Une chanson de Calogero jouée au meeting du RN : le chanteur s’indigne
4 minutes de lecture
C’était l’ultime meeting du Rassemblement national avant le scrutin européen du 9 juin prochain. Très attendue, cette réunion publique a eu lieu dimanche, au Dôme de Paris. Jordan Bardella s'y est adressé à quelque 5.000 sympathisants chauffés à blanc par la perspective d’une large victoire de leur camp, annoncée par tous les instituts de sondage depuis des mois. Au cours de ce rassemblement à l’ambiance festive, plusieurs chansons ont retenti dans le Palais des Sports. Il y a eu des titres d'ABBA, le tube Freed from Desire de Gala, l’inusable I Will Survive de Gloria Gaynor... Mais pour conclure son discours, c’est sur un autre morceau que le patron du RN a jeté son dévolu : 1987 de Calogero. Un choix qui a fait sortir de ses gonds le chanteur. « À aucun moment je n'ai donné une quelconque autorisation d'y diffuser ma musique. J'affirme que jamais je ne l'aurais donnée », a-t-il écrit sur Instagram, se déclarant « scandalisé » par un tel procédé. « Je me réserve le droit de donner toute suite judiciaire à cette affaire. »
Furieux, le chanteur Calogero qui se dit "scandalisé" par la diffusion de sa chanson "1987" lors du meeting du Rassemblement national au Dôme de Paris hier https://t.co/Haqi45Aieo
— Jean Marc Morandini (@morandiniblog) June 3, 2024
En commentaire de son message indigné, l’interprète de Face à la mer a reçu le plein soutien de ses fans. « L’extrême droite montre qu’elle fait du populisme », s’alarme Arnaud. « Votre public sait très bien que ce parti ne représente en rien vos valeurs », ajoute Katie. « Il faut à tout prix faire une plainte auprès du procureur de la république, car c'est une atteinte à tout ce que vous représentez et à nous, vos fans, qui vous aimons pour vos valeurs », abonde aussi Karine.
Une polémique instrumentalisée par l’extrême centre
Pour certains comptes macronistes un tantinet complotistes, le choix de cette chanson ne devrait rien au hasard. Il s’agirait, en réalité, d’un message subliminal envoyé aux franges les plus haineuses de notre société. « Pour rappel, 1987 est l’année ou Jean-Marie Le Pen parle pour la première fois du point de détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale, notent-ils, finement. Le naturel finit toujours par revenir ! » Belle déduction, Sherlock Holmes. Le RN a en effet tout intérêt à faire référence au « point de détail de l’histoire » à une semaine du premier tour de l’élection, c’est évident.
Le RN conclut donc son meeting sur une chanson « 1987 ».
Pour rappel, 1987 est l’année ou Jean-Marie Le Pen parle pour la première fois du « point de détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale ».
Le naturel finit toujours par revenir ! pic.twitter.com/WKnIgLWX90
— ❗️En Mode Macron ™️❗️ (@EnModeMacron) June 2, 2024
En réalité, cette chanson issue de l’album Liberté chérie (2017) est avant tout une ode à l’adolescence de l’artiste. Pour la plupart des Français, comme pour Jordan Bardella sans doute, elle évoque aussi une période plus heureuse de l’Histoire de France. Une époque révolue où les Français étaient en sécurité dans leur pays et où les mots « hijab », « abaya » et « kouffar » étaient encore inconnus du grand public.
La perspective de poursuites contre le RN ?
Si les partis politiques qui utilisent des musiques lors de leurs meetings paient bien des droits à la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique), ils n’en sont pas pour autant quittes du droit moral. Ils doivent, en effet, demander en amont la permission à un artiste ou ses ayants droit pour l'utilisation d'une œuvre, comme l’indique, à l’AFP, l’avocat Pierre Lautier, spécialisé en droit d'auteur. C’est peu ou prou la même chose aux États-Unis, où Donald Trump a subi les foudres de Rihanna, Phil Collins, Elton John ou encore Adele, après s’être servi de leurs chansons pendant ses meetings sans leur autorisation préalable.
À défaut de validation, les artistes sont en droit de demander des comptes aux partis indélicats en lançant une action en réparation pécuniaire devant un tribunal. Reste à voir, maintenant, jusqu’où Calogero décidera d’aller. S’il affirme s’opposer à ce que sa musique soit récupérée « par quelque parti que ce soit », on l’imagine mal s’indigner de la sorte indépendamment de l’appartenance politique du contrevenant. Aurait-il pareillement menacé de poursuites le camp présidentiel si, d’aventure, Valérie Hayer avait utilisé sa chanson ? Rien n’est moins sûr.
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
44 commentaires
demande t-il aux spectateurs qui viennent a ses concerts, ce qu’ils votent aux élections, et s’il vire les spectateurs après remboursement qui ont voté RN il devrait être surpris du peu de public restant. Il est comme P. Bruel qui ne veut plus chanter dans les municipalités qui ont un Maire RN, ça va vite devenir problématique
Calogero préfère certes diffuser ses chansons dans les quartiers d’ Echirolles , la délinquance est de rigueur et ses fans dansent tous les soirs sur des airs de rodéo. Encore un chanteur que je raye de mes tablettes.
Il oublie que certainement dans les plus de 40% de votant du RN il y en a qui ont acheté sa musique donc qu’il la ferme car il vit aussi de ces 40% de votant. Il fait honte mais vu qu’il est en perte de notoriété il veut faire le buzz
Encore un abruti qui voit là le moyen de faire parler de lui avant d’aller à la soupe populaire. Ils sont nombreux comme lui, trop nombreux à mon goût les profiteurs du système.
J’ai le souvenir d’une réaction d’Alain Bashung concernant l’utilisation sans son consentement d’une de ses chansons, de mémoire « osez Joséphine » par j m Charasse socialiste ministre du budget. A t’il été traité d’homme de droite pour autant, ne mélangeons pas tout ce n’était pas difficile de faire une demande avant d’utiliser cette chanson, en cas de refus il y a d’autres auteurs…
Si le public n’était pas là , ces artistes n’existeraient pas donc leurs oeuvres sont publiques , il n’y a que la bien pensance qui a droit .
Y a pas à tergiverser: pour moi, c’est une gaffe de la part des organisateurs du meeting; ce n’était pas difficile de demander l’autorisation de l’auteur, évitant ainsi ce fait divers, qui va évidemment gonfler grâce aux réseaux sociaux…
Y a pas à tergiverser, vous ne connaissez rien aux lois … est ce que chaque radio, magasins, quinzaine commerciale voir brocante de village demande aux auteurs ?? Non ils font une déclaration à la SACEM et payent les droits d’auteurs simplement un auteur ne peut pas interdire à quiconque l’irisation de ses chansons c’est dans le règlement de la SACEM…