[Une prof en France] Les parents sont-ils informés du désastre scolaire ?
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J'ai rencontré, hier, à la boulangerie, une maman d'élève. Eh oui, c'est le charme des petites villes de province. Son fils est une espèce d'élève modèle : travailleur, sérieux, enthousiaste, curieux, il aime apprendre, il aime l'école, il fait tout ce qui est demandé en outrepassant les attentes des professeurs. C'est donc un OVNI dans mon établissement. Entre une tarte au citron meringuée et une chocolatine, je converse un peu avec cette maman, et me vient alors à l'esprit une question qui me trottait dans la tête depuis quelque temps au sujet de ce garçon : que fait-il donc là ? N'a-t-elle jamais envisagé de le scolariser ailleurs, dans le privé par exemple, où il serait confronté à une plus grande exigence et où il pourrait également, et surtout, côtoyer quelques adolescents lui ressemblant, ce qui serait certainement plus épanouissant ?
La réponse qu'elle a apportée à ma question m'a surprise au plus haut point. Pour elle, les établissements privés récupèrent les élèves qui ont été exclus de partout mais dont les familles ont de l'argent… En 2024, il subsiste donc des parents dont l'imaginaire reste contaminé par Les sous-doués passent le bac et qui croient que tout le privé se réduit aux boîtes à bac dont on se gaussait dans les années 80 ? Cela semble improbable… Et pourtant, c'est bien ce que j'ai entendu hier.
Si une partie des parents français sont « éveillés » et se rendent compte de l'effondrement de la formation reçue par leurs enfants dans le système public, d'autres, visiblement, restent d'une grande naïveté et n'ont pas suivi l'évolution de l'école au cours des dernières années. Ils la voient encore à travers le filtre de leur propre expérience, de leur propre jeunesse, et lui appliquent donc une grille de lecture obsolète qui les empêche de faire les choix qui seraient les plus favorables à leurs enfants. Il est difficile, sur tous les sujets, de suivre l'évolution de la société et de se tenir informé. Le flux constant d'informations, contradictoires, orientées, volontairement suffocantes, incite peut-être certains adultes à créer autour d'eux une sorte de bulle. Dans certains milieux, on pense que la défiance, légitime, par rapport à l'État, est la norme car elle découle d'une simple analyse lucide du réel que l'on a sous les yeux. Mais le réel est protéiforme et il semble - comme certaines expériences de communication de masse vécues au cours des dernières années le prouvent - que la plupart des gens, bien qu'ils râlent et marmonnent, conservent de façon assez invraisemblable une profonde confiance dans les organes étatiques et croient exercer leur esprit critique et leur capacité d'analyse en se méfiant de ce qui sort de la doxa… Pourtant, il n'y a pas plus « conforme » que les établissements privés sous-contrat, qui usent avec peu d'empressement de la liberté assez grande que leur offre leur statut et qui n'ont de cesse, dans la plupart des cas, de montrer patte blanche auprès du rectorat et du ministère.
Si nul n'est censé ignorer la loi, nul ne devrait non plus ignorer le réel.
25 commentaires
il y a partition entre les milieux sociaux, chacun vit dans son monde. Lorsqu’on est bon élève on réussit partout.
Autrefois on se retrouvait tous à la messe ou la kermesse; le lien social excitait .
Le niveau pose problème partout, en amenant tous les élèves au bac on fait automatiquement baissait le niveau. de tous.
Mais le pire ce sont les programmes et l’offre culturel qui orientent vers la pensée unique.
c’est dans la famille que l’on se cultive.
Où exerce cette dame?
Pas d’accord ! Quand on est bon élève, on ne peut pas réussir dans une classe ou vous êtes le souffre-douleur parce que curieux et motivé. Que signifie réussir ?
Le réel ce sont mes petits enfants qui sont parmi les premiers de la classe en français dans leur école publique et sont incapables d’écrire une liste de courses sans faire 3 fautes par phrase . Nous , les grands parents , sommes horrifiés . Mais leurs parents ( nos enfants) n’y voient pas autre chose que des étourderies sans importance . Il ne faut pas oublier que nos enfants sont ceux qui ont fréquenté l’école des années 1990 . Années de déconstruction de l’école et du savoir . Nous mêmes avions nous saisi toute l’ampleur du désastre a l’époque .? Pour moi , non, hélas ….
