Une enseignante à Crémone (Italie) : « Dans le nord de l’Italie, ce serait de la folie de rouvrir les écoles avant le mois de septembre »
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Alors que les écoles s'apprêtent à rouvrir progressivement en France à partir du 11 mai, Boulevard Voltaire a recueilli le témoignage de Valeria Mastrocchio, professeur dans le primaire à Cremona (Italie).
Les écoliers italiens reprendront les cours en septembre tandis que certains pays envisagent une réouverture des écoles dès le mois de mai, notamment en France. Que pensez-vous de cette gestion ? Le souhait du gouvernement français est-il raisonnable ?
Dans le nord de l’Italie, ce serait de la folie de rouvrir les écoles avant le mois de septembre, vu que le nombre de contagions et de décès demeure élevé. Le fait que l’Allemagne ait tenté une réouverture qui s’est soldée par une nouvelle fermeture est un résultat significatif. Considérant que les enfants sont, pour la plupart, des porteurs sains et que, pour l’instant, il n’y a aucune structure qui garantirait une distanciation sociale, rouvrir les écoles serait très risqué pour la santé de toute la société.
Comment se passe l'enseignement chez vous, en ce temps de confinement ? Quels moyens ont été mis en place ? Quelles difficultés rencontrez-vous ?
D’un point de vue didactique, enseigner à distance est un réel challenge. Les écoles du secondaire (collèges et lycées) ont bénéficié des cours sur Internet dès le début. Pour le primaire, dans lequel je travaille, nous avons dû nous adapter aux disponibilités des familles. En effet, bien que dans la plupart des cas toutes les familles possèdent au moins un ordinateur ou une tablette, il y a des cas où les élèves doivent suivre les cours sur le portable de leurs parents, ce qui limite grandement leurs possibilités de suivre et faire des exercices. De plus, si les parents sont en télétravail (comme la plupart des gens aujourd’hui), suivre les cours est impossible si les familles ne possèdent pas plusieurs appareils.
Pour ma part, je prépare des vidéos-cours et du matériel tel que des exercices que je mets quotidiennement sur le site de la vie scolaire, auquel tous les élèves ont accès. Une fois par semaine, je fais un appel vidéo avec chacune de mes classes pour expliquer, répondre aux questions et corriger les devoirs.
Durant ces deux mois de quarantaine, de nombreuses ressources ont été mises à la disposition des professeurs pour nous aider à construire nos cours, faire des questionnaires en ligne, etc. La direction de mon école est très active et cherche à intervenir dès que possible pour nous faciliter la tâche.
L’État aussi nous vient en aide. Par exemple, pour les familles qui ne possédaient pas d’ordinateur, l’État a débloqué des fonds qui ont été versés aux écoles pour qu’elles en achètent et les prêtent à ces familles défavorisées.
Le gouvernement italien a-t-il déjà évoqué les mesures qui seraient mises en place, en septembre, pour la rentrée des classes ?
Rien n’est officiel. Nous savons que les écoles seront flexibles : il y aura sûrement un système de roulement pour garantir des distances sanitaires et un nombre limité d’élèves par classe et nous devrons sûrement nous munir de masques et de gel hydroalcoolique. Il y aura peut-être des horaires aménagés pour essayer de ne pas bloquer les villages et villes avec des services de transports limités. Mais avant de donner quelconque indication, le ministère attend les instructions de la communauté scientifique sur l’évolution de la situation. On ne peut que donc spéculer sur comment cela va se passer, rien n’est certain.
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