Une fable d’aujourd’hui : La Fontaine, le RN et le méprisant député NUPES

Assemblée nationale

Cette Assemblée nationale nouvelle redonne décidément un intérêt tout neuf aux débats écrasés par cinq ans de macronisme au pas, après cinq ans de hollandisme Doliprane™. Pour parvenir à diaboliser le RN, la horde des députés NUPES est prête à tout. Et même à enrôler le pauvre Jean de La Fontaine, qui a dû se retourner dans sa tombe pour fuir pareille compagnie dans la nuit du 22 au 23 juillet.

On évoque les mesures d’urgence en faveur du pouvoir d’achat lorsque la parole est donnée au député NUPES des Hauts-de-Seine qui, avec force gestes démonstratifs, explique qu’il souhaite réagir « aux propos de nos collègues du RN ». Pour « encore une fois, explique-t-il, évoquer leur incohérence totale. Bien-sûr, on connaît la stratégie de l’extrême droite, qui agit comme la chauve-souris de la fable. Dans le parti des oiseaux, elle montre ses ailes, dans le parti des fachos, elle montre son poil et elle est un rat. »

On pourrait ne voir dans cette lamentable attaque qu’un épisode tapageur de plus provoqué par la NUPES, en marge du débat, comme il y en eut beaucoup dans ces lieux. Et finalement, quoi de plus naturel et de plus sain que le débat à l’Assemblée, même vif. N’est-ce pas le signe d’une démocratie vivante et sûre d’elle-même ?

Mais il y a là plus qu’une provocation, plus qu’une dispute sur le fond : une entreprise profondément antidémocratique, une volonté de tuer, d’exclure, de disqualifier, de marquer au fer rouge, coûte que coûte, une partie de la représentation nationale. Ceci, en mêlant la calomnie injurieuse à une manipulation massive de la culture française, cette culture que tout homme honnête réserve à l’harmonie entre les Français, au champ de ce qui nous rassemble dans une même matrice que tous respectent. Ce La Fontaine qui, en effet, nous plaît beaucoup, la NUPES le trafique, le tord, le fausse et jette les débris de ce massacre à la figure d’une partie de la représentation nationale.

La Fontaine a souffert de la politique. Il fait dans cette fable, La Chauve-souris et les deux Belettes, l’éloge de ceux qui basculent volontiers d’un camp à l’autre pour avoir la paix. Sa conclusion est claire : « Le Sage dit, selon les gens : "Vive le roi ! Vive la Ligue !" » Sa fable montre, avec le génie qui lui est propre, que la chauve-souris fit bien de se présenter dans un cas souris, dans l’autre oiseau pour… sauver sa peau. De cette symbolique charmante, le député LFI tire une machine à haïr et à mépriser, parfaitement étrangère à La Fontaine. Et faussaire. La Fontaine ne parle pas de « rat ».

Aurélien Saintoul sait ce qu’il fait. Passé par le lycée Loui-le-Grand, établissement public d’élite parisien s’il en est, agrégé de lettres classiques, l’homme qui jette La Fontaine à la figure des députés RN n’a aucune excuse. Mais pour la NUPES, la fin justifie les moyens. Trahir une fable, traiter de « rats » des élus de la nation, mépriser, surtout, mépriser et haïr sans relâche, voilà le programme.

Car le député continue. Il s’adresse à des brutes, à ces gens du peuple inculte et crasseux qu’il vomit : « Vous ne connaissez pas La Fontaine, peut-être ? Je pensais que La Fontaine était le génie de la langue française et que, au moins, vous le respecteriez. » Un député NUPES ne serait pas au niveau sans l’incroyable culot qui le précède et l’accompagne à toute heure.

« Vous n’êtes pas très dignes de votre fonction », poursuit le jeune député sermonneur à l'adresse des députés RN. Et enfin ce clou : « Je ne vous ai pas insultés, je vous ai caractérisés. » Au Grand Prix de la mauvaise foi, voilà un sérieux candidat !

Claquement de pupitres sur les bancs RN, le chahut se prolongeant malgré l’indignation de la NUPES Mathilde Panot sur son banc. La présidente de séance à l’Assemblée nationale, Hélène Laporte (RN), impose cinq minutes d’interruption de séance.

Il n’a ainsi fallu qu’un peu de plus de 2 minutes 30 pour « caractériser » la NUPES et son petit jeu sur les rangs de l’Assemblée. Elle n'en sort pas grandie, une fois de plus.

La Fontaine a bien raconté ce genre de personnage, dans Le Rat et l’Huître, Livre VIII, fable 9. Un rat fort ambitieux et content de lui part à la conquête du monde, oublie les règles apprises, s’approche par gourmandise d’une huître... qui se referme sur lui. Et La Fontaine de conclure : « Cette fable contient plus d'un enseignement […] Et puis nous y pouvons apprendre/Que tel est pris qui croyait prendre. »

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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