[Une prof en France] Cours particuliers : merci l’Éducation nationale !

La rentrée approche à pas de loup et les parents s'organisent… pour trouver un professeur particulier à leur enfant, quand celui-ci n'a pas été réservé en juin. La faillite du système étant de plus en plus patente, malgré la bonne volonté naïve de certains parents qui continuent à croire que l'Éducation nationale « fait ce qu'elle peut », le marché des cours particuliers est florissant.
40 millions d'heures de « cours part' » sont dispensées en France, chaque année, avec une hausse continue de 1 à 2 % par an sur la dernière décennie et une accélération franche depuis 2020. Avec plus de deux milliards de chiffre d'affaires, le marché français se place en tête des pays européens, alors même que l'on entend encore des compatriotes se targuer d'avoir l'un des meilleurs systèmes scolaires du monde. Paradoxe ou simple aveuglement ? Cela atteste que nous vivons sur un mythe, un leurre de notre imagination nostalgique, et que notre système a perdu l'essentiel de son efficacité. Les cours particuliers deviennent ainsi l'un des rares domaines dans lesquels nous excellons, comme la fiscalité ou les violences urbaines…
Ce marché des cours particuliers n'est pas réellement régulé. Les prix pratiqués s'échelonnent sur une longue échelle, selon des critères assez obscurs et sans aucun contrôle autre que la loi de l'offre et de la demande. Et cela ne semble pas trop mal fonctionner. Si les parents sont, chaque année, de plus en plus nombreux à mettre la main à la poche, parfois pour la troisième fois si leur enfant est scolarisé dans le privé - ils paient, en effet, par leur impôt l'Éducation nationale, rajoutent une petite cotisation pour l'établissement privé et complètent avec le paiement du cours particulier -, c'est parce que l'élève « progresse », le plus souvent, par ce tête-à-tête avec l'enseignant, même si celui-ci n'a pas toujours tous les diplômes que l'on pourrait espérer. S'ils sont mécontents de l'enseignant, ils en changent. Pour autant, tout cela ne fait que nourrir le Moloch de l'Éducation nationale. Car de quelle progression est-il question ? Ce que l'on attend du professeur particulier, le plus souvent, n'est pas une formation intellectuelle réelle de l'enfant mais une remontée de ses notes. Ce n'est donc pas un système parallèle mais un rouage du Système, devant permettre aux élèves de s'adapter toujours mieux aux exigences ineptes et aux programmes contestables de la Matrice. C'est essentiellement un accélérateur de formatage, quand les parents ne sont pas motivés par la volonté de nourrir vraiment leur enfant mais, plus pragmatiquement, par l'angoisse de sa réussite immédiate.
À défaut de changer en profondeur la nature de la formation des élèves, cela constitue une manne financière qui attire de plus en plus d'acteurs. L'un des mastodontes, Acadomia, affiche un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros, les Cours Legendre sont à trois millions et les nouvelles plates-formes grignotent des morceaux du camembert, comme Superprof, entreprise française à l'origine, présente maintenant dans une quarantaine de pays. On trouve aussi des cours low cost, avec des abonnements standardisés à 9 ou 15 euros par mois proposant juste aux élèves de s'asseoir devant des vidéos préformatées, auxquels peuvent s'ajouter des abonnements complémentaires si l'on veut un accompagnement un peu plus personnalisé.
Un lycéen sur trois prend des cours particuliers, et un collégien sur cinq. Nous devrions tous relire l'histoire des Danaïdes et de leur tonneau…
Thématiques :
Education nationalePour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR

24 commentaires
Virginie Fontcalel, où comment se donner bonne conscience en dénonçant le système auquel on participe …
« alors même que l’on entend encore des compatriotes se targuer d’avoir l’un des meilleurs systèmes scolaires du monde. Paradoxe ou simple aveuglement ? » Ni l’un ni l’autre, hélas, mais simple redondance de la propagande médiatique commune.
L’éducation Nationale s’étant axée sur le nivellement par le bas, il faut bien retrouver l’excellence autrement. Ainsi, et comme pour la Santé, ce que je répète depuis 40ans s’avère encore exact : Tout ce qui est GRATUIT est gaspillé et mal consommé. Supprimons la Sécu et l’école gratuite. On fera des économies et celà ne changera strictement rien aux résultats.
C’est devenu la norme en France : payer une première fois par les plus lourds impôts et charges, puis une deuxième si on veut un réel service. C’est vrai pour l’éducation, mais aussi pour la santé (mutuelles) ou la sécurité (vigiles)…
La majorité des cours particuliers est assurée par du personnel de l’inéducation Nationale ! Ce qui pose – tout de même – un certain nombre de questions, non ?
Vous oubliez les heures de soutien scolaire assurés par des bénévoles et organisés par les municipalités ou autres associations, pour lesquels les parents n’ont ont même pas une cotisation à payer. Ici, à Sarzeau, entre 3 et 4 heures par semaine de cours particuliers.
L’exception sans doute car c’est une première nouvelle. A part les cours prodigués aux étrangers (motivés) pour apprendre le Français (excellents et pas chers du reste) je n’ai jamais entendu parlé de cours gratuits largements diffusés. Combien de communes ???
bilan de l’échec de l’éducation nationale. Le mammouth n’a pas été dégraissé. Combien incompétents et de nocifs s’y cachent ?
« C’est essentiellement un accélérateur de formatage », excellent résumé de ce scandale des cours particuliers qui dure depuis des décennies…Aveu de l’échec patent de la mission d’instruire ! On peut également ironiser sur ces profs qui se font une spécialité des cours particuliers (voir, entre autre, les tarifs pratiqués par les profs de classes préparatoires) en oubliant de demander l’autorisation du rectorat, et en hurlant dans les manifs dès qu’on envisage d’accroitre un peu leurs heures de cours, au prétexte qu’ils sont débordés !!!
Merci pour cette excellente mise au point .
je faisais des exposés fréquemment à des chefs d’entreprise et dans l’ organisation où j’intervenais, et les chefs d’entreprises il y avait un centre de formation, il fallait voir les profs du public, ceux qui se plaignent toujours qu’ils ont trop de travail, se précipiter pour venir y donner des cours, puis vite repartir en donner ailleurs, pour des gens débordés par leur travail ça m’a toujours surpris, et comme je faisais les cours bénévolement puisque mon ordre professionnel interdit d’être payé dans certaines circonstances, ils me reprochaient de prendre leur boulot, mais ils ne tenaient jamais compte des compétences de chacun.
On comprend pourquoi Pap Ndiaye met ses enfants à l’École Alsacienne !
… « le marché français (du cours particulier) se place en tête des pays européens »…
Ouais, c’est bon pour le business, moins pour la réputation et la qualité de l’éducation nationale.
Il fut un temps, quand la France était en tête en Europe, cocorico, c’était pour la bonne cause.
Mais ça ça paraît tellement lointain.
Disons aussi que pas mal de profs du public, arrondissent ainsi leur salaire, oubliant souvent de déclarer ces gains au fisc, j’ai connu des profs qui ne voulaient que du paiement en cash.
pratiquement tous mes amis étant dans l’Education Nationale sont de plus en plus inquiets pour cette rentrée … même si le « pap-du-wokisme » a été remercié et réorienté ! … Le « macron-sup » fonctionne bien pour les incapables pour la FRANCE ! …
Le niveau scolaire en collège devient aberrant au point que même les participants aux télé-réalités peuvent passer pour des érudits ! … Ne parlons pas des « primaires » qui s’engagent dans un abîme sans fonts ! …
En fait que pouvait espérer le « monde de l’Education » en auscultant le passif des deux coucous qui squattent l’Elysée depuis mai 2017 ? … TOUS les domaines sont atomisés avec frénésie et méthodologie digne des plus grandes activités d’extermination massive ! …
Qu’a été fait pour « sauver le système de Santé français » depuis la pandémie révélant le fracas de « la Santé en France » ? …Cette question peut se poser dans tous les domaines qui constituent la FRANCE ! … Il en est de même pour l’Education Nationale ! …
Il y a encore de bonnes écoles ou l’on fait du soutien scolaire au cas par cas et c’est gratuit .Et dans le privé on aide des enfants pendant l’étude . Le privé coûte moins cher pour les parents qui travaillent à deux (même tarif pour tous les enfants ). Dans le public les parents paient en fonction de leurs revenus et certains ne paient rien , une injustice de plus mise en place par nos élus de tout bord .
J’approuve ce commentaire qui dénote une connaissance du sujet…