Une rentrée scolaire singulière, sans ministre ni perspectives

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Nous vivons une rentrée singulière, sans gouvernement et, donc, sans ministre de l'Éducation nationale. Les locataires se sont succédé, rue de Grenelle, mais n'ont guère su redresser la barre ni rehausser le niveau de l'enseignement. Après le très sérieux Blanquer et l'ineffable Pap Ndiaye, Attal, avec ses phrases chocs, a joué l'étoile filante et Belloubet a accommodé les restes. Et maintenant, c'est le vide, en attendant que Macron ne se décide. Non pas qu'il faille s'attendre à des miracles avec un nouveau ministre, quel qu'il soit : ce n'est pas de ministre, qu'il faut changer, c'est de politique éducative !

Un niveau dans les classes « dégradé », selon une majorité des sondés

Vous me direz que, sans ministre, l'enseignement ne se porte pas plus mal. C'est, paradoxalement, presque un soulagement : au moins échappons-nous, pour l'instant, à une énième réforme. Mais alors qu'un sondage, réalisé par OpinionWay pour l'observatoire Hexagone, révèle qu'une très grande majorité de parents et de professeurs estiment que le niveau dans les classes s'est « dégradé », le moment est venu de s'interroger sur les politiques menées, depuis des décennies, par les ministres successifs, qui, à quelques nuances près, découlent toutes des mêmes principes. En cette rentrée insolite, la situation de l'enseignement est critique, bien des questions restent en suspens et il serait temps, s'il n'est déjà trop tard, de leur trouver une réponse.

Crise du recrutement

Faut-il parler de la crise du recrutement ? Tous les postes aux concours n'ont pu être pourvus et les recteurs ont dû recruter à la va-vite des contractuels sans trop se soucier de leur qualification. Le gouvernement, obéissant aux ordres du maître, le petit doigt sur la couture du pantalon, avait préparé une réforme de la formation et du recrutement présentée comme la panacée pour rendre plus attractif le métier de professeur : en recrutant en licence et en réduisant l'exigence disciplinaire, les volontaires afflueraient, fini la pénurie ! Beau rêve de technocrates qui croient qu'on peut bien enseigner ce que l'on connaît mal et qui veillent à mettre leurs propres enfants dans des établissements sélectifs !

Où sont passés les groupes de niveaux ?

Gabriel Attal avait eu l'idée, qui n'était pas a priori mauvaise, d'instaurer des « groupes de niveaux » au collège, en français et en mathématiques, mais il n'est pas resté assez longtemps pour consolider son projet. Nicole Belloubet les a mollement défendus, les transformant en « groupes de besoins » . Les courants idéologiques qui, bien que minoritaires, font la pluie et le beau temps ont poussé des cris d'orfraie, dénonçant le « tri social », un apartheid scolaire. Finalement, chaque collège s'est débrouillé comme il a pu, déshabillant Pierre pour habiller Paul, rognant sur les options, notamment de langues anciennes. Il est fort probable que rien d'efficace ne sortira de cette demi-mesure, sinon que le fonctionnement pédagogique sera encore plus complexe et mécontentera tout le monde.

Pour rehausser véritablement le niveau de l'enseignement, il faut un ministre qui ne soit pas soumis aux préjugés idéologiques et pédagogiques en vogue, un ministre qui ait le courage d'expliquer que la méritocratie est un principe fondamental de la République et que l'égalitarisme n'a que des effets niveleurs. Un ministre qui remette en cause le « collège unique », devenu un « collège inique », ralentissant les meilleurs élèves, faisant patauger les moyens et noyant les plus faibles. Un ministre qui ose dire que le savoir n'est pas un gros mot et que l'école est faite pour instruire. Un tel ministre existe peut-être, mais ce n'est pas sous le mandat d'un Macron qu'on le trouvera !

