Vacances : rendez-vous en terre inconnue…

WIkipedia / Licence Creative Commons / Weetjesman
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Les vacances sont souvent l'occasion de faire des découvertes. Certaines d'entre elles ne sont pas des nouveautés mais des noms à la mode importés de l'étranger pour faire exotique alors que la plupart du temps, la dénomination française est possible. Le poulet-salade-fromage est devenu le « Bagel texan » et la truite saumonée au guacamole avec du riz est devenue le « Fajitas fish ». Et que dire du « Chicken run » et du menu « Gyoza ».

Lors de mon séjour dans une station balnéaire tout ce qu'il y a de français, pour changer mes habitudes, j'ai essayé une gargote tenue par une petite bande de jeunes sympathiques. Pour choisir un menu, il fallait cocher des cases avec des intitulés aux noms inconnus de mon encyclopédie Larousse en six volumes. Savez-vous ce qu'est un « Poke bowl » ? Ah, vous faites le malin ? Eh bien, j'ignore ce que réserve ce plat et j'entends me préserver d'un tel vocabulaire. Après tout un tas d'explications auxquelles je n'ai rien compris, j'ai finalement commandé une salade à base de mâche. Voyant son air interrogatif, j'ai précisé à la serveuse qu'il s'agissait de feuilles d'herbes potagères crues, si possible accompagnées d'une vinaigrette. La jeune fille savait ce qu'était une salade, mais elle ne connaissait pas la mâche. J'ai rajouté une case au menu, précisant : « salade de mâche ». Il y en avait, mais elle ignorait ce nom banalement français qui sent le terroir. Elle était épatée de mon savoir. Je lui ai répondu que je ne savais toujours pas ce qu'est un « Poke bowl ». Vous voilà plus instruite que moi, lui dis-je. En effet, mais j'explique moins bien que vous... dit-elle. Peut-être suis-je moins vif que vous, lui répondis-je.

Moralité de ce petit dialogue vécu : le savoir et l'agilité intellectuelle sont bien différents et chacun peut apprendre de l'autre.

Nota bene : la salade était correcte et le regard de la serveuse trahissait sa satisfaction d'être plus instruite aujourd'hui qu'hier. Quant à moi, je ne sais toujours pas ce qu'est vraiment un « Poke bowl », mais rassurez-vous : j'aime beaucoup les mélanges de poissons, à condition qu'ils soient bien frais.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 15/07/2024 à 12:20.
Charles-Henri d'Elloy
Charles-Henri d'Elloy
Écrivain, polémiste

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Vous me rappelez deux anecdote où j’ai eu affaire à de jeunes employées – je ne peux même pas parler de vendeuses à ce niveau ! Au cours de Halles, je demande une livre et demie de haricots verts. Stupeur de la jeune fille qui cherche d’un regard affolé celui de sa patronne, bien plus patiente que moi pour décrypter ma demande. Des années plus tard, c’est une douzaine d’huîtres que je sollicite à la poissonnerie. Réponse de l’employé : on les vend au kilo ! Je lui ai demandé si elle pouvait compter jusqu’à 12, oui, non, et mettre les huîtres dans un sac pour ensuite les peser, oui, non, tout ça sous le rire très sonore de mon voisin. Alors ne pas connaître la mâche 60 ans après le poids des haricots verts ne m’étonne qu’à moitié. Au fait e poke bowl c’est une salade mélangée avec du saumon…

  2. Le dernier Poke Bowl que j’ai accepté de commander par solidarité avec l’équipe infirmière un dimanche garde m’a conduit tout droit vers la gastro-entérite de légende.Dans ce récipient en carton quelques morceaux de thon cru agrémentaient une couche de salade de crudités diverses qui masquait une belle part de riz. Depuis je me contente des plateaux anémiques de la clinique.

  3. Dans un restaurant annoncé comme « mexicain » à Namur je demande à la fille de service ce qu’il y a dans la téquilla et elle me répond qu’elle ne sait pas…Quant à la salade niçoise à Nice, elle ne connait pas non plus et à Barcelone, pour savoir quel est le potage du jour, on répond que c’est une soupe chaude… A Cavalaire sur Mer on sert une bière de Chimay dans un verre Heineken donc tout est possible en restauration…

  4. L’illustration parfaite de ce qu’est devenue la gastronomie française. Et parait que c’est en France qu’on mange le mieux. Qu’est-ce que ça doit être hors de nos frontières ?

