Une de Libération : faux bébé, vraie désinformation ?

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Vingt-quatre heures, seulement, après avoir relayé sans précaution l'information selon laquelle Israël aurait bombardé un hôpital gazaoui, Libération, le journal de la gauche radicale parisienne, est attrapé la main dans le sac de la désinformation. Cette fois, c’est pour avoir publié à sa une du 19 octobre une photo mensongère. On y voit un manifestant en colère brandir la photo d’un bébé en larmes sous les gravats sous le titre « Proche-Orient : Le spectre de l’embrasement ».

Sauf que, comme l’ont noté certains internautes attentifs, cet enfant n’a rien à voir avec l’explosion survenue le 17 octobre à Gaza : le même cliché avait déjà été brandi par d’autres manifestants au début du mois de février 2023, à la suite d’un tremblement de terre sanglant en Turquie. Mieux : le bébé en question n’a jamais existé, puisqu’il s’agit en réalité d’une image générée par l’intelligence artificielle !

L'intelligence artificielle au secours du mensonge réel

Sous les quolibets de ses lecteurs, le directeur de la publication du journal est resté droit dans ses bottes : « Beaucoup des pancartes brandies dans les manifestations du 17 octobre étaient en effet générées par IA, qui devient ces derniers mois le socle artistique de protestations […], explique-t-il sous la rubrique « Check News » de son propre journal titrée : Libé s’est-il rendu coupable d’une « fake news » en publiant la vraie photo d’un homme brandissant une image générée par IA ? Certains suggèrent que la vérification de ces pancartes devrait être la mission des services de fact-checking des journaux ou de l’agence photographique, poursuit Dov Alfon. Cela me semble être une bien mauvaise utilisation de nos ressources. » Traduction : vérifier nos infos, c’est bien, mais on n’a pas que ça à faire. Le patron de Libération admet, à la rigueur, qu’il aurait « probablement » fallu préciser qu’il s’agissait là d’une fausse image, mais bon, pas de quoi fouetter un chat... Une ligne de défense étonnante pour un média dont le service de « fact-checking » s’honore de traquer partout la moindre inexactitude, la moindre entorse avec la Vérité vraie.

Cet épisode - qui discrédite une nouvelle fois la presse bien-pensante mais porte également atteinte à l’ensemble de la profession – doit être replacé dans son contexte : celui du conflit israélo-palestinien. Sur le sujet, Libération a clairement choisi son camp et traite les informations à travers un prisme idéologique qui ne s’embarrasse ni de réflexion ni de prudence. Chaque récit accréditant sa vision du monde est accueilli comme parole d’évangile et peut dès lors être publié. C’est ce qu’on appelle le biais de confirmation.

 

Comment, sinon, expliquer l’empressement avec lequel le quotidien relaie les communiqués de presse du Hamas, organisation terroriste dont l’impartialité laisse pourtant à désirer ? « Au moins 200 morts à Gaza après un raid israélien sur un hôpital », alerte Libération, le soir du 17 octobre, dans un tweet supprimé peu après. On sait désormais que le nombre de victimes est largement inférieur à ce qui avait été annoncé, que ce n’est pas l’hôpital mais son parking qui a été touché et que les premiers éléments d'enquête incriminent, en réalité, une roquette lancée depuis Gaza, mais le mal est fait. La rue arabe s’est déchaînée, les synagogues ont brûlé, des « Allah Akbar ! » ont été scandés en plein Paris. Et si c’était cela, que Libération souhaitait ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/09/2024 à 9:13.
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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

37 commentaires

  1. « Cet épisode – qui discrédite une nouvelle fois la presse bien-pensante… »
    Pourquoi « une nouvelle fois » ? Cette presse là s’est depuis longtemps déjà discréditée. Et le crédit, ça n’est pas quelque-chose que l’on retrouve automatiquement dès que l’on fait une pause dans le mensonge, le délire ou la mauvaise foi. Encore une fois, Libé ne sert plus qu’à des confrères qui trouvent dans ses publications matière à faire du contenu en raillant ses positions délirantes et ses outrances.

  2. Bah, en 1979, l’Aberration se réjouissait de la victoire de Khomeiny sous la plume de July et de Kravetz.

  3. Comment, par ces temps de disette, peut-on encore dépenser inutilement son argent en achetant ce torchon ?

  4. Le choc des photos: les choses ont bien changé. De fausses informations volontairement divulguées dans des journaux, il est vrai, peu diffusés devrait faire l’obget de dépôt de plaintes

  5. Ces journaux sont dans la même ligne que la propagande développée par le nazisme naissant des années trente. Désinformation , propagande, manipulations. A l’époque, rien ne permettait de vérifier, de contrer. Aujourd’hui, les internautes veillent, se prennent au jeu . Le seul avantage de ces journaux, avoir un pas d’avance ce qui leur permet de nuire . La réglementation n’est pas encore adaptée à ce type d’expression, de manipulations. L’excuse permet encore à ces journaux d’agir sans conséquences. Mais ils sont sous surveillance étroite.

  6. Même Cohen, celui de la TV, vous savez le mec qui prend ses invité de haut avec ses airs de « Monsieur-bobo-gaucho-j’sais-tout-mieux-que-tout-le-monde », à reconnu images à l’appui que c’était bidon, de la pure désinformation.
    Mais pas à Libé, non, non, ils finiront bien par vous dire : « oui mais ça peut arriver ».
    Libé, plus de subventions que de lecteurs.

  7. Nos médias maintream connaissant le peu de fiabilité des informations feraient mieux d’être plus scrupuleuses quand a la vérité des faits. Mais leur but n’est il pas de détruire la France en véhiculant ces infos.

  8. Très peut de gens on oublié lors des interventions militaires contre la Serbie l’image qui se déroulait en plein hivers alors que les arbres étaient en feuilles où encore la vidéo d’une attaque chimique soi disant Syrienne contre la population monté de bout en bout avec des enfants qu’en fin de vidéo des paquets de gâteaux sec leur avaient été distribués en remercient de leur participation avant qu’ils rentrent tout joyeux chez eux. Tout les moyens sont permis en guerre même l’inacceptable libé en fait parti.

  9. Il faut être clair et choisir son camp ce qui rendra plus intelligibles vos commentaires. La mauvaise foi est tout autant à droite qu’à gauche.

  10. « Libération » ajoute délibérément de la confusion dans les informations et se décrédibilise sans que ça ne les gêne particulièrement.

    Faudra-t-il un jour créer un observatoire indépendant afin de vérifier les informations des médias et d’aligner les subventions sur la qualité de ces informations ?

  11. Poursuivre ce journal pour incitation à la haine et ne plus accepter qu’il touche des subventions prélevées sur nos impôts .Inadmissible qu’une telle presse soit soutenu par le gouvernemnt .

  12. Messieurs Dames nos gouvernants les subventions à cet outil de propagande gauchistes , il va mourrir car il n’a plus aucun lecteur

  13. encore une fois « libé » pris la main dans le sac de la désinformation, sur le tir de roquette, pour quelqu’un qui réfléchi un peu, une roquette de fabrication militaire aurait ouvert le sol et les voitures ne seraient pas restées bien alignées dans le parking comme chez nous après les émeutes, seule l’info du hamas est relayée polluant ainsi les raisonnements des uns et des autres, tout comme pour l’Ukraine seule l’info ukrainienne circule.

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