[UNE PROF EN FRANCE] Éducation nationale : des chiffres effarants !

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Il paraît que les chiffres ne mentent pas… voire. Tout dépend de l’organisme qui les produit et de son rapport à l’honnêteté et à la vérité. Mettons en regard quelques statistiques, pour que chacun se fasse sa propre opinion.

D’abord quelques chiffres officiels, qui font notre joie et notre gloire.
En 2024, 85,6 % des élèves de 3e ont obtenu leur brevet, dont 69 % avec mention, sur un total de 839.600 candidats. Félicitations à eux. Dans le même temps, 91,4 % des 750.000 élèves de terminale ont décroché le fameux baccalauréat, dont 58,4 % avec mention (68,7 % de mentions dans la filière générale).
77 % des enseignants jugent que l’administration gère bien les agressions verbales et le harcèlement dans les écoles, 79 % trouvent que les agressions physiques sont aussi bien gérées par le système.

Maintenant, d’autres chiffres, à mettre en parallèle.
48 % des élèves de 6e sont en dessous du score attendu au test de fluence (nombre de mots lus en une minute, sans prise en compte de la compréhension du sens). En REP, malgré le dédoublement dont ils ont bénéficié lorsqu’ils étaient en CP, plus de 60 % des élèves sont dans la tranche de score la plus basse en français, en lecture et en mathématiques.

Étude TIMSS 2023 : la France est le pire pays d’Europe en mathématiques en CM1 (24e/24), le deuxième plus mauvais pays sur les 45 pays ayant participé au test pour la classe de 4e (13-14 ans). Nous arrivons derrière l’Albanie, la Serbie ou encore l’Azerbaïdjan. Avec 540 points, un élève fait partie des 25 % les meilleurs du groupe français, alors que c’est le score moyen d’un élève roumain, et c’est le score d’un mauvais élève au Japon. Entre 1997 et 2024, la part des élèves de 4e n’atteignant même pas le niveau le plus bas de l’évaluation est passée de 3 % à 17%…

Seule la moitié des élèves obtiennent un résultat

À l’épreuve de lexique et de compréhension de l’écrit des évaluations nationales, seule la moitié des élèves obtiennent un résultat satisfaisant (selon les critères de l’Éducation nationale qui sont, disons, très bienveillants). D’un autre côté, on leur soumet un conte de Perrault en version intégrale, truffé d’imparfaits du subjonctif et de mots qu’aujourd’hui on ne leur apprend malheureusement plus : « Comme on aime naturellement son semblable, cette mère était folle de sa fille aînée et, en même temps, avait une aversion effroyable pour la cadette. Elle la faisait manger à la cuisine et travailler sans cesse. Il fallait, entre autres choses, que cette pauvre enfant allât, deux fois le jour, puiser de l’eau à une grande demi-lieue du logis et qu’elle en rapportât plein une grande cruche. Un jour qu’elle était à cette fontaine, il vint à elle une pauvre femme qui lui pria de lui donner à boire. » Un tel emploi de « prier » est rare, de nos jours, peu d’enfants savent combien mesure une lieue, à part les lecteurs assidus du Petit Poucet, ils n’utilisent guère de cruches, leurs parents n’utilisent plus le mot « aversion » et on ne parle plus de nos « semblables » pour désigner nos contemporains. Oui, avant, quand les enfants lisaient au lieu d’être scotchés devant leurs écrans - achetés par leurs parents, n’est-ce pas ? - et que l’école remplissait ses fonctions avant qu’ils n’atteignent l’âge de 11 ans, les choses étaient différentes. Mais de nos jours, ce texte paraît un peu déconnecté du réel pour une évaluation de ce type.

Revenons à nos chiffres, mais je pense que vous avez déjà perçu le décalage sous-jacent.
L’étude PISA révèle que la France est le deuxième plus mauvais pays sur les 78 ayant participé à l’étude en termes de désordre en classe. Ce sont les élèves de 15 ans interrogés qui en témoignent eux-mêmes. Et cela corrobore l’avis des parents, qui sont 86 % à déplorer le manque de discipline en classe.