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Faisons de nos gosses: des cancres illettrés… ce sera de la concurence en moins pour les « zélites ». Les ignares triment et ferment leurs gueules!
    Je me souviens des programmes que nous avions dans l’Ecole laïque primaire. Il y avait l’Ecole des filles et l’Ecole des garçons. Pas question de mixité! Le téléphone portable et l’ordinateur: n’existaient pas et pourtant…. pour réussir le CEP (Certificat d’Etudes Primaires) il fallait faire moins de 5 fautes dans une dictée de 25 lignes, tirée d’un texte classique. Pour entrer en 6eme, il fallait passer un concours dans lequel il fallait démontrer que l’on maitrisait le Français, l’arithmétique et la géométrie. Le collège unique: n’existait pas, l’éducation sexuelle: non plus!
    Le matin on entrait en classe, en rangs par deux pour se diriger vers les patères où étaient accrochées nos blouses: grises pour les garçons et noires pour les filles.
    Le Maitre d’école ou maitresse commençait la journée par « L’instruction civique – leçon de morale ». On écrivait avec des porte plumes sergent major avec de l’encre violette. Les livres: histoire, geographie, grammaire, Arithmétique, Géométrie étaient fournis gratuitement. A la fin de l’année scolaire, il fallait les restituer en bon état.
    Toutes les fins de mois, il y avait un examen qui démontrait le niveau d’avancement des élèves. Ceux qui avaient des difficultés, le soir, restaient 1 heure de plus ‘L’ETUDE » durant laquelle le Maitre ou la Maitresse avait le temps de s’occuper individuellement des élèves. Il n’y avait pas d’idéologie ni de politique. Durant les leçons de musique on apprenait : La Marseillaise, Le Chant du Départ, et autres chants de la résistance. On étaient pas des « fachos » pour autant mais des petits Français qui apprenaient à aimer la France, à connaitre ses poètes, ses héros comme Duguesclin, Jeanne D’Arc, Henri IV, Louis XIV, Richelieu, Mazarin, Napoleon et autres. Alfonse Daudet, Jules Vernes, Emile Zola, Lamartine étaient nos auteurs privilégiés et non pas Nietzsche, Staline ou Mao.
    Cela ne m’a pas empeché, malgré que je sois fils d’ouvrier immigré polonais, de réussir le concours d’entrée en 6eme à 12 ans, de passer mon Certificat d’Etudes en candidat libre à 14 ans – premier du canton, de réussir ma première et seconde partie du Baccalauréat à 17 ans avec mention et de réussir le concours d’entrée à L’Ecole Militaire de l’Armée de l’Air à 18 ans. Et tout ça ? me direz vous. tout simplement: MERCI à la France, Merci à mes parents, Merci à tous ceux qui aidèrent les gosses que nous étions à gravir les échelons, non pas par « copinage » mais par le mérite.

  2. Blanquer, celui qui a dévalorisé le baccalauréat, imposé avec Attal, le Parcoursup , des mesures qui se révèlent une véritable catastrophe ! L’égalitarisme n’a jamais été la justice, tout le monde n’est pas fait pour les études, des élèves peuvent développer leurs talents dans le manuel sans pour autant être des imbéciles. Cocteau, Malraux, des cuisiniers (Bocuse …), Delon, cap de charcutier, qui fut un grand acteur, autodidacte , formé grâce à de grands réalisateurs Visconti….et on pourrait allonger la liste, n’avaient pas le bac contrairement à ces énarques, une bande d’incompétents qui ont mis notre pays dans la « mouise ».

    • Bien que je sois d’accord avec vous sur le principe ,parfois beaucoup de jeunes n’ont aucune éducation dans leurs foyers aussi l’école a un rôle à jouer. Dans les temps anciens l’armée aussi dispensait une formation dite générale et tout cela a disparu au profit a l’école de sujets plus sociétaux. Il suffit de voir les manques de connaissances historiques géographiques et générales de nos jeunes, incollables par ailleurs sur mode, les chansons et les infuenceurs .

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