[Une prof en France] Le chèque-éducation pourrait-il sauver l’école ?
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Ce qui ne laisse d'étonner en France, c'est que les gens dépensent autant d'énergie pour râler et aussi peu pour se former sur le plan théorique. Le mécontentement des parents d'élèves est patent et se manifeste de diverses manières, mais surtout par des discussions en privé au cours desquelles ils laissent libre cours à leur amertume, à leur déception et à leurs angoisses. Pour autant, force est de constater que peu d'entre eux prennent le temps de se renseigner sur les modèles alternatifs qui existent et que la résistance idéologique de la majorité du pays au changement, réel et profond, persiste.
Un changement de paradigme s'impose pourtant. La multiplication des écoles indépendantes en France révèle que certains parents sont prêts à agir, mais leur nombre reste encore anecdotique et les obstacles qu'ils ont à franchir sont nombreux, et parfois insurmontables. Les esprits semblent avoir été totalement formatés et la vision jacobine de l'éducation n'est plus un sujet de débat, alors même qu'elle est, dans son fondement idéologique, parfaitement contestable. On échappe difficilement au contexte socio-culturel qui nous a vu grandir et nous sommes tous porteurs d'habitus qui formatent notre réflexion. Les Français se renseignent trop peu sur ce qui se fait à l'étranger en matière d'éducation et se réfugient dans une nostalgie qui leur fait juste regretter l'école « d'avant », qui aurait « fonctionné ». Tout cela est bien flou. L'école « d'avant » a pris en France des formes très diverses selon les époques et on peut douter qu'elle ait toujours parfaitement fonctionné…
Cela étant posé, prenons comme angle d'approche la question du financement de l'école. Premier budget de l'État, La dépense intérieure d'éducation en France s'élève à un peu plus de 160 milliards d'euros. C'est beaucoup. Et le résultat est celui que l'on connaît. Selon l'INSEE, entre 1980 et 2010, alors même que le niveau scolaire s'effondrait, les dépenses d'éducation augmentaient de 88 %. Et cela a continué au cours de la décennie suivante. Ce n'est donc pas une question de moyens, nous sommes bien d'accord, même si on se demande quand même où part tout cet argent…
L'économiste Milton Friedman avait développé, dans les années 1960, l'idée d'un chèque-éducation, idée peu relayée dans les pays à système monopolistique. Chaque enfant se verrait attribuer une somme annuelle forfaitaire, égale pour tous, qui serait versée à l'établissement choisi par les parents. Cela pourrait induire une saine mise en concurrence des établissements scolaires qui les obligerait à affiner et à préciser leur offre éducative, à clarifier leurs choix pédagogiques et à assurer au mieux l'accueil et l'accompagnement des élèves. Cela n'entraverait pas la coexistence d'une filière publique et d'une filière privée, les parents étant libres de compléter ce chèque par un financement propre si tel est leur souhait.
Dans notre système normalisé, étatique et centralisé, personne n'est responsable de rien, ni les ministres, ni les fonctionnaires des rectorats, ni les directeurs d'établissement, ni les enseignants. Les élèves, pourtant, savent bien quel professeur fait correctement son travail et quel autre dysfonctionne, et les parents ont souvent un avis assez lucide sur l'établissement que fréquente leur enfant. Si on leur offrait la liberté de choix, il faudrait dans le même temps - et ce serait une conséquence logique - ouvrir l'école à la diversité pédagogique pour que les établissements puissent se distinguer les uns des autres et on devrait, de manière régulière, faire le bilan de l'efficacité des méthodes choisies, faire les ajustements nécessaires, développer l'innovation et former des enseignants dignes de ce nom, étant donné qu'ils seraient responsables de leurs résultats. Tous les biais possibles du système existent déjà dans celui qui est en place aujourd'hui. On ne risquerait rien à opter pour ce mode de financement. Mais on réintroduirait deux notions qui ne sont vraiment pas à la mode : la liberté et la responsabilité. Gageons que nous ne sommes malheureusement pas près d'entendre parler du chèque-éducation…
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20 commentaires
Pour moi , ne vous en déplaise, l’idéologie est du côté des enseignants plutôt que des parents . Votre idée des solution alternatives, serait interessante si elles existaient et étaient acceptées pour tout le monde . En attendant qu’advienne cette utopie, l’école de notre enfance , avec des ajustements nécessaires pour y admettre les technologies nouvelles, cette école a fait ses preuves lme semble t’il . Comparons notre niveau dans bien des domaines à celui des nouvelles générations et , depuis l’orthographe et les maths jusqu’au raisonnement et la réflexion, elle a fait ses preuves .