Mes enfants ont fréquenté une ’école publique dans les années 1995-2000 appliquant la méthode semi-globale.
Dès le CP, je suis restée attentive à leur évolution avec petits exercices ludiques puis plus tard avec des dictées régulières dont ils me parlent encore aujourd’hui. Pourtant, aujourd’hui ce sont des trentenaires qui maîtrisent notre langue malgré le langage sms qui a envahi leur quotidien. Il leur arrive même de me renvoyer un correctif lors d’une faute d’orthographe d’inattention
… Ce qui nous fait bien rire !
Même si l’enseignement n’est plus le même, les parents ont plus que jamais un rôle prépondérant dans les études de leurs enfants.
Hélas, trop peu en ont conscience…
Après une carrière complète dans l’enseignement public, en tant que professeur puis chef d’établissement, je dois avouer que je ne pourrais plus y travailler. Plusieurs causes à cette impossibilité : l’évolution de la population scolaire, celle des enseignants actuels, l’absence de rigueur des instructions ou celle d’exigence des commentaires officiels.
Il est facile de repérer, chez nos contemporains, la faiblesse des connaissances retenues, qu’il s’agisse de la langue, de l’histoire, de la géographie ou des sciences.
Le privé bénéficie d’une meilleure image ; un seul souhait : qu’il puisse la conserver… N’ai-je pas lu sur BV qu’un établissement de Pau allait être l’objet de la visite d’une demi-douzaine (de mémoire) d’inspecteurs ? Pourvu qu’il puisse continuer son œuvre d’instruction et d’éducation de qualité !
A la lecture de votre article, Madame le ministre Sarah El Haïry pourrait dire : « Ne jeter pas l’eau propre sur les écoles privées ».
« Pourtant, il n’y a pas plus « conforme » que les établissements privés sous-contrat, qui usent avec peu d’empressement de la liberté assez grande que leur offre leur statut. » Qu’en savez-vous ? Et quelle est cette « liberté assez grande » dont disposerait ces établissements ?
Souvent analphabètes fils d’analphabetes, vous êtes tombée sur une rare exception. Ne s’étonner de rien avec l’intégration à marche forcée de personnes n’ayant pas trois mots de français a leur vocabulaire, favorisant le nivellement par le bas et les nouvelles générations avec un smartphone à la place du cerveau sachant à peine sortir une phrase, nous allons assurément vers des lendemains qui déchantent…
Pour voir les dégâts de l’école, pas besoin d’aller bien loin : combien de commentaires de lecteurs sous cet article (et les autres) sont exempts de fautes d’orthographe ou de grammaire ? Si certaines ne sont que des fautes de frappe, il suffirait de se relire pour les corriger. Non ?
L’état endette la France de ceux qui travaillent pour nourrir des crétins incapables de trouver un emploi.
Quel patron voudrait, après entretien, tests et essais, un bachelier sauvé par le système de notation de recteurs angoissés eux même d’être mal notés.
A quoi celà sert-il de bien travailler à l’école quand on sait que les diplômes sont gracieusement donnés, que l’embauche se fait par piston communautaire ou idéologique et que, pour ceux qui restent à l’écart, le RSA (à peine inférieur au SMIC) leur assurera de quoi vivre correctement. Et puis, comme disait la chanson d’avant-guerre (le lycée Papillon) : »… et puis comme plus tard, j’veux dev’nir ministre, moins je s’rais calé, plus j’aurais d’valeur ! »
Pas du tout d’accord !
Précisément, il faut travailler encore plus pour accéder à des études supérieures et survivre au 1er écrémage qui arrivera inévitablement.
Dès la fin du 1er trimestre en 1ère année de Licence où 50% des étudiants abandonnent et où des cours de français de base (si, si !) sont dispensés à TOUS les étudiants !
Quant à l’embauche par piston quel qu’il soit est encore une idée reçue qui ne concerne que peu de monde.
Mes enfants ont des postes de cadre obtenus par leur seul mérite.
Conclusion : parents, encouragez vos enfants, soutenez-les et ne comptez pas que sur l’institution pour leur réussite.
Vous n’avez pas compris que c’était du 2me degré !
