[Une prof en France] Éducation de la volonté : il y a du boulot !
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Nous sommes nombreux à constater les défauts de l'école, voire sa subversion. En replongeant dans les écrits du passé, nous pourrions changer notre regard sur ce qui est essentiel et réorienter notre pédagogie, au niveau individuel pour chaque enseignant comme au niveau des directives institutionnelles et de la formation des professeurs qui, pour la plupart, sont soucieux de bien faire et souhaitent avant tout que leur enseignement soit efficace.
Le philosophe Émile Chartier, connu sous le pseudonyme Alain, enseigna à partir de 1909 aux préparationnaires du lycée Henri-IV et y forma des penseurs d'envergure tels Simone Weil, Raymond Aron, Julien Gracq ou André Maurois. Il publia en 1925 un traité de Pédagogie enfantine dans lequel il livrait ses pensées sur l'éducation, qu'il développa aussi dans ses fameux Propos, dont les Propos sur l'Éducation (1932).
Alain développe l'idée que le cœur, la base, le centre de l'éducation devrait être le travail sur la volonté. Et force est de constater que l'on ne forme pas ainsi les professeurs : on leur dit sans cesse qu'ils doivent transmettre des savoir-faire et - en tout cas on l'aimerait - des savoirs, mais on les fait peu réfléchir à la psychologie humaine et aux principes de la cognition et de la mémorisation. Bien avant l'advenue des neurosciences et des sciences cognitives, dont on parle tant aujourd'hui sans pour autant appliquer leurs préconisations dans notre pédagogie, Alain mit en lumière des éléments importants : « De même qu'on ne peut faire attention que si d'abord on agit, plus évidemment encore on ne peut vouloir que si on fait quelque chose. Ce principe conduit fort loin. […] On comprend que les discours concernant les actions que l'enfant n'a pas à faire présentement sont à peu près inutiles. Par exemple on prépare mieux le soldat futur par gymnastique, adresse, patience, suite, éducation de la responsabilité dans les petits travaux des écoliers, que par des discours émouvants. L'économie n'est rien pour l'enfant, mais l'ordre, la précaution, la propreté sont quelque chose. La justice sociale est une abstraction, mais le respect du matériel scolaire, des livres, des crayons, joint à la bonne administration de ce qu'on possède est quelque chose. Un discours contre la révolte ou la violence n'est qu'émouvant ; mais la politesse scolaire, la pudeur, la mesure, le sourire sont quelque chose. L'opinion publique (le citoyen) est de l'avenir. Mais faire que l'enfant remonte toujours de l'erreur à sa propre inattention est une leçon de jugement. Bref l'enfant, en sa situation scolaire (et familiale, et sociale), comme enfant, peut agir ; c'est en ces actions qu'il apprendra à vouloir. […] L'enfant ne s'instruit moralement que par les fautes qu'il fait. […] Qu'il apprenne à vouloir en ce qu'il peut vouloir. La bonne volonté n'est pas assez ; c'est l'action qui forme l'enfant. »
Alain rappelle la fonction essentielle des responsabilités données à l'enfant, qui peuvent paraître minimes mais qui, en réalité, sont un travail de fond sur la maîtrise de soi et la volonté. Or, la volonté permet l'attention, et l'attention permet l'apprentissage. Ce n'est pas en écoutant passivement un cours que l'on forge sa volonté, mais en impliquant l'enfant dans un engagement actif. Pour cela, Alain promeut des exercices simples : balayer, aérer, mettre les papiers à la corbeille, ranger le matériel (autant de choses que l'on ne demande plus guère aux enfants, surtout dans le secondaire), aider le voisin, faire des exercices en temps très limité (4 minutes de calcul mental), écrire un texte court avec des contraintes fortes, car les contraintes fortes sont stimulantes… Revenons donc au principe fondamental, et développons la volonté chez nos élèves, non par des discours mais par des exercices pratiques précisément calibrés.
25 commentaires
Depuis le laisser-faire imposé par les Dolto, le jargonnage des pédago-sociologue ne cherche qu’à adapter leur langage à la réalité catastrophique de l’enseignement. Ne rien faire!
Une pédagogue allemande avait noté, il y a longtemps, que la » zone proximale de développement », en fait le milieu familial, avec la pression éducative des adultes, ne jouait plus son rôle.
Et en effet, dans les territoires perdus de la République, dans les zones de non droit suburbaine, où les djeunes « chouffent » dans la rue des journées entières, à 10 ou 11 ans…les « grands frères » dealers sont les seuls « éducateurs ».
La pédagogue allemande évoquait les trois « K »; Kinder, Kuche, Kirchen… et l’évolution de la condition féminine. On peut ajouter la féminisation du personnel enseignant, qui ne propose pas l’ alternative d’une poigne ferme, masculine ou « virile » aux jeunes apprenants-délinquants.
Et lorsque l’on sait (J Fourquet :La France d’après) que la majorité des enseignants sont islamo-gauchistes et font les troupes de Mélenchon-Panot-Rousseau… on comprend que la « volonté » d’imposer l’ordre et la discipline dans le système éducatif ne les concerne pas.