Une chape maccarthyste de gauche sur les USA ?

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Joseph McCarthy a donné son nom à une époque sombre de l’Histoire des États-Unis : entre 1953 et 1954, la commission qu’il présidait a traqué d’éventuels sympathisants communistes. Plusieurs millions d’Américains furent soumis à des enquêtes judiciaires et policières et beaucoup perdirent leurs emplois sur de simples soupçons ou des racontars. De nombreux artistes furent placés sur des listes noires et furent interdits de travailler. Mais en s’attaquant à l’armée, McCarthy alla trop loin et le Sénat finit par lui adresser, en 1954, un blâme par 67 voix contre 22.

Une chape de plomb de même type que le maccarthysme n'est-elle pas sur le point de s’abattre sur les USA ? Ceux qui vont être traqués ne seront pas des prétendus communistes mais des partisans de Trump. Le fameux magazine économique Forbes vient de publier un article qui discrédite à jamais la direction de ce journal. En effet, Forbes a dressé une liste de cinq anciens conseillers de Donald Trump et menace les entreprises qui oseraient embaucher l’un d’entre eux. Elles seraient alors considérées par Forbes comme une source de désinformation. Leurs communiqués seront examinés sous un œil critique, décortiqués pour en traquer de prétendus mensonges, ce qui, forcément, nuirait fortement à ces sociétés. On ne peut être qu'effaré que de telles menaces puissent être proférées, sans impunité, et qu’elles ne suscitent aucune réaction si ce n’est celle de la droite. Si ces personnes citées nommément ont commis des délits ou des crimes, qu’on les mette en examen et qu’elles aient droit à un procès équitable. En aucun cas un magazine ne peut prononcer une sanction à la place des juges.

Cet article de Forbes n’est que la partie émergée d’une vague de puritanisme de gauche qui s’abat sur les États-Unis. La représentante de gauche Alexandria Ocasio-Cortez (AOC) veut faire destituer le sénateur républicain Ted Cruz. Des militants appellent à priver les partisans de Trump de travail. Quand on voit avec quelle hargne sont poursuivis des universitaires ou des écrivains pour avoir émis des avis jugés non conformes à la doxa bien-pensante, on peut craindre le pire. Va-t-on voir des Américains privés de tout moyen de subsistance du fait de leurs opinions conservatrices ? On se croirait revenu au temps sinistre de l’Union soviétique et de ses satellites.

Twitter et Facebook ont pris la décision inouïe de bannir de leurs réseaux le président Trump, s’érigeant en dépositaires de la morale publique alors qu’elles ne sont que des entreprises privées. Des millions d’Américains basculant, en réaction, sur le réseau Parler fondé en 2018, Amazon, qui abritait les serveurs de Parler, va clore le compte de Parler, tandis qu’Apple et Google ont chassé ce nouveau réseau social de leurs applications, rendant difficile son accès. Cette discrimination scandaleuse ne repose que sur le ressenti des bien-pensants. La démocratie est foulée aux pieds.

Le monde de demain fait peur : on veut rééduquer les citoyens, réformer leurs pensées par le biais de réseaux sociaux et de médias purgés de toute opinion dissidente.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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