La plupart des parents sont des niais qui ne voit que le diplôme quoiqu’il vaille et prennent l’école non comme l’apprentissage de la vie qui n’est pas une roseraie mais se complaisent dans les sorties récréatives et n’envisagent même pas la possibilité que les enfants puissent y trouver des difficultés. Im faut qu’ils soient tous “égos”, pas notés, pas classés alors que la vie est une sélection permanente. Pus on la retarde, plus elle est catastrophique et cause d’amertume. et de traumatisme qu’il aurait fallu leur apprendre à surmonter. C’est comme envoyé des soldats à la guerre sans entrainement et la fleur au fusil. les possibilités et dons de chacun sont divers. IL s’agit de les repérer et de les développer, pas de produire des séries d’êtres identiques.
Tout à fait d’accord.
En même temps, il est bien plus confortable de se reposer sur l’institution, même défaillante, que de consacrer du temps au suivi scolaire, à condition bien sûr de le pouvoir. Tellement navrée de voir des enfants capables se limiter à des études basiques en restant dans les critères sociaux de leurs parents.
L’ascenseur social est encore actif !
Notre génération avait un peu plus d’ambition se promettant de faire mieux que nos parents et pour la plupart, nous y sommes parvenus…
Je charge BV et je saute sur votre article. Quel beau et dense sujet vous évoquez là ! On pourrait le commenter sur des pages. Tentons d’apporter quelques idées en réaction à l’attitude du parent d’élève. Tout commence par le milieu dans lequel la maman à été éduquée. Vous imaginerez la suite. Doit suivre la constance avec laquelle ses parents l’ont suivie. A-t-elle été livrée à elle-même ? Est-elle tombée par opportunité ou affinité dans l’environnement amical et scolaire le mieux adapté à la connaissance logique de la vie ? A-t-elle été façonnée par cet environnement et guidée en conséquence , pour ou contre ? La culture qui lui est restée est-elle adaptée à la complexité du monde auquel elle est confrontée. Est-elle suffisamment armée pour savoir « faire la part des choses » ? Pour en venir à la conclusion, cette dame boit sans sourciller ce qui est en rapport avec son éducation, avec le vécu dans lequel elle baigne. Il lui serait possible d’évoluer. Mais en a-t-elle les facilités, les facultés ? Difficile lorsque l’on est au contact à longueur de journée avec un contexte qui vous porte malgré vous dans une voie donnée. Son enfant en sera peut-être bridé, c’est regrettable. Et le contexte actuel est dans la critique sans mesure de l’école privée. Beaucoup de ces critiqueurs n’ont jamais fréquenté une école privée de leur vie. Mais ils savent….ce que l’air du temps véhicule, et se limitent dans leur réflexion, par paresse ou opportunité ou arrangement cérébral. Un grand personnage aurait dit « des veaux » . Virginie, une fois de plus vous n’allez pas vous faire que des amis en assurant la promotion des écoles privées, sous-entendu en critiquant le public. Quel courage ! Bonne et heureuse semaine.
Si ils ne sont pas au courant du désastre c’est vraiment qu’ils ne le veulent pas ! A quoi cela sert -il d’avoir des résultats au BAC de plus de 94% de réussite avec des étudiants dont les 3/4 ne pourront pas faire d’études supérieures compte tenu de leur véritable niveau scolaire, à quoi cela sert-il de majorer les notes de 6 points au Brevet des Collèges alors que la plupart savent à peine lire, écrire correctement le français et je ne parle pas de la grammaire, etc… quant aux attaques récurrentes contre le privé elles font pschitttt !!!
Malheureusement, les dégats sont déjà fait et visible, de l*ENA, et la plus part des collèges privés, avec nos politiques ou thecnocrates, depuis plus de quarante ans et plus. Une réalité; Le gouvernement, plus instruits les uns que les autres mais incapable de résoudre quoi que se soit. Des questions des réponses des promesses, pas tenues. Que de malheurs pour ce Pays.
Excellente mise au point ….à méditer et à faire savoir.
Beaucoup de parents qui souhaitent mettre leurs enfants dans le privé ne trouvent pas de place et les inscriptions se font 4 ou 5 en avance , c’est le cas chez nous . Certains parents n’ont pas les moyens , d’autres peut être aucune ambition pour leurs pretits . Par contre le privé , contrairement à ce que l’on peut croire coute moins cher que le public pour les parents qui travaillent à 2 . Dans le privé le même tarif pour tous , dans le public c’est en fonction de ses revenus et ce sont encore une fois les mêmes qui paient plein pot .