    • Vous avez déja testé le bouillon avec ses morceaux de carpe dans un pain rond en forme de soupière dans un monastère tchèque ? Ou les macaronis sucrés aux graines de pavot en Hongrie pour accompagner le goulash ? (perso j’adore : les macaronis/Mohn; pas la carpe vaseuse, malgré les chants grégoriens…)

  5. Cela me fait penser qu’un jour, me trouvant dans le village de Graves, dans le Bordelais, je m’étonnais de ne pas trouver de bouteilles de vin de Graves dans la superette locale parmi toutes les bouteilles présentées. Voyant une employée qui mettait en rayon, je lui posais la question : »Vous n’avez pas de bouteilles de Graves ? » – « -C’est quoi ça » me répondit-elle ! Je me permis alors de lui expliquer, mais elle s’est retournée en haussant les épaules… Je n’ai pas acheté de Graves à Graves ! C’est pas grave…

  6. Je suis moins tolérante que l’auteur de cet article. je serais partie ne disant que je croyais être dans un restaurant français et que je m’étant trompée, je lui priais d’accepter mes excuses mais que je partais chez un confrère faisant des plats de mon pays.

  7. Lorsque je vais au resto, ce qui est de plus en plus rare, les deux derniers furent catastrophiques. J’aime bien savoir ce qui va se trouver dans mon assiette, et comme je mange en France, autant que possible écrit en Français, ou avec la traduction.

  8. Il m’est arrivé, à la caisse de supérettes, de devoir nommer des légumes que le jeune caissier ou la jeune caissière ne connaissaient pas pour qu’ils puissent les trouver sur leur tableau ! Pour certains faire la différence entre échalotes et oignons, c’est difficile ou entre courgette et concombre.

    • Une amie professeur (agrégée) de lettres modernes et aujourd’hui retraitée m’a demandé un jour ce qu’était l’épeautre … on dinait dans un grand restaurant !

    • Ça m’est arrivé aussi assez souvent . « Et vous mangez ça comment ? » j’évitais d’être trop long eu égard aux autres clients de la file . Quant au fenouil , aux topinambours , au radis noir , aux patates douces , les différents types d’oignons , céleri rave et céleri branche , bettes ou blettes … mandarines , clémentines , oranges , etc. Jamais je ne me suis moqué d’eux / elles car mes petits-enfants ont certainement été dans ce cas . D’ailleurs , moi-même , j’ai appris les noms et utilisations de certains légumes à mon passage à l’Ecole Normale d’Instituteurs . Il y avait un jardin dans l’école et un jardinier expérimenté . Plus un porof d’agriculture !

    • Quoique, avec le No pasarán récemment mis à toutes les sauces, nous avons élargi nos connaissances linguistiques.
      Sinon, j’aime bien que le menu que l’on me tend ne soit pas un casse-tête chinois.

  9. un  » poke bowl » est un bol ou l’on pioche ( ce qui s’y trouve) autrement dit un méli mélo de crudités !

  10. Extraordinaire, on reconnaissant certaines variétés de légumes du potager, on passe maintenant pour des petits génies. Les jardiniers amateurs dont je fais partie vont du coup monter d’un cran dans la hiérarchie des sachants. Ça en dit long quand même sur le niveau de curiosité de la génération qui va prendre notre place.

    • Chez moi aussi. Je me demande si, en fait, mâche et doucette ne sont pas deux variétés très proches l’une de l’autre.
      Doucette, ça sonne bien !

      • Non. C’est la même chose. L’appellation diffère selon les régions. Chez moi dans l’Est, on l’appelait doucette, mais c’était dans les années 40… et après…

  11. Hélàs oui on ne sait même plus quel plat va nous être servi et souvent de grands noms pour un truc qui frôle le ridicule . Choississons donc un resto ou le menu est bien clair , en français et détaillé .

    • Moi, je crois qu’il y a un petit problème : la mâche est plutôt une salade hivernale, à éviter en saison estivale, si tant est que vous en trouviez sur les marchés. Je juge que nous devons consommer les fruits et légumes au cours des saisons où elles sont produites en France, de préférence.

      • Vous avez tout à fait raison. Mon grand-père en cultivait et revenait du jardin avec un joli panier de « doucette ». Il avait la goutte au nez et les mains gelées par le froid. Mais comme c’était bon! Il fallait bien la laver car il restait beaucoup de terre au bas des feuilles des bouquets ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. C’est maintenant cultivé toute l’année, les racines dans…l’eau!..

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