Une vidéo en hommage à Samuel Paty qui suscite la polémique

MESSAGE EQUIPE DE FRANCE

« Bonjour, aujourd'hui vous êtes en classe. Il vous arrive de discuter avec vos camarades, vous n'êtes pas toujours d'accord. Mais le plus souvent, vous êtes heureux d'être ensemble, de retrouver vos professeurs, d'apprendre », annonce Antoine Griezmann, dans une vidéo publiée par l'équipe de France de football pour s’adresser aux enfants et rendre hommage à Samuel Paty. Olivier Giroud poursuit : « Aller au collège ou au lycée, ça vous paraît normal. Cela dit, ça n'a pas toujours été le cas dans l'Histoire. Et ce n'est pas toujours le cas ailleurs et dans le monde. Aller à l'école, c'est une chance. Une chance que vous offre la République française, à travers ses professeurs. » Léo Dubois enchaîne : « Vos professeurs font le plus essentiel des métiers. Ils ont choisi ce métier parce qu'ils veulent nous transmettre des connaissances qui vous permettront, plus tard, de choisir votre propre chemin. Ils vous apprennent à devenir des adultes responsables. Cette transmission s'inscrit dans les valeurs de notre République : liberté, égalité, fraternité. »

Et c’est ainsi que, pendant près de deux minutes, des stars du football s’improvisent professeurs d’enseignement moral et civique, pendant que notre ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports ne boude pas son plaisir sur Twitter face à cette bonne parole infantilisante sur le vivre ensemble, proclamant « Vive la République ! »

Pour autant, certains se sont permis de souligner l’absence de « diversité » dans le casting de cette vidéo. Les nombreux commentaires sous le post de Jean-Michel Blanquer s'interrogent : « Où sont les joueurs noirs ? » D'autres commentent : « Quelle erreur de communication, cette vidéo » ; « Kimpembé ? Et Pogba ? Pas de vive la France ? Honteux. Désolé » ; « Ils sont où, les autres joueurs de l'équipe ? La partition est déjà consommée ? »

La vidéo aurait été enregistrée en urgence et de nombreux joueurs n’étaient pas disponibles. Le motif de l’agenda est donc invoqué par la Fédération française de football sur le site de Jean-Marc Morandini. Quant au ministère de l'Éducation, visiblement dépassé par cette double crise sanitaire et sécuritaire, il feint de ne pas voir le problème, regrettant que « tout fait l'objet de polémique ». Kimpembé n’était peut-être pas libre pour rendre hommage à Samuel Paty. En revanche, il n’a pas manqué de « liker » (avant de se rétracter ensuite) le post haineux, sur Instagram, du joueur Nurmagomedov demandant à Allah de « lâcher sa punition sur quiconque empiète sur l'honneur du meilleur des hommes, son prophète Mahomet ». Le même joueur russe qui, dans un post précédent, s’en prenait à Emmanuel Macron, écrivant : « Que le Tout-Puissant défigure cette ordure et tous ses disciples qui au nom de la liberté d'expression insultent la foi de plus d'un milliard et demi de musulmans. » Mais peut-être le ministère rétorquera-t-il qu’il n’y a pas de quoi polémiquer, non plus, sur ce sujet ?

En 1998, la victoire de la Coupe du monde révélait une France métissée et célébrait l’image d’une équipe black-blanc-beur. « Le brassage des origines était mis en avant. Et Zinédine Zidane était célébré comme une icône. L’intégration était un thème dans l’air du temps. Vingt ans après, cette notion a disparu des discours politiques. Le mot semble devenu obsolète. Les joueurs de l’équipe de France préfèrent se rassembler derrière une idée : la République », expliquait l'historien Yvan Gastaut, dans le JDD. Sauf que la République ne suscite pas, visiblement, la même adhésion charnelle autour d'une civilisation, d'une culture ou d'une identité, faute d'assumer son héritage et ses racines. Lesquels sont pourtant visés par les terroristes.

Dans Valeurs actuelles, Mathieu Bock-Côté nous mettait pourtant en garde  : « Le rêve de nos progressistes, c'est de fabriquer un peuple étranger à l'identité historique de la nation. » Car, comme l'écrit Philippe de Villiers : « Cela ne sert à rien de parler des valeurs de la République. Elles sont au mieux un Code de la route, un règlement de copropriété. On n’a jamais vu un seul individu tomber amoureux d’un stop. » Charlotte d'Ornellas poursuit également en ce sens : « Quand je me réveille le matin, je suis Française, pas républicaine. Je mange une gastronomie française, pas républicaine. Je parle français, pas républicain... La République n'est qu'un cadre. Ce n'est pas un mode de vie ni une civilisation. »

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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