Sil n’y avait qu’un seul sujet relatif à mon éducation, au sens large du terme, pour lequel au quotidien je me devais remercier mes parents, c’est celui de m’avoir permis de fréquenter « l’école libre », plus particulièrement des établissements religieux catholiques dès l’âge de 6 ans.
Ceci s’appliquant à ma sœur.
Plus je vieillissais, plus cela s’avérait évident, et à 72 ans cela ne fait l’objet d’aucun doute.
Vous avez tout à fait raison, c’est par la seule volonté de détruire le savoir de nos enfants que l’éducation nationale en est là. Ma fille a fait toute sa scolarité en école hors contrat et m’en remercie !
Le hic, c’est que cela a changé. A notre époque, les écoles libres étaient vraiment libres et l’école libre catholique avait des professeurs catholiques, depuis que l’école libre est sous contrat il y a aussi des brebis galeuses qui viennent mettre la discorde et endoctriner avec la propagande qui se retrouve partout.
L’école d’avant fonctionnait, ne vous en déplaise. Elle méritait seulement des ajustements à la marge pour s’adapter aux moyens techniques mais pas dans con contenu comme cela a été le cas. J’ai grandi dans les cités minières du Nord de la France et , fils d’un père ouvrier et d’une mère au foyer. Et j’ai pourtant réussi à obtenir un diplôme d’ingénieur. Et pour cela je rends grâce aux enseignants, du primaire aux lycée, qui m’ont soutenu et motivé car ils étaient conscient de mes capacités. et j’ai même des copains d’origine polonaise qui ont réussi aussi bien que moi. Mais dans cette école d’avant, les enseignants s’occupaient de faire grandir leurs élèves au maximum de leurs possibilités et se donnaient pour cet objectif. Pas sûr que ce soit toujours le cas.
Eh oui les deux Jacques… à l’école des années 1950 et suivantes, il y avait l’étude du soir, jusqu’à 18 h où nous faisions nos devoirs et apprenions nos leçons, surveillés par quelques instits qui nous aidaient, le cas échéant…. et notre cartable était beaucoup plus léger pour rentrer à la maison…! Mais nous savions tous lire, écrire et compter, filles et fils de patron, d’ouvrier, de fermier …. et maintenant ?
Mais si il faut en parler : c’est le sujet central de la qualité de la transmission ! Imaginez ce que serait l’éducation en France si « l’enseignement privé » (de tout) n’avait pas signé les accords de 1984 dans les termes où ils l’ont été ! Nous aurions un vrai système alternatif qui aurait de l’influence positive sur la totalité de l’institution ….
Quel accord ?
Bonjour Virginie. Avant de répondre à votre idée, je vous soumets cette réflexion entendue sur Europe 1, à propos du traitement de l’affaire Paty. L’invité a émis cette qualification « La fraternité dans l’enseignement « . Un sourire m’est venu. Il serait bien étonnant que la « fraternité » qui règne dans les universités soit laissée aux portes des établissements scolaires. Certainement , d’entrée, de gros efforts à entreprendre sur ce sujet. Venons en à votre idée. Elle serait applicable mais, à mon avis, vous négligez un paramètre fondamental, indispensable à la réussite de ce projet, l’autonomie du Directeur d’établissement, sa liberté de choix des enseignants. Imaginez les résultats d’une entreprise privée dans laquelle le chef d’entreprise embaucherait des salariés incompétents ! L’argent qui lui serait apporté par les actionnaires risquerait fort d’être placé dans un tonneau des Danaïdes. Par ailleurs, vous doutez que les écoles du passé aient parfaitement fonctionné ! Vous avez raison mais une question se pose. Est-ce le fonctionnement de l’école qui est primordial ou le résultat acquis, retenu par l’élève ? Il est certain que si l’école est mal gérée, la qualité des résultats risque fort d’être dégradée. Mais on peut supposer l’existence d’une mauvaise gestion accompagnée d’enseignants responsables, en capacités « d’étouffer » cette mauvaise gestion au profit de l’élève. Une gestion transparente pour l’élève, ce qui est indispensable. Bonne semaine Virginie.
Intéressant.
Nous devenons bêtes et incultes…Ce n’est pas grave la Macronie a la solution : un petit chèque et tous le monde est content.
