[Une prof en France] La laïcité et la Pentecôte : les incohérences de l’école laïque

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Certains sont en pèlerinage. D'autres profitent simplement du jour de repos que l'État laïc offre, lundi, à toute la société. Aucun de mes élèves ne savait pourquoi l'école était fermée, lundi. Quand je leur en ai parlé, ils m'ont répondu, comme une évidence : « Ben, c'est un jour férié. » Ils ont été surpris que je leur en demande la raison : ils ne s'étaient jamais posé la question et semblaient découvrir que les jours fériés n'étaient pas distribués de manière aléatoire mais qu'ils étaient liés à des événements particuliers...

Alors que les traditionnelles vacances de Pâques sont devenues les vacances de printemps...

Je serais sortie de mon rôle en leur expliquant dans le détail ce qu'est la Pentecôte. Mais je m'interroge sur le manque de rigueur et de cohérence de l'école soi-disant laïque dans la gestion de notre calendrier qui est, quoi que l'on en pense, imprégné de notre culture chrétienne séculaire. Alors même que le ministère a changé le nom des vacances et que les traditionnelles vacances de Pâques sont devenues les vacances de printemps, je ne laisse d'être surprise que la cantine distribue des chocolats, cette semaine-là. Les élèves ne savent pas pourquoi ils mangent des chocolats à ce moment-là de l'année et ils prennent juste cette friandise avec plaisir et associent avril et chocolat comme on associe juin et cerises, août et nectarines. Ils étaient très intéressés quand je leur ai raconté la petite histoire des œufs. Là, on ne fait pas vraiment d'entorse à la laïcité, c'est juste de la culture générale... Je leur ai donc expliqué que les catholiques, « avant », jeûnaient de façon rigoureuse pendant tout le Carême - que l'on explique, maintenant, en faisant référence au ramadan... O tempora, o mores... - mais que les poules se souciaient peu des préoccupations spirituelles des humains et continuaient de pondre pendant ces quarante jours. Les gens avaient pris l'habitude de décorer ces œufs surnuméraires et de se les offrir à Pâques. Mes élèves m'ont demandé pourquoi on ne leur expliquait pas tout cela. C'est une question qu'ils posent souvent. Elle est un peu hypocrite, car on leur dit beaucoup de choses qu'ils ne retiennent ni n'apprennent. Mais il est vrai que certains sujets sont rarement abordés, entre autres ceux qui ont trait à la dimension religieuse de notre culture.

Vu le déclin du catholicisme en France, on peut s'interroger sur l'avenir de ces jours fériés, qui sont pour l'essentiel liés à des fêtes religieuses dont plus personne, surtout parmi la jeune génération, ne connaît le sens ni l'origine. La même question s'était posée pour l'Ascension et pour la Semaine sainte, qui était pour nous sur temps scolaire. J'ai encore fait une petite entorse et j'ai expliqué à mes élèves ce qui justifiait que le lundi fût chômé. Ils étaient pour la plupart intéressés, aucun d'eux n'a brandi l'étendard de la laïcité, même les musulmans, qui sont les premiers étonnés de l'inculture de leurs camarades. Ce sont les adultes qui, tantôt par idéologie pure, tantôt par lâcheté, projettent leurs obsessions sur les jeunes et leur coupent le chemin de la connaissance et de la tradition. La plupart des élèves ne demandent qu'à comprendre le monde qui les entoure, du moment que cela ne leur demande ni trop d'effort ni trop de travail...

Virginie Fontcalel
Virginie Fontcalel
Professeur de Lettres

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Je ne suis pas d’accord et je suis totalement opposé à ces changements des jours fériés ! La France est et serra toujours une terre Chrétienne ! Et elle doit le rester ! Hervé de Néoules !

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