[UNE PROF EN FRANCE] Les calandretas, un modèle à étendre ?
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Parlez-vous occitan ? Moi, non. Je comprends quelques mots du patois que parlaient mes grands-parents, mais je ne pratique pas l’occitan proprement dit. Pour autant, je regarde avec un grand intérêt le développement prospère, dans le sud de la France, de petites écoles publiques, semi-rurales, nommées les Calendretas.
Les Calandretas sont des écoles associatives immersives qui enseignent en occitan et en français. Officiellement, elles s'inscrivent dans une démarche de sauvegarde et de transmission de la langue occitane. Bien avant la Charte européenne de défense des langues régionales et minoritaires de 1992 et la loi Molac qui pérennise cela en France en 2021, la première Calendreta a ouvert ses portes à Pau en 1980, avant que d’autres écoles ne s’implantent progressivement dans diverses régions occitanophones, formant un réseau qui s'étend aujourd'hui en Occitanie, en Provence, en Aquitaine et même dans certaines zones urbaines plus éloignées. Mais ces structures ne sont pas seulement des réserves linguistiques. Elles se distinguent par leur approche pédagogique inspirée des méthodes de Célestin Freinet et privilégient de petits effectifs et une pédagogie active qui inclut l’usage de techniques coopératives et la mise en avant de l'autonomie des enfants dans leurs tâches quotidiennes.
Ce qui est étonnant, c’est que ces écoles sont essentiellement sous contrat, voire publiques. Il existe donc un moyen d’échapper, tout en restant dans le giron de l’État, aux classes surchargées dans lesquelles prévaut une schizophrénie délétère qui apparie idéologie laxiste et égalitariste et standardisation sélective cachée. Certains écoles ne demandent qu’une adhésion à l’association (autour de 50 euros par an), d’autres imposent des frais de scolarité, mais comme elles sont associatives et souvent subventionnées, ces derniers restent raisonnables et toujours corrélés aux revenus des familles, alors qu’est maintenu le principe des effectifs réduits, ce que ne peuvent pas faire les établissements catholiques sous contrat auxquels l’État impose des jauges contraignantes (menace de fermeture d’une classe de primaire en dessous de 26-28 élèves).
Dans ces écoles, les élèves sont initiés aux chants, danses et traditions locaux, dans un cadre qui dépasse le simple apprentissage linguistique, pour embrasser un véritable projet culturel. Les journées de classe incluent souvent des activités en lien avec le patrimoine local, des fêtes calendales et des pratiques artistiques régionales. Aujourd'hui, le réseau des Calandretas regroupe plus de 70 établissements en France, accueillant près de 4.000 élèves, de la maternelle au lycée.
Une Calendreta, en occitan, c’est une petite alouette. Chez les Gaulois, l’alouette était un oiseau sacré, et même un talisman : « Celui qui porte sur lui les pieds d’une alouette, vrais ou figurés, ne pourra être persécuté » (Didier Colin, Dictionnaire des symboles, des mythe et des légendes, 2000). Traditionnellement, en France, l’alouette est évoquée dans les comptines enfantines comme l’oiseau qui vole haut pour aller demander à Dieu le beau temps. Belle image pour définir l’apprentissage ! Laissons Bachelard nous en parler : « Couleur d’ascension… un jet de sublimation… une verticale du chant… une onde de joie. Seule, la partie vibrante de notre être peut connaître l’alouette. »
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13 commentaires
volèm viure liures, Ma tante institutrice à CHANAC apprenez aux enfants à parler « le français »correctement car ils parlaient TOUS le patois et beaucoup de ces gars sont morts en 1940 en défendant leur pays LA FRANCE !!!
Où est le problème ?
Merci Mme Fontanel de nous avoir révélé ces interessantes alternatives…
Ce que vous ne précisez pas, chère Mme Fontcalel, c’est si, dans ces écoles, les enseignements fondamentaux (lire, écrire, compter) sont dispensés correctement, ni si les théories du genre (faisant officiellement partie des programmes) y sont enseignées. Si la réponse est oui à ma première question, et non à la seconde, alors ce système est parfaitement louable.