Une salle de classe est le reflet de la société dans laquelle elle s’intègre, mais aussi l’antichambre de la société future.

 

Sources : OpinionWay, Eduscol, observatoire-hexagone.org, L’Étudiant

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/02/2025 à 22:57.
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Virginie Fontcalel
Professeur de Lettres

Vos commentaires

87 commentaires

  1. Ceci est effectivement la triste réalité, mais chère Madame ce texte que vous jugez inabordable est du Français et non un goulbigoulba contemporain.
    Juste autre chose, nous sommes en zone B et après cinq semaines de classes, déjà deux semaines de vacances ,ce n’est plus une année scolaire et là comment voulez assurer un travail suivi.

  2. J’avais été particulièrement frappé par la polémique, il y a quelques années, autours de l’utilisation du mot « ludique », que semble-t-il beaucoup de candidats au BAC ne connaissaient pas. C’est pourtant un mot très ordinaire, il ne s’agit pas là d’imparfait du subjonctif, mais une part non-négligeable de ces 17-19 ans en ignoraient jusqu’à l’existence même. Terrifiant. J’ai aussitôt appeler mes propres enfants pour m’assurer qu’eux le connaissaient, et par là, me rassurer un peu sur mon propre rôle d’éducation…. ouf, ils savaient.

    • Madame Borne se fout éperdument du sort des enfants qui ne sont pas de son monde. Quelle hypocrisie de se réjouir des résultats du BAC tout en sachant qu’une bonne moitié des élèves va perdre son temps en FAC. L’école Française escroque les parents qui n’ont pas « les codes » comme on dit et fabrique des frustrés qui voteront LFI.

  3. On a abandonné l’éducation à la gauche pour ne pas lui confier l’industrie. On a abandonné les médias à la gauche pour ne pas lui confier l’économie. Ainsi aussi pour la culture. Et comme finalement, l’éducation, la culture et les médias ont fini par peser sur nos choix, on a abandonné aussi l’industrie, le commerce extérieur et le rayonnement international. Au final, on a abandonné la France.

  4. Les erreurs de recrutement se payent très lourdement: Recruter un professeur chez LFI est aussi grave que de nommer une ministre de l’éducation pas nationale chez « En marche vers la falaise », ou pire encore que d’élire un président artificiel qui voulait être un marchand de voitures!

  5. Des statistiques qui, au-delà de l’information qu’elles donnent sur le niveau des élèves, sont également très parlantes sur la qualité moyenne des enseignants chargés de transmettre le savoir.
    D’où nos compliments d’autant plus sincères à ceux et celles, trop rares, qui ont le courage, le bon sens, et donc le mérite de persister sur la voie qui avait été montrée par leurs anciens.

  6. La véritable justice serait de faire des classes de niveaux.
    Justice pour les meilleurs qui pourraient donner ce qu’ils ont, sans frein.
    Justice pour ceux qui se sentent largués. Des cours adaptés, simplifiés, pour qu’ils assimilent les bases. Je pense que comprendre, encourage. De là, il est possible d’imaginer une évolution positive.
    La Gauche aveugle y voit une honte, alors que ce serait leur donner une chance.

  7. Quand je suis parti à la retraite (cela fait bientôt vingt ans), j’ai quitté une entreprise où 12 des 13 directeurs que j’y ai connus étaient en-dessous de mon niveau d’orthographe (lequel est bon, mais sans plus), vu leurs notes de service, pourtant censées être corrigées par leurs secrétaires respectives (donc pas mieux qu’eux). J’ai aussi vu des directives de chefs de service du personnel perdant leur sens à cause des fautes grammaticales!

  8. Dans les années 70, un certain pourcentage seulement de jeunes allaient au bac, il y avait très peu de mentions, et ce bac suffisait pour candidater à de nombreux emplois. Aujourd’hui, quasiment tous les jeunes ont un bac, les mentions pleuvent et une grande proportion continuera les études. Pourtant la maîtrise du français et des mathématiques n’a jamais été aussi mauvaise…

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