« Une intrigante » : Caroline Fourest remise à sa place par Arno Klarsfeld

L'avocat n'a guère apprécié une chronique de LCI dans laquelle son père était présenté comme un vieil homme dépassé.
Capture écran i24NEWS
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Un adoubement de poids. Grand historien de la Shoah, Serge Klarsfeld avait jeté un pavé dans la mare, au mois de juin dernier, lorsqu’il avait attribué un brevet de respectabilité au parti de Marine Le Pen, jadis accusé de pétainisme. « Si j’ai le choix entre LFI et le RN, je voterai sans hésitation pour le RN », avait-il déclaré, sur LCI, au journaliste Darius Rochebin. Celui qui est parfois qualifié de « chasseur de nazis » avait salué la « mue » du RN et fustigé, en revanche, « les relents antisémites et antisionistes de l’extrême gauche sous l’emprise de La France insoumise ».

Un avis que partage son fils, Arno Klarsfeld. Dans une tribune publiée ce 19 mars 2025, l’avocat affirme que le parti de la droite patriote constitue un « rempart contre la haine anti-juive ». « Reconnaissons le mérite de Marine Le Pen qui, depuis des années, fait avancer le RN vers des valeurs que combattaient son père et les amis proches de ce dernier », écrit-il.

Une analyse complotiste

Mais cette observation n’est, semble-t-il, pas du goût de tous. Certains, à gauche, refusent tout net de mettre à jour leur logiciel. C’est le cas de la journaliste et essayiste Caroline Fourest, qui a tenu à le faire savoir, cette semaine, sur LCI. « J’ai beaucoup de respect pour Serge Klarsfeld, évidemment. Simplement, c’est un homme qui a travaillé sur les nazis, les vrais. Moi, ça fait trente ans que je travaille sur le Front national, sur le Rassemblement national, et vingt-cinq ans sur les Frères musulmans, et je peux vous dire qu’ils ont en commun d’être des populistes bon teint, très présentables, a débuté la militante, dans une longue chronique baptisée La grande mascarade. Je comprends très bien qu’un monsieur d’un certain âge comme Serge Klarsfeld qui rencontre Jordan Bardella ou Marine Le Pen se dise "quand même, je vois bien la différence !" […] mais je pense qu’il n’enquête pas comme les spécialistes du Rassemblement national, qu’il ne sait pas à quel point il y a un double discours, au Rassemblement national. » Et la journaliste de poursuivre son propos par une tirade fourre-tout, évoquant pêle-mêle de mystérieux « anciens cadres du GUD » qui occuperaient des « postes clés » au RN, la proximité de mouvements pro-russes, mais aussi l’ombre d’Alain Soral, de Dieudonné, sans oublier Donald Trump et, bien sûr, le diabolique Elon Musk « qui réhabilite le salut nazi ». Un grand moment de complotisme.

Sur X, le fils de l’intéressé, Arno Klarsfeld, n’a pas manqué de réagir à l’envolée de Caroline Fourest. « Voici qu’une autre chroniqueuse de LCI se permet de dire que mon père, qui considère que le RN n’est plus antisémite, est "un vieux monsieur" qui "voudrait mourir en pensant que"... », a-t-il tweeté, dénonçant les propos d’une « intrigante qui diffame un géant ». « C’est une honte, mais vraiment une honte. »

La gauche « républicaine » prisonnière de ses vieilles lunes

Caroline Fourest reconnaît bien quelques qualités à Marine Le Pen, mais impossible pour elle d’abandonner la vieille rengaine antifasciste. Observer et admettre l’évolution d’un parti qu’on a tant détesté demande une dose d’honnêteté intellectuelle dont on n’est pas toujours doté. C’est plus confortable de rester fidèle à ses bonnes vieilles certitudes et de répéter en boucle des mantras vintage, quitte à fermer les yeux sur les réels enjeux actuels. On imagine le désarroi de la journaliste lorsqu’elle a appris que Jordan Bardella et Marion Maréchal avaient été invités par le gouvernement israélien à intervenir à la Conférence internationale de la lutte contre l’antisémitisme, les 26 et 27 mars prochains…

Avec ses camarades du magazine Franc-tireur - Raphaël Enthoven, Tristane Banon, Christophe Barbier et autres Jean Garrigues -, Caroline Fourest incarne cette gauche prétendument « républicaine », mais surtout désespérément obsolète sur le plan des idées. Sa ligne idéologique se résume à la fameuse « tenaille identitaire », concept foireux qui prône un centrisme rejetant d’un même mouvement Marine Le Pen et Tariq Ramadan. Dans cette vision des choses, notre pays serait pris en étau entre « l’extrême droite » et l’islamisme. Deux dangers de nature différente mais d’une même nocivité pour les Français en général et les Juifs en particulier.

Reste que, si la volte-face de Serge Klarsfeld vis-à-vis du RN s’explique, selon Caroline Fourest, par son grand « âge » et sa « mémoire » défaillante, un mystère demeure : pourquoi les Juifs, qui votaient hier à gauche, votent-ils aujourd’hui de plus en plus à droite ? Lors de l’élection présidentielle de 2022, les Français d’Israël ont même voté à plus de 50 % pour Éric Zemmour. Seraient-ils tous des vieillards impotents ?

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

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