[UNE PROF EN FRANCE] Discrimination envers les élèves du privé : on en parle ?

ENFANT ORDINATEUR

S’il y a un mot qui revient souvent, dans les textes produits par l’Éducation nationale, c’est la lutte contre la discrimination. Tous les élèves sont égaux et doivent être traités avec le même respect et la même bienveillance, bien au chaud dans le sein de la grande Mère qu’est la République. Choisir les élèves les plus sympas pour remplir un groupe lors d’un voyage scolaire ? Vous n’y pensez pas, c’est discriminatoire ! Suggérer au directeur de recevoir un élève musulman perturbateur à la place de son adjointe, qui a le défaut d’être une femme aux yeux de cet élève ? Vous n’y pensez pas, c’est discriminatoire ! Émettre des réserves pour les filles au sujet du programme annuel de sport qui propose boxe, rugby et musculation ? C’est discriminatoire ! Tous les enseignants connaissent la chanson par cœur, refrain et couplets inclus.

Pas d'ordinateur de la région, parce qu'elle est dans le privé

Alors, quelle ne fut pas ma surprise quand deux petites élèves de première que j’aide en français ont sorti, chacune, un ordinateur offert par la région. Je me suis rappelé ce dispositif, qui grève chaque année de plusieurs centaines de milliers d’euros le budget des régions afin que les lycéens aient chacun un ordinateur portable pesant un âne mort et ayant les performances d’un Minitel™. C’est alors que j’ai réalisé que j’avais, moi aussi, une fille en première ! On oublie certains détails, parfois… Mais elle n’a pas reçu d’ordinateur. Pourquoi ? Parce qu’elle est scolarisée dans le privé. En tant que sale petite bourgeoise capitaliste, elle peut bien se le payer ! Il me semble, pourtant, que les établissements privés sous contrat font partie de l’Éducation nationale, scolarisent des élèves sous obligation scolaire, appliquent les programmes de l’Éducation nationale, envoient leurs professeurs comme examinateurs, pour le brevet comme pour le bac, et sont sous l’autorité des rectorats. Pourquoi les élèves du privé sont-ils donc exclus des programmes tels que celui évoqué plus haut ? De la même manière, la cantine des établissements publics est abondamment subventionnée par les municipalités et les départements, ce qui peut parfois abaisser le prix du repas de 0,50 euro et le fait tourner, en moyenne, autour de 4 euros, alors que le coût réel d’un repas dans un établissement scolaire est de 9 euros. C’est quasiment ce coût réel que paient, parfois, les parents scolarisant leurs enfants dans le privé, raison pour laquelle le prix de la cantine excède souvent les frais de scolarité et constitue un obstacle majeur pour un certain nombre de familles. Le plus souvent, grâce à une régulation opérée par l’établissement, le prix du déjeuner avoisine les 6 euros, ce qui fait tout de même une grosse différence dans un budget familial, si l’on multiplie cela par le nombre de jours de cours et le nombre d’enfants d’une même fratrie.

J’ai même découvert que les lycéens de ma ville avaient droit à un menu étudiant dans un des cafés branchés de la ville, avec un tarif vraiment préférentiel. Tous les lycéens ? Mais non ! Juste ceux du public. Ceux du privé paient plein pot, sauf s’ils cotisent à une carte annuelle proposée par la mairie afin d’avoir droit aux mêmes réductions que les autres. Donc, pour eux, c’est une démarche payante qui débloque les avantages, même dans des lieux privés comme ces cafés, alors que pour les autres, c’est un automatisme, que les jeunes considèrent d’ailleurs comme un dû, absolument normal : ne sont-ils pas l’avenir glorieux de la France ?

Il s’agit bien là de situations flagrantes de discrimination.

À l’inverse, lorsqu’il s’agit de faire valoir les résultats de nos lycéens, la communication de l’Éducation nationale se garde bien de séparer les élèves du privé de ceux du public… Les performances des deux groupes n’étant pas exactement les mêmes, on ne demande pas de droit d’entrée aux établissements privés pour les intégrer aux statistiques : ils sont les bienvenus ! Qui pourrait se permettre de faire des différences entre eux ? Ce serait discriminatoire…

Tout cela est vraiment délicieux. Mesquinerie, bidouillage des chiffres et incohérence idéologique : cela ne se réduit malheureusement pas à ce ministère…

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Virginie Fontcalel
Professeur de Lettres

Vos commentaires

28 commentaires

  1. La discrimination des eleves du privé n’est pas nouvelle ! J’ai fait toute ma scolarité dans le privé et j’en remercie mes parents. Il y a 50 ans, pour anticiper un éventuel déménagement, mes parents se sont renseignés sur un transfert dans le public ( au collège) : un examen était alors imposé, les élèves du privé etant alors supposés etre d’un niveau inférieur à ceux du public … j’ai passé cet examen haut la main et j’ai appris ensuite que des profs avaient donné en exemple ma copie à leurs élèves ! Ils étaient tout surpris de constater que le niveau du privé était bien supérieur !