E la mappa emblida tanben las escolas publicas oun l’ensenhament se fa en Oc . Et la carte oublie aussi les écoles publiques où une partie de l’enseignement se fait en Occitan. Par exemple à Saint Affrique, patrie du grand général de Castelnau qui lui même s’adressait à ses soldats du midi en Occitan. A part ce que s’imaginent par paresse quelques vieux messieurs de l’Académie française les langues de la France n’ont pas empêché le patriotisme. Il y a dans les écoles occitanes beaucoup d’enfants de l’immigration dont les parents apprécient de pouvoir accéder aux racines bimillénaires de leur nouveau pays. Et les enfants sont heureux de s’assimiler dans des écoles de très bon niveau et de grand bonheur
« Alouette, gentille alouette… » Connaissez-vous la chanson Virginie ? Bonjour . A la suite d’une plume trempée dans le citron, de la poésie ? Merci. Mais vous nous chagrinez . Je perçois le décalage, voire le fossé qui s’est creusé entre un passé tant décrié et un présent qui semble en contradiction avec ce que vous décrivez, puisque vous considérez profitable cette approche de l’enseignement. Certainement plus académique que de formater les plus jeunes enfants aux exercices de la sexualité. Pourquoi chagriné ? Nous avons vécu ce que vous décrivez, à grande échelle, en école primaire publique. Et apparemment, cela ne se fait plus. En primaire, j’ai appris solfège, piano, chant, dans l’école ordinaire d’une grande ville. Transféré dans un petit village de Picardie, j’ai appris les danses traditionnelles , le quadrille entre autre, en costume d’époque. J’ai appris à disséquer une grenouille afin d’en connaitre les principaux organes. J’ai appris des rudiments d’orgue avec le curé du village. Toute la classe était intéressée à ces disciplines. Naturellement, en fonction des tempéraments, tous n’étaient pas motivés mais les exercices et la pratique étaient disponibles. Aujourd’hui, on se cherche alors que tout est sous nos yeux. Il suffit d’une volonté et comme disent certains, d’un changement de logiciel. Mais les forces réfractaires sont puissantes, ces « sachants » prétentieux qui planent dans leur monde étriqué. Il y a de quoi être révolté. Bon…. calmons-nous. Ces disciplines du passé ouvraient les esprits à ce qu’il y a de plus noble. La discipline enseignée permettait des ouvertures vers ce qui la portait, les auteurs, les méthodes, les logiques, les origines, etc. Ce qui forgeait, ce qui asseyait les mentalités. Aujourd’hui, les enfants sont comme perdus, en recherches de points d’appuis, de repères. Et dans bien des cas, les parents sont aux abonnés absents, trop occupés à satisfaire leur individualisme. Ces enfants s’orientent donc vers le plus facile, ce qui est à leur portée naturelle. Bon… Je m’exalte à nouveau. Calme J.F… calme. Virginie, toujours heureux et instructif de vous lire. Une ouverture sur le monde de l’éducation. Encore merci et bonne semaine. Bon courage.
A l’idéalisme pastoral il faut aussi rajouter un contenu « babacool », un relativisme de gauche (autorité) et le recrutement d’instits en roue libre. Pas sûr que les gamins apprennent les fondamentaux dans ces colonies de vacances. C’est la raison du soutien officiel. Une bonne école de formatage idéologique.
Intéressant…pas d’education
Pas d’éducation sexuelle dans ces classes ?
l’image parait belle mais est-ce bien une solution si prometteuse pour l’ensemble du pays? il est permis d’en douter.
Voici sans doute pourquoi on ne voit plus d’alouettes monter de nos champs entre Nice et Bordeaux . Il en est de même entre Nantes et Brest . Ces écoles fabriquent une langue nouvelle entre villes qui ne se comprenaient pas il y a vingt ans . L’effort pourrait être encouragé si ce n’était dans l’espoir d’éteindre le patriotisme français.
Aymar visiblement vous ne connaissez pas le sujet. Quant j’étais jeune, pendant les vacances, un biterrois, un marseillais, un caussenard et un Cantalou jouaient à la belote sous mes fenêtres ; pas un mot de français. Et quand je suis allé au Val d’Aran j’y ai acheté mon équipement de ski avec le commerçant sans un mot de français ! Alors oui certes l’IEO a fait un travail d’unification, et de restitution : comme le français jadis…
Je ne peux parler que de ce que je connais en Bretagne : les écoles Diwan et les écoles bilingues (dans l’enseignement public et dans l’enseignement catholique). Ce n’est pas si rose. Le recrutement des professeurs est difficile (dans l’enseignement public, on descend à 8/20 au concours). Ce sont souvent des écoles à une ou deux classes (donc beaucoup de niveaux à gérer). Les parents, au fil des ans, sont de plus en plus des bobos. Le niveau dépend beaucoup de l’enseignant mais, globalement, il n’est pas meilleur (et souvent pire). C’est une façon de transmettre une culture mais je ne pense pas que cela va remonter le niveau.
Peut on parler d’égalité quand dans un pays qui s’en réclame, les écoles catholiques subissent plus de contraintes que des écoles qui enseignent les langues régionales alors que tout est fait pour ne plus enseigner le latin pourtant indispensable à la bonne pratique du Français.
Le latin est aussi très nécessaire comme gymnastique cérébrale puisque on a supprimé les enseignements de logique formelle et de rhétorique : désormais le tout maths(algèbre) qui serviront à 0,9% des adultes.