Oui car c’est facile de distribuer l’argent des autres. Macron, lui, sera déjà parti avec une bonne retraite alors que les Français, eux, devront encore pédaler longtemps pour rembourser la dette pharaonique. Et qui ricanera ?….
L’argent dépensé en pure perte pour l’éducation ( on préférerait le mot « instruction « ) de nos enfants, est illustré dans la mythologie antique par le tonneau des Danaïdes… Par exemple, ce qu’on ne dit que trop peu depuis la dernière rentrée scolaire, et la mise en œuvre du fameux « Pacte enseignant », c’est que celui-ci sert en grande partie à rémunérer généreusement les professeurs dont la faible activité professionnelle, pour ne pas dire pire ( peu ou pas de copies à corriger, de cours à préparer) leur laisse beaucoup de temps pour faire des heures supplémentaires. C’est ainsi que dans de nombreux établissements les heures D’EPS, entre autres, ont explosé. Les élèves n’ont pas de cours de maths, de français, mais qu’importe, ils font du sport, ou regardent des vidéos. Certains « remplaçants » font leur travail sérieusement, mais combien sont ceux qui profitent du système pour augmenter significativement leur salaire ? Un professeur agrégé, qui passe beaucoup de temps à préparer ses cours et à corriger soigneusement ses copies, gagne désormais nettement moins que les nouveaux signataires du Pacte. Ce qui est vraiment enseigné et transmis aux élèves, tout le monde s’en moque. L’essentiel est qu’il y ait un adulte devant une classe et que les apparences soient sauves.
Je suis moi-même professeur de Lettres classiques, en fin de carrière, et l’effondrement du niveau des élèves, de toute l’institution en fait, me désole profondément. Oui, l’argent jeté par les fenêtres, dans l’Education Nationale, est un sujet toujours d’actualité !
Lorsque j’enseignais en fac de médecine, je faisais une chose que m’avait apprise un de mes patrons, j’enregistrais mes cours sur magnétophone à l’époque, et je les écoutais chez moi au calme, j’ai appris beaucoup de choses sur ce qu’il ne faut pas faire, en particulier partir du principe que tous vos étudiants vous ont compris, grave erreur, comme disait l’autre, si vous m’avez compris, c’est que je me suis mal exprimé.
J’ai été formatrice pour formation continue en EHPAD, maisons de retraites, hôpitaux, cliniques = mes élèves devaient me noter et écrire pourquoi, comme l’exigeait l’organisme de formation agréé qui m’employait. Sans compter le tour de table obligatoire tous les jours avec questions multiples
C’est aussi une bonne méthode pour comprendre et constater les erreurs de pédagogies et ainsi s’améliorer.
Si ce n’est que des vieilles formatrices comme moi, étaient parfois envoyées au pied levé dans des établissements où les jeunes formateurs partaient en pleurant (oui, à notre époque, les jeunes et les moins jeunes élèves sont aussi mal élevés) et j’ai vu des adultes de 45-50 ans sans connaissances de base , ce qui m’a fortement inquiétée, mais c’est ainsi!
De l’art de comprendre et de se faire comprendre : vaste programme !
Liberté et responsabilité….un rêve inaccessible en France.
Reste la liberté de payer des cours de soutien pour combler un peu ce qui n’a pas été appris alors que c’était juste le programme … Décidément les enfants sont FORMIDABLES .
Vous résumez bien la situation et comme vous le soulignez nos élites ne veulent surtout pas que nous puissions choisir entre liberté et responsabilité et font tout pour expliquer que ce serait antinomique.
Avant tout rétablir l’ordre et la discipline dans ces écoles . Des gamins qui se permettent d’insulter des profs et perturber les cours devraient être fortement sanctionné et les parents également . Revenir en arrière pour l’enseignement avec des méthodes qui ont fait leurs preuves , recruter des gens capables et supprimer ces interventions malsaines dans certaines écoles . Quand au écoles privées elles n’ont pas la capacité actuellement de répondre à toutes les demandes , c’est en tous les cas ce qui se passe chez nous , les demandes explosent , allez donc savoir pourquoi . Et puis revenons sur la fameuse prime de rentrée que de nombreux parents ne percoivent pas , en travaillant à deux ils sont au dessus du plafond , injustice et discimination . Il est vrai aussi que de nombreux enseignants ou syndicats scolaires demandent à ce que cette prime ne soit plus versé directement aux parents parce que bien souvent cert argent est détourné pour des achats qui n’ont rien de scolaire .