrait en effet sur tous les fronts, celui des oppositions comme celui de sa majorité : « Non seulement celle-ci fédère les électorats de la gauche radicale et du RN, qui y sont nettement opposés, mais elle est de nature à diviser la coalition d'électeurs qui soutient jusqu'à maintenant le président de la République. »

Avant même que les contours de la réforme ne soient connus et une éventuelle mobilisation sociale, les chiffres ne sont pas bons, pour Emmanuel Macron : seuls 53 % de ses électeurs soutiennent cette réforme, la part de droite, libérale et centriste, du macronisme. Il ne trouverait de soutien que chez 49 % des électeurs de Valérie Pécresse. Très maigre appoint, si on se souvient de son résultat. De l'autre côté, les électeurs de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon sont très majoritairement hostiles à la réforme et une majorité d'entre eux souhaitent même un retour à 60 ans : 72 % chez Mélenchon, 44 % chez Le Pen.

Conséquence : le sondeur Cluster17 envisage la constitution d'un « arc contestataire » des oppositions et même la « fragmentation de l'électorat d'Emmanuel Macron ». On ne comprend toujours pas la stratégie présidentielle : heurter de front des Français déjà à cran en prenant le risque de réduire encore son étroite majorité ? Une façon de hâter la fin et de préparer la relève à l'intérieur de son camp, Édouard Philippe surgissant sur un cheval blanc prêté par François Bayrou pour éteindre le nouvel incendie allumé par un Président trop sûr de lui ?

Certains observateurs parlent d'une réforme qui est « déjà un échec », comme Éric Decouty dans La Charente libre, peu suspect d'anti-macronisme primaire, et reconnaissent que, même si elle était adoptée sans trop de remous, elle serait une réforme a minima, avec le seul critère de l'âge légal, laissant de côté la question des régimes spéciaux, de la pénibilité, des carrières longues.

Le coût politique semble donc bien réel pour le Président puisque l'alternative qui se dessine est assez simple : Macron va-t-il enterrer sa réforme des retraites (ou le contraire) ?

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

25 commentaires

  1. La question n’est pas celle de l’âge, mais celle de la durée de cotisation !
    Un ouvrier commence à 17/18 ans, un X/Enarque à 25/27 ans, Un Médecin à 28 ans !
    Je n’ose parler de la Pénibilité !!!
    Comparez !

  2. Mais avant de toucher à nos minables retraites qu’ils réforme les retraites de ces élus et surtout ex élus , qu’il traque la fraude jusque dans ces pays qui comptent un nombre incroyable de centenaires ..C’est lui qu’on va exploser si ça continue , faut l’éjecter au plus vite .

  3. Quel peut être le coût politique pour un Président qui démarre un deuxième et donc dernier mandat avec une majorité relative ? Aucun si ce n’est d’appliquer son programme délétère et … de survivre par sa capacité à communiquer sur tout et n’importe quoi !

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