Une petite perle tous les six mois : quand le Président élève le discours

Emmanuel Macron aime les références historiques, avec mention spéciale pour l’ère pré et post-pompidolienne. Est-ce pour montrer aux Républicains qu’il les aime au point d’en avoir besoin ? Ou d’adresser aux Français un verbiage populaire à défaut d’être populiste ?

Eté 2021, le Président suspend le contrôle technique deux-roues. Motif officiel : il a décidé que « ce n'était pas le moment d'embêter les Français ». Évidemment, le périph bloqué par des motards à l’approche des élections...

Janvier 2022, le Président monte en gamme en proposant « d’emmerder les non-vaccinés... » Affectueusement, rectifiera-t-il ensuite. Qui aime bien…

Chaque salve ramène à cette exclamation attribuée à Georges Pompidou à l’intention d’un certain Jacques Chirac, jeune chargé de mission qui lui apportait un tombereau de dossiers : « Mais arrêtez donc d'emmerder les Français ! » En 1966, déjà.

Juillet 2022, M. Macron transforme l’essai en réponse à quelques taquineries sur le dossier Uber. « Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. » Avec un à-propos délicieux, il vient de reprendre devant les caméras une phrase que le même Jacques Chirac aurait prononcée en 1987, lors d’une discussion hors micro.

C’est finalement réconfortant d’apprendre que le Président Macron est touché, même si ce n’est qu’à moitié et sans savoir bien où. Cette incertitude est-elle représentative d’une possible hésitation entre la gauche et la droite ? Ou de ce récent avertissement à se serrer énergétiquement la ceinture l’hiver prochain ?

À la cadence d’une perle tous les six mois, la prochaine devrait sortir pour les fêtes.

Au-delà de ces choses bassement immatérielles, la prudence s’impose à tous. Un vieux proverbe chinois, qu’aucun philosophe sérieux ne revendiquera jamais, énonce que « le matin en te réveillant, si tu en comptes quatre, méfie-toi, ton ennemi est derrière toi ». Ou ton ami… En politique, la marge est mince.