Une enfant de 12 ans aux Drag Race : de l’hypersexualisation à tous les âges

Capture d'écran X
Capture d'écran X

Le spectacle de cette très jeune fille de 12 ans se trémoussant dans des poses ultra-suggestives sur la scène des Folies Bergère aux côtés d'une drag-queen, ce samedi 14 septembre, lors de l'ouverture de la saison 3 des Drag Race France, a suscité des réactions tranchées. « Spectacle légendaire » pour les uns, qui s'émerveillent des fruits d'une éducation donnée à base de « beaucoup d'amour et d'ouverture d'esprit » (dixit sa maman) ; « honteux », « choquant » pour d'autres, qui y ont plutôt vu une « performance ultra-sexualisée ». Deux salles, deux ambiances : comment en est-on arrivé là ?

 

 

C'est tout l'univers enfantin qui est envahi

D'abord un constat. De manière exponentielle, le sexe sous toutes ses formes et toutes ses orientations envahit le monde de l'enfance : séances de lecture publiques sous l'égide de drag-queens, messages ouvertement LGBT dans les dessins animés Disney, livres recommandés par l'Éducation nationale, participation importante et remarquée des mêmes drag-queens aux Jeux olympiques (cérémonie d'ouverture et portage de la flamme olympique)... tout est bon pour familiariser les enfants avec un univers autrefois réservé aux adultes.

Et l'émission à fort succès des Drag Race France participe à cette familiarisation voulue des enfants avec l'hypersexualisation. Interrogé, il y a un an, par Le Nouvel Obs, un père de famille venu avec son fils de 8 ans assister au show applaudissait des deux mains : « Mon petit fan de Star Wars - [qui délaisse Tchoupi, NDLR] - est tombé amoureux de l'émission pour ce qu'elle offrait à son imaginaire. » Sans complexe, le patron de l'émission Raphaël Cioffi se vantait des « visées libératoires et pédagogiques » de son programme pourtant « fait par des queers pour des queers ». Et s'en justifiait : « C’est normal et important que ces sujets existent et il ne faut pas que ça change. » « Ici, on voit traitées des questions d’homophobie, de transidentité, d’acceptation, de séropositivité… », commentait Le Nouvel Obs.

L'éducation sexuelle à l'école : l'ouvrage qui dénonce les effets pervers de l'hypersexualisation enfantine

Une culture de l'excuse que Sophie Audugé, directrice de l'association SOS Éducation, analyse parfaitement dans son ouvrage récemment paru et coécrit avec le pédopsychiatre Maurice Berger et d'autres professionnels de l'enfance, L'Éducation sexuelle à l'école - Les nouvelles orientations de l'Éducation nationale en question. En forme d'un « cri d'alarme à partir du constat » de ce qu'elle nomme « la dérive idéologique de l'Éducation nationale ».

Parce qu'« on ne mesure pas le danger d'une sexualisation précoce de l'esprit de l'enfant » et qu'elle est régulièrement alertée par des témoignages d'enfants et de familles (via l'association Mamans Louves) relatant des situations vécues dans le cadre des séances d'éducation à la sexualité à l'école, Sophie Audugé a réuni les travaux et analyses d'experts sur la question. Elle publie des histoires vécues à l'école : des éducateurs capables d'entreprendre la lecture collective d'un ouvrage tel que Zizi et zézette à des petits de maternelle, d'expliquer à des élèves de CM2 que « les rapports sexuels, c'est possible par l'anus et le vagin » ou que « les garçons peuvent devenir des filles en changeant de genre », le tout sous couvert de prévention d'abus sexuels ou de désinformation en la matière. Un mode d'enseignement qui interroge, d'autant que le ministère de l'Éducation nationale promet - sous la pression d'associations militantes et à la demande de, successivement, Pap Ndiaye et Nicole Belloubet -, en cette rentrée 2024, de renforcer les trois séances d'éducation sexuelle obligatoires.

Dans l'ouvrage, et à la lumière de paroles d'experts, le diagnostic est posé et les effets désastreux de telles séances sur le psychisme des enfants sont listés : « état de stress post-traumatique », « stratégies d'évitement » (refus de retourner à l'école), « sidération, confusion, hyperactivité qui se manifeste par des malaises corporels, cauchemars », etc. En bref, résume Sophie Audugé auprès de BV, « parler de sexualité à l'enfant est contraire à son intérêt premier, c'est-à-dire son développement, cela fait irruption dans son processus normal de développement qui doit être préservé et protégé ».

De quoi donner un éclairage particulier sur les conséquences à court et à long terme de la performance de la si jeune star d'un soir à Drag Race France. Et s'interroger sur la responsabilité de ceux qui laissent faire car, rappelle Sophie Audugé, « ce n'est pas à l'enfant de se protéger de la violence, c'est aux adultes qu'il incombe de créer les conditions d'un milieu sécurisé ». Une règle d'évidence qui mérite malheureusement d'être rabâchée.

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

13 commentaires

  1. Ils tuent le petit Mozart qui est dans chacun des enfants
    Il y a une graduation à suivre dans la formation d’un individu et franchir les étapes engendre la frustration avec des ados prolongés qui n’atteignent pas l’âge adulte et deviennent des vieux sans maturité, Confrontés trop tôt au monde des adultes un jeune se brise et traîne toute sa vie un manque d’enfance.

  2. Mais du coup, pourquoi a t on interdit les concours des « mini-miss »sous le couvert de l’hyper sexualisation des enfants, alors qu’elles étaient juste maquillées comme des voitures volées ! Où est passée et qui dit une ancienne ministre (de droite?) et sénatrice, qui n’aimant pas les croissants à 7:00 ni les petites filles marchant sur une scène et a réussi à faire interdire ce concours????? Passée à la Macronie, et au politiquement correct aussi ?

  3. Cette scène me renvoie à ce triste tableau de la petite fille qui dansait lors de cette indigeste cérémonie d ouverture des JO. Elle dansait entourée de drags Queen et d individus peu vêtus et devant le stchoumpf impudique. Dans ce cas comme dans beaucoup d autres comment des parents dignes de ce nom peuvent ils exposer ainsi leurs enfants?

  4. Mais que viennent faire des drags Queens dans l’éducation des enfants ?
    Je n’ai rien contre les drags Queens quand elles évoluent dans un milieu d’adultes,c’est la liberté .
    Qu’elles -qu’ils laissent tranquille ces gosses lire , écrire, calculer !
    Ils décideront librement à leur adolescence de leur orientation sexuelle…

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