USA : le coup d’État du quatrième pouvoir
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Il s’est passé quelque chose d’extraordinaire, aux USA et dans le monde médiatique occidental. Au décompte des voix, le candidat Biden devance le candidat Trump et, dans la journée du samedi 7, annonce être proche de la victoire. Mais les médias n’entendent qu’une partie de sa phrase et, d’autorité, le proclament aussitôt vainqueur. Deux jours auparavant, d’autorité déjà, ils avaient censuré en direct le président sortant Trump en l’accusant explicitement de mensonge.
À l’heure qu’il est, nul ne sait qui ment et qui détient la vérité. Le scrutin est serré, selon l’expression consacrée, et, dans l’indécision, grande est la tentation de faire pencher la balance. Ce que les médias mainstream américains, d’autorité, ont décidé de faire sans vergogne. À leur suite, la moitié de l’Amérique et la moitié de l’Europe se sont mises à exulter, moins sur la victoire de Biden que sur l’élimination de Trump. Le spectacle de l’exultation, abondamment relayé, a constitué en soi un événement porté au crédit de cette sorte de coup d’État qui illustre ce qui est en train de passer, désormais, dans le monde occidental, épris de liberté putative, mais prompt à l’excommunication de toute opinion qui n'irait pas dans le sens de ce qu’il convient de penser.
Trump n’a cessé de se rendre coupable de telles extravagances et, dès lors, la moitié de l’Occident qui prétend détenir la vérité n’a cessé de le disqualifier. Elle s’offusque de ce qu’il conteste la pseudo-victoire de Biden, mais elle s’est permis, pendant quatre ans de mandat, de lui contester sa légitimité acquise en 2016 (allant jusqu’à une procédure d’impeachment). Deux poids deux mesures ! Pour quelles raisons ? « L’électeur moyen Trump est sous-éduqué et fréquente assez peu les universités », explique Christine Ockrent. « Ah, ces ahuris de Latinos qui votent pour un connard qui érige un mur pour empêcher leurs frères de sang de passer », renchérit Bruno Masure, pour ne citer qu’eux.
Soutenir Trump, c’est faire preuve d’inculture. Pire : de mauvais goût, inspirer le genre de rictus qui prenait les petits marquis poudrés à la vue d’un manant ! Mais qui sont donc ces « gueux incultes » qui n’entendent rien à la vérité et s’obstinent à ne pas voir en Kamala Harris la pasionaria de qui est attendu le salut du monde ? Peut-être sont-ce la majorité silencieuse, les ploucs, les rustres, ceux qui ne cochent la case d’aucune minorité qui a pignon sur rue dont les médias mainstream se sont faits les porte-voix. La technologie permet à une voix, amplifiée, de porter plus loin que mille autres qui disent des choses non moins justes, mais qui, la plupart du temps, s’abstiennent de les dire.
Aussi, pour entrer dans le monde des médias, existe-t-il la voie royale de l’empathie avec ceux qui sont prompts à prendre la parole, à bon escient pour les uns, certes, mais dans la mise en scène et l’hypertrophie, voire l’hystérie, pour beaucoup d’autres. Cette appétence à tendre le micro a fini par créer une sorte de « mainthink » qui fonctionne comme un paradigme, auquel il est difficile d’échapper. Un « mainthink » de la pensée non pas forcément juste, mais commune, admise, correcte. Trump a commis le sacrilège de ne pas y consentir, ses manières de rustre ont fait le reste et nous en sommes arrivés à ce stade où ce qui est communément appelé le quatrième pouvoir a fait une tentative de coup d’État qui est peut-être en train de réussir.
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