Vaccination obligatoire : les arguties sans fin…

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Nous avons assisté, ces dernières semaines, à un glissement très significatif de l’argumentaire des tenants de la vaccination obligatoire et de son avatar du passe sanitaire. Initialement avait été invoquée la question de l'altruisme - ne pas contaminer les autres - puis a été avancée celle de l'immunité collective - le virus « doit disparaitre de nos vies ». Devant la faiblesse avