Un vétéran d’Al-Qaïda tué par l’armée française
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Florence Parly, ministre des Armées, a annoncé, vendredi 5 juin, la mort d’Abdelmalek Droukdal, tué par l’armée française au nord-ouest du Mali, non loin de la frontière algérienne. Il était le chef de l’organisation AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), ce redoutable mouvement terroriste que l’armée française combat maintenant depuis plusieurs années. Un nombre indéterminé de ses adjoints sont morts avec lui.
D’origine algérienne, Droukdal a mené une très longue lutte armée dans son pays d’origine. Organisateur de nombreux attentats, il était réputé pour ses qualités d’artificier et avait prêté allégeance à Oussama ben Laden en 2006. Traqué par l’armée algérienne qui reconquiert progressivement le sud du pays, Droukdal va profiter de l’émergence du djihad au Mali pour faire du Sahel le nouveau front islamiste.
Mais l’intervention de l’armée française, en 2013, va rebattre les cartes. De nombreux mouvements, plus ou moins stables, vont apparaître et concurrencer Droukdal. Les Touaregs et les Peuls, notamment, contestent la mainmise algérienne sur les combattants islamistes. L’apparition de l’EIGS (État islamique au Grand Sahara), en 2015, va encore renforcer la concurrence qui va déboucher sur de sanglants règlements de comptes entre islamistes.
Devant les progrès de l’État islamique (autrement dit Daech), la nébuleuse Al-Qaïda va réagir en créant le GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) et inverser la vapeur. Les combats qui se sont déroulés depuis janvier entre les deux groupes vont tourner en défaveur de l’État islamique, qui ne représente plus grand-chose aujourd’hui.
Au cours de cette compétition sans pitié, Droukdal a été relégué au second plan et semblait passer plus de temps caché en Algérie que combattant au Mali. Deux hommes l’ont supplanté : le Touareg Iyad Ag Ghali et le Peul Amadou Koufa.
Comment les Français ont-ils « logé » Droukdal, qui était en cavale depuis une bonne vingtaine d’années ? Selon Florence Parly, c’est le croisement de renseignements américains et français qui a permis l’opération. C’est possible, mais c’est peut-être un peu court. L’Algérie n’apparaît jamais officiellement dans les événements du Mali, mais elle suit de près la situation et y participe certainement. On ne peut exclure que ce soit elle qui, ayant repéré un des rares déplacements de Droukdal au Mali, l’ait « donné » aux Français.
Dans quel but, car il semble bien que le rôle de Droukdal était devenu secondaire, ce qui arrangeait bien Alger ? Depuis plusieurs semaines, la presse s’est fait l’écho de discussions entre les groupes islamistes touaregs et peuls avec le régime malien. Leur teneur n’est pas connue mais leur existence satisfait certainement Français et Algériens qui profiteraient, ainsi, de l’effacement de l’État islamique pour tenter des négociations avec de nouveaux interlocuteurs. Le retour de Droukdal au Mali aurait pu, ainsi, être perçu comme une menace par Ghali et Koufa.
Ainsi, Droukdal « était toujours l’émir des émirs, mais son isolement en Algérie lui était de plus en plus reproché », indique l’AFP à partir d’une source anonyme. Sa mort est donc, comme celle de Baghdadi en Syrie, plus symbolique qu’autre chose. Cela ne changera rien sur le terrain, mais les symboles ont leur force et c’est tout de même une victoire pour l’armée française.
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