  2. Bien sur, que l’idéal serait l’école publique pour tous, ou j’ai usé sur les bancs mes fond de pantalons, mais quand on voit ce qu’elle est devenue depuis 1968, il n’est pas étonnant que ceux qui en ont les moyens, toutes opinions politiques ou religieuses confondues, mettent leurs enfants dans le privé. Petit trait d’humour: un petit musulman qui travaillait très mal à l’école publique, ses parents le mirent dans une école privée et il eut de très bonnes notes, quand on lui demanda ce qui lui était arrivé il dit: quand je suis arrivé à cette école, j’en ai vu un qu’ils avaient cloué sur une croix, ici ça ne rigole pas. Bonne journée à tous.

    • L’éducation est un chantier prioritaire en France. L’éducation nationale a atteint ses limites de fonctionnement, les résultats sont là pour le rappeler. En dernière preuve le recrutement des professeurs ne se fait plus. Le mammouth déclaré par un de ses ministres perdure. L’éducation des enfants se fait en priorité dans les familles et l’instruction au sein des établissements scolaires, privés ou publics . A quand un gouvernement pour remettre les pendules à l’heure. Le mammouth est devenu un magma d’incohérence.

  3. Sachez bien que les professeurs du public, sont tout à fait capables par pure volonté malsaine ou sombre intentions syndicales de faire baisser sciemment le niveau de leurs classes…. Le gouvernement pense pallier à ces forfaitures en mettant à disposition des élèves des matériels que l’on voudrait pédagogiques mais qui sont détournés de leur but premier. Inexorablement les enfants dans le public sont maintenus dans le cloaque de l’institution corrompue par le wokisme gauchiste

  4. Grandes Régions tout en laissant les anciennes structures, Départements dont on ne sait plus ce qu’ils fonts en-dehors d’êtres devenus organisateurs de fêtes, Agglomérations que l’on connait par la multiplication des taxes et devenus eux aussi des rivaux avec les départements pour organiser des fêtes laissant à l’abandon les petites communes, Préfectures et sous préfectures un peu partout lieux ou l’on y mange bien avec cuisiniers chauffeurs et voitures à discrétion et enfin les communes qui font ce qu’elles peuvent mais comme elles ne veulent pas êtres en reste s’endettent pour longtemps. Dans tous les cas des organisations j’allais dire mafieuses mais peut-être pire, structures boulimiques et calquées sur le pire des pays communistes, tous loin des préoccupations de la population créant même de plus en plus de structures conflictuelles et concurrentielles avec celles du privé. Dans les faits « Les charges » qui ramassent toutes les activités occupés par ceux qui les payent avec en plus des avantages hors normes et là aussi cent lieux de ceux qui ont encore les marchés et les moyens de trimer et de se faire piller pour payer cette grosse boulimique publique persuadée d’être la richesse du pays ce qui peut être vrai si on entend richesse comme étant des DETTES.

  5. Vous oubliez le statut des professeurs qui sont moins bien payés. Mais c’est le prix d’une relative liberté, l’essentiel étant de pouvoir choisir les élèves et donc virer les indésirables. Et ça, ça n’a pas de prix. Pour avoir eu mes enfants dans le public et le privé je peux témoigner que cette possibilité est fondamentale.

  6. A chaque pays ses misères. Il y a quelques années dans certaines provinces de République Démocratique du Congo les maîtres d’école avaient cessé d’enseigner faute de salaire depuis longtemps. La plupart on abandonné les classes et ont ouvert de petites affaires ou boutiques et d’autres sont allé cultiver quelques champs pour pouvoir se nourrir. Quelques temps après, les parents d’élèves se sont cotisés et ont demandé aux enseignants de reprendre les cours. Cela a fonctionné jusqu’à ce que l’Etat apprenne que les maitres touchaient cette contribution des parents et demande qu’elle lui soit restituée.

  7. Mais oui, il faut bien qu’il y en ait qui travaille pour montrer que le système fonctionne encore. Mais à force de taper toujours sur les mêmes, le recul n’en sera que plus brutal. Un changement s’impose et en cette période de la nativité espérons que ce ne sera plus pour très longtemps. Joyeux Noël.

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