Une école musulmane dans le viseur des autorités : ils dénoncent un acharnement

@Chaichaio/Wikimedia commons
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« L’acharnement contre les écoles privées musulmanes continue. » Vraiment ? Ce 3 décembre, la communauté musulmane du Rhône était en proie à une grande agitation. En cause, une lettre de convocation à une commission académique de concertation envoyée par la préfecture au groupe scolaire Al-Kindi, dernier établissement de confession musulmane sous contrat avec l’État. Cette réunion, qui a pour objectif de discuter les contrats passés entre l’État et l’école, doit se tenir le 12 décembre prochain, nous confirme la préfecture du Rhône, contactée par BV. Cela fait suite à plusieurs rapports d’inspection. Craignant de voir leur contrat d’association remis en cause, l’école de Décines-Charpieu (Rhône) et ses alliés dénoncent une injustice et appellent à se mobiliser.

Mobilisation à venir 

« La procédure est en cours, nous ne pouvons pas en dire davantage. Nous communiquerons sûrement ultérieurement. » Contactée par BV, la préfecture du Rhône ne peut ni infirmer ni confirmer les rumeurs sur une prochaine résiliation du contrat qui lie l’État au groupe scolaire Al-Kindi. Prudents, les services de la préfecture préfèrent attendre que la réunion se tienne avant de communiquer. Mais alors que cette réunion de concertation n’a pas encore eu lieu et que les motivations de la préfecture restent inconnues, l’établissement de confession musulmane s’agite d’ores et déjà. Dans un communiqué de presse, l'école s’alarme : « L’expérience d’autres établissements, ainsi que le fond et la forme des contrôles, laissent à penser que la décision [de résiliation] pourrait signifier la faillite économique de notre établissement d’excellence. » Par peur de voir leur établissement connaître la même trajectoire que celle empruntée par le lycée musulman Averroès (Nord), qui a vu son contrat avec l’État résilié pour « manquements graves aux principes fondamentaux de la République », le groupe scolaire du Rhône organise une conférence de presse et mobilise ses réseaux.

La Fédération nationale de l'enseignement privé musulman (FNEM) dénonce, ainsi, « un acharnement systématique » contre les « établissements privés musulmans ». À les lire, ces établissements seraient « soumis à des décisions disproportionnées et à des contrôles intensifiés, en comparaison avec d’autres réseaux d’enseignement privé ». La fédération pointe également du doigt un « contexte hostile » alors que les écoles musulmanes « respectent scrupuleusement les lois de la République et les valeurs qui en découlent ». Le Conseil des mosquées du Rhône fait également part de son « inquiétude » face aux « difficultés rencontrées par le lycée Al-Kindi ». À ces soutiens officiels s'ajoute la mobilisation médiatique. Ainsi, pour tenter de faire pression contre une possible résiliation du contrat, l’association des parents d’élèves organise, ce 7 décembre, une mobilisation devant le groupe scolaire « pour dire non au retrait du contrat et oui à l’éducation pour tous ». Un appel à la mobilisation déjà relayé par l’Union des démocrates musulmans français (UDMF).

« Un complot contre la République »

Est-ce vraiment un « acharnement » ? Existe-t-il, réellement, une « discrimination » contre les écoles de confession musulmane, comme le laissent entendre ces différents acteurs ? Si, pour l’heure, les motivations de la préfecture n’ont pas encore été révélées, quelques éléments attirent tout de même notre attention. Car le groupe scolaire Al-Kindi, qui peut certes s’enorgueillir d’excellents résultats, a été, dès sa fondation en 2007, au cœur de nombreuses polémiques. À l’époque, le recteur de l’académie de Lyon, Alain Morvan, se voit ainsi limogé pour avoir manifesté son opposition à la création du groupe scolaire. Alors que des mobilisations s’organisent sous ses fenêtres, il dénonce déjà « un complot contre la République ». Selon lui, les porteurs de ce projet d’école étaient des « intégristes ». Il se retrouve alors accusé d’« islamophobie ». Par ailleurs, un article de Marianne daté de 2019 revient sur les liens troubles qu’entretiendrait l’un des fondateurs de l’école avec « une organisation suédoise (The Commission for the Protection of Civilians) qui a procuré des armes à Al-Qaïda en Syrie ». À cela s'ajoutaient des liens présumés avec les Frères musulmans. Tiffany Joncour, députée RN du Rhône, appelle à ce que « l’État veille au respect des lois et des valeurs républicaines dans tous les établissements scolaires ». « Nous resterons attentifs à ce dossier », promet-elle.

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Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Comment serait accueillie une nouvelle école de confession chrétienne en Algérie? sous contrat, ne rêvons pas, hors contrat, ce serait probablement suicidaire.

  2. Au vu des premiers communiqués de cet établissement scolaire, nous sommes en droit de douter qu’il n’y ait pas une forme agressive de prosélytisme, confirmée par la présence probable (encore) des Frères Musulmans.
    Les Frères Musulmans combattus dès leur apparition en Égypte dans les années 50 ou au Maroc par le roi précédent (pas par le souverain actuel)

    • Il faut supprimer toutes subventions à toute organisation,école association qui pratique le prosélytisme,le soutien aux migrants les interventions  » pro théorie du genre » ou anti france..

  3. Si leur plus profond souhait c’est l’éducation pour tous, puis-je recommander nos collèges et lycées. Certes le foulard sur la tête ou le keffieh ne sont pas admis mais puisque cet établissement respecte tant les lois et valeurs de notre république cela ne doit pas leur poser le plus petit problème.

  4. N’en doutons pas , ces écoles confessionnelles ne seront pas soumises aux mêmes diktats que nos écoles privées.

  5. Simples questions : est-ce que les écoles musulmanes sous contrat acceptent comme c’est le cas pour les écoles catholiques sous contrat, des élèves de confession juive, catholique, protestante ou autre ? Qu’en est-il du port des tenues proscrites dans les autres établissement d’enseignement de la République ? Avons-nous de quoi leur reprocher un certain prosélitisme et un rejet du wokisme comme c’est le cas pour des établissements catholiques ?

    • Pourquoi pas, il y a bien des écoles catholiques, l’important est que la pluralité des élèves soit respectée ainsi que certaines valeurs tels l’égalité homme femme…et que l’enseignement des matières fondamentales soit à la hauteur

  6. Un coup de balais ne suffi plus, la France a des métastases proches de l’islamisme partout. On favorise nos ennemis pendant que l’on détruit nos amis.

  7. … « faillite économique » ?
    Vraiment ?
    Ces gens-là bénéficient-ils pas d’entregent au sein de pays qui pratiquent l’entrisme islamiste sournois en France et ailleurs en Europe ?

  8. Hier , une perquisition a eu lieu dans l’université de la Nievre qui forme des imams .
    Subventioné par le quatar et sous-marin des frères musulmans. le souhait de voir l’État fermer les IESH institut  de formation  frériste tout comme Gilles Platret, maire LR de Chalon-sur-Saône le proposait dans son programme pour les régionales en 2021 pour le département de la Nièvre, tout comme 22 personnalités le demandaient aussi dans une lettre ouverte adressée au Président de la République, au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur en 2020

  9. Les frères musulmans sont classés organisation terroriste dans 6 pays musulmans sauf au Qatar et Turquie .
    Ce mouvement est interdit en Autriche et en Russie , Jordanie et Égypte , Émirats, Arabie

  10. Existe-t-il, réellement, une « discrimination » contre les écoles de confession musulmane ?
    Non car les contrôles et les sanctions semblent justifiés. Et c’est parce que ces contrôles existent dans les écoles de confession musulmane qu’en conséquences les écoles catholiques sont persécutées. Exemple : Stanislas, le proviseur palois, etc., etc. Il faut « de l’égalitarisme » jusque dans les sanctions ! Sinon la Libre pensée et la Ligue des « droits de l’homme » s’en trouveraient offusqués.

  11. Y a t’il des écoles catholiques , juives ou autres religions qui touchent des subventions dans des pays musulmans ? Si non alors nous ne devons pas subventionné ces écoles en terre chrétienne .

      • Il y a des écoles catholiques, des écoles juives parce qu’il y a des français juifs et des écoles musulmane parce qu’il y ait des français musulmans, l’important est que le financement de ses écoles qui doit être 100% français et qu’aucun prosélytisme radical ne soit enseigné

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