Une mobilisation de gauche empêche la création d’un centre d’hébergement

La solidarité, bien sûr. Mais à condition qu’elle se passe ailleurs !
Capture d'écran
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C’est une mobilisation qui tranche avec les discours habituels. Mercredi 9 avril, l’intersyndicale parisienne – composée de la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC, la CGT, la FO, la FSU, Solidaires et l’UNSA – s’est félicitée d’une grande victoire qui ne manquera pas d’étonner ceux qui connaissent ses combats ordinaires. Cette semaine, l’union a obtenu le retrait d’un projet de transformation d’un bâtiment de la Bourse du travail en centre d’hébergement d’urgence, puis en logements sociaux destinés aux agents publics. Un projet initialement porté par le maire socialiste de Paris Centre, Ariel Weil, et que les syndicats ont farouchement combattu.

Des logements d’urgence ? Oui, mais pas chez nous !

Le bâtiment, situé dans le IIIe arrondissement parisien, devait d’abord accueillir un centre d’urgence « pour des familles et des enfants », avant d’être pérennisé en logements sociaux. Une manière, selon l’élu de gauche, de répondre à la crise du logement et d’optimiser l’usage des biens appartenant à la ville. « On a besoin d’explorer tous les mètres carrés, d’être exemplaires et d’utiliser toutes les surfaces dont la ville est propriétaire qui ne sont pas exploitées à 100 % dans les usages actuels », justifiait Ariel Weil, à l’issue du vote du conseil local du 25 mars.

Mais un obstacle de taille s’est présenté : ces locaux abritent aussi des réunions et permanences de l’intersyndicale parisienne. Et pour ses membres, pas question de les voir réquisitionnés, même pour « la bonne cause ». En effet, la Bourse constitue pour eux « un site emblématique, connu de tous, central et facile d'accès », ont-ils rappelé, au micro de France 3. La secrétaire à la politique revendicative de la CGT Paris, Adèle Tellez, a même qualifié le projet de « régressif et néfaste », puisqu’il « oppos[ait] les droits des travailleurs et les logements sociaux [et que] ce sont bien souvent les mêmes personnes qui sont concernées par ces accompagnements ». Fin de non-recevoir pour les sans-abri, les précaires et les travailleurs sans logement.

Attention, il ne s’agit pas de s’opposer complètement à la création d’hébergement d’urgence et de logements sociaux dans Paris, ont nuancé les syndicats, qui affirment soutenir d’ordinaire ces projets. « Nous disons juste que les premiers locaux à réquisitionner, ce ne doivent pas être ceux qui accueillent les organisations syndicales », ont-ils toutefois justifié. En clair : faites ce que je dis, mais pas chez moi.

Soutiens rouges et vœux pieux

Fait notable : les conseillers écologistes et communistes de la mairie de Paris Centre, censés soutenir l’effort public en matière de logement, ont non seulement rejoint la mobilisation, mais ont aussi voté contre le projet. Cerise sur le gâteau : les communistes ont déposé un vœu en conseil d’arrondissement pour que les bâtiments soient… rénovés.

La manifestation initialement prévue ce vendredi 11 avril, devant l’hôtel de ville, s’est finalement muée en pot de victoire. Dans un communiqué, l’intersyndicale s’est félicitée que les pouvoirs publics aient « renoncé au projet » à l’issue d’une pétition lancée le 28 mars et qui aurait recueilli plus de 4.700 signatures en treize jours, selon Libération. Rideau !

Deux poids deux mesures ?

L’épisode aurait pu passer inaperçu si certains de ces mêmes syndicats ne s’étaient pas récemment mobilisés pour défendre l’occupation d’autres lieux faisant office, malgré eux et dans l’illégalité, d’hébergements d’urgence. Souvenons-nous du théâtre de la Gaîté Lyrique, qui a hébergé pendant plusieurs mois plusieurs centaines de prétendus mineurs isolés, jusqu’à leur expulsion le 18 mars dernier. À l’époque, plusieurs appelaient à « soutenir et protéger les occupant-es de la Gaîté Lyrique et amplifier les luttes qu'ils et elles portent ». Le message semble moins audible lorsqu’il s’agit de céder sa propre salle de réunion.

La solidarité, bien sûr. Mais à condition qu’elle se passe ailleurs.

Vos commentaires

13 commentaires

  1. La plupart des élus syndicaux sont là pour glander et croire qu’ils ont de l’importance. Ils ont des agissements au moins au niveau des politiques en se faisant arroser pour la « paix sociale ». Les problèmes commencent pour l’entreprise quand le patron refuse de se faire racketter par ces bons défenseurs de l’ouvrier. Les avantages qu’ils en tirent sont parfois complètement hors norme. Mais chut, c’est pour la bonne cause puisqu’ils sont de gauche

  2. Les bureaux syndicaux à la Bourse du Travail, c’était avant la Visio ! Et encore … parfois seulement ! Stop ! C’est connu, les délégués syndicaux travaillent d’arrache pied. Et puis il faut bien des endroits pour bavarder et boire un café ! Alors les logements sociaux… chez les riches retraités ! Et vite !

  3. qui peut encore être adhérent de ces syndicats, eux prônent les réquisitions de logements voir installations de CADA dans nos villages mis surtout pas chez eux, adhérents de ces officines de branleurs, il est temps d’ouvrir les yeux vos cotisations servent à éviter de bosser à des permanents qui se moquent éperdument de vos problèmes, le fait est là sous vos yeux.

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