Un tract explique comment bloquer un avion pour empêcher l’exécution d’une OQTF

S’opposer à une décision de justice d'OQTF est puni de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 18.000 euros.
Réagir en cas de déportation

Selon une révélation de Valeurs actuelles, des tracts ont été distribués, ce mardi 21 janvier au matin, aux abords des portes d’embarquement de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle. Ils ont été édités par un collectif pro-immigration « Crame ton CRA » (centre de rétention administrative). La teneur du tract : un guide pratique illustré, titré « Réagir en cas de déportation ». Le comportement à adopter pour s’opposer au départ d’étrangers sous OQTF (obligation de quitter le territoire français) y est disséqué en trois phases, toutes détaillées et illustrées. Premièrement, se manifester, puis s’opposer et, enfin, tenir bon. Un dernier encadré présente les gestes à éviter : ne pas parler avec la police ni avoir de gestes agressifs d'opposition. Le style se rapproche fortement des pictogrammes affichés dans toutes les écoles pour apprendre aux enfants à « réagir en cas d’attaque terroriste ». Le collectif, contacté par BV, n'a pas donné suite.

Cette distribution de tracts semble être une réponse à la politique de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, depuis le 21 septembre. Le locataire de la Place Beauvau s’illustre, depuis son arrivée au gouvernement, par une approche inflexible de l’immigration incontrôlée en France. Au 20 Heures de TF1, le 23 septembre, il avait fait part de son intention ferme de travailler main dans la main avec les préfets dans le but « d’expulser plus et régulariser moins ». Le 31 octobre, 41 migrants étaient expulsés dans un vol groupé vers l’Albanie, et ce, quelques jours après le renvoi de 23 immigrés géorgiens et d’une dizaine de personnes expulsées de Mayotte vers la République démocratique du Congo.

La méthode fonctionne, mais c'est un délit

La méthode pour s’opposer aux expulsions est simple : refuser de s’asseoir pour empêcher l’avion de décoller, rester indifférent aux sollicitations des forces de l’ordre, exprimer son désaccord sans céder une once de terrain. La préfecture déléguée aux aéroports parisiens, contactée par nos soins, n'a pas encore donné suite à nos sollicitations.

Ces méthodes ont déjà porté leurs fruits à plusieurs reprises. Le 26 juillet 2018, en Suède, Elin Ersson, étudiante et activiste d’un groupe « anti-déportation », était informée de l’expulsion d’un migrant afghan. Elle décida alors de monter dans le même vol afin d’en empêcher le décollage puis refusa de s’asseoir dans l’avion. Plusieurs personnes tentèrent de contrer son action. D'autres passagers, en revanche, applaudirent. Finalement, le migrant fut débarqué de l’avion. Plus récemment, le 28 juin dernier, Moussa Sacko, un Malien résidant en France sans titre de séjour valide et visé par deux OQTF a été embarqué dans un vol Paris-Bamako. Dans l’avion, de nombreux passagers se sont opposés à cette expulsion. Finalement, le départ de Moussa a été repoussé au 2 juillet, date à laquelle l’OQTF a bel et bien été exécutée. Dans l’avion, la PAF (police aux frontières) avait averti les passagers, séduits par l’idée de s’opposer à la décision de justice que constitue une OQTF, des sanctions auxquelles ils s’exposaient avec un tel comportement : « Le délit sera puni de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 18.000 euros. » À ce délit d’entrave s’ajoutent les délits d’outrage et de rébellion, passibles de six mois d’emprisonnement assortis d’une amende de 7.500 euros.

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Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

51 commentaires

  1. Ce tract explique et encourage des passagers à la désobéissance. Il y a des lois, ces personnes sont expulsées parce qu’illégales. Tout pays normal devrait gérer qui il décide d’accueillir. Ce collectif explique que les illégaux sont maintenus en CRA de façon arbitraire parce qu’ils n’ont pas les bons papiers. Ils parlent de déportation, c’est un terme très spécifique qui ne s’applique pas ici. Il faut porter plainte si possible. Heureusement que je n’ai pas eu ce tract, ils m’auraient entendue…

  2. Quelle réaction de l’Etat contre ce « collectif Crame ton Cra » ? Est-il financé par Soros ? Ou bien par le Secours Catholique, si prompt à prendre la défense des OQTF ? Il s’agit d’une entrave à une exécution de justice, donc passible d’une plainte et d’un jugement ! Pour d’autres manifestants, c’est la garde à vue, voire l’emprisonnement ou le bracelet électronique !

  3. Pas d’amende, ni de prison : déposer l’OQTF dans le salon de ces activistes avec l’obligation de prise en charge totale à leur frais durant TOUT leur séjour en France !
    En cas de refus : peine de prison et amende DOUBLEE et vraiment appliquées ! ! ! !
    Je suis à peu près certaine que les départs des avions se fera dans un grand calme.

  4. Mais où est la « déportation », terme rappelant trop les-heures-noires-de-notre-histoire, alors que l’OQTF appelle à un acte volontaire de la part de la personne qui en fait l’objet, et que quand ce devoir n’est pas rempli, cette personne devient contrevenante.

    • « Vous avez raison ». C’est ce que certains appellent la soumission voire la prostitution. C’est avec ce type, de raisonnement qu’on bâtit un pays fort.. Bravo.

  5. Mais quand va t on appliquer réellement les sanctions pour calmer ces « justiciers d’opérette » qui se feront oublier très vite

    • Oui mais certains vous rétorqueront que 135€ n’est pas dans les possibilités de tous. Sauf à allouer une aide au paiement des amendes.

    • Le problème c’est que Retailleau n’a pas beaucoup de marche de manœuvre, hélas, et en plus il est retoqué par certains ministres et procureurs et qu’enfin il n’a pas, mais pas du tout, le soutien du premier ministre dont la fermeté est à l’instar de son verbe, quelque peu … hésitante.

    • Non pas en prison car ils risqueraient de contaminer ou d’être contaminé encore plus. Mais leur infliger une peine de diffusion obligatoire à leurs frais pendant plusieurs mois de tracts, rédigés pas les services du Minint, illustrant le respect de nos valeurs, de nos obligations et de nos interdictions et rappelant qu’il ne saurait y avoir de droits sans devoirs.

  6. Il faut arrêter avec les expulsions par avion, c’est compliqué et ça coûte cher. Il y a un ferry pour Alger et pour Tunis chaque semaine de Marseille et un autre pour le Maroc depuis Sète. C’est facile de remplir les bateaux d’OQTF!

  7. croyez-vous sincèrement que les 18 000 € d’amende et les 5 ans d’emprisonnement seront effectifs ?? c’est juste pour rassurer le français !!

  8. « anti-déportation » ??? Ces agitateurs gauchistes jouent sur les mots. En Anglais « deportation » veut dire « expulsion ». J’imagine que gens le savent parfaitement et en jouent. C’est une insulte à tous les malheureux qui furent déportés par les nazis. Mettre sur le même pied d’égalité, par l’utilisation d’une sémantique dévoyée, les victimes de la Shoah et des racailles sous OQTF est d’une ignominie d’autant plus grande qu’elle se pratique de manière sournoise.

  9. Pour information les expulsions groupées sont faites sous l’égide du ministère de l’intérieur.
    Ils avaient achetés 2 avions convertibles Dash 8 canadiens .
    L’été bombardier d’eau et en hiver 18 places disponibles.
    Ce fût le cas pour les congolais expulsés de Mayotte ou les albanais.
    Dans ce cas ces vols n’étant pas public , ces collectifs de gauche ne peuvent rien faire.
    Concernant les vols commerciaux, les reconduites frontières, ces gens sont au maximum 2 par vols et le cas échéant encadré par des policiers.
    Ils sont embarqués discrètement avant tout le monde et placé au dernier rang .
    Les groupes activistes sont parfois au courant par les associations comme la cimade qui encadre ces expulsés.
    Ils connaissent alors la date du départ.
    La solution est de tenir la date de départ secrète.
    Retailleau désirerait écarter ces associations cimade du processus , et que l’état reprennent toute la gestion des
    explusables .
    Je rappel que l’eurodéputé Canfin en 2017 , alors au gouvernement hollande .
    s’était opposé au départ d’un vol , dont il était passager , un oqtf malien auteur d’un viol sur mineur.

    • Prendre Trump en CDD pendant 6 mois, seule solution efficace. La faiblesse de nos fromages est sidérante de complicité avec l’ennemi.

  10. Les passagers à qui l’on conseille de s’opposer à l’exécution d’une décision administrative, savent-ils ce qu’ils risquent? Opposition à fonction, l’OQTF sera peut-être débarqué de l’avion; mais eux aussi ! Pour être placé en garde à vue, pour commencer. Bye bye vacances ! Comment faire de la politique sur le dos des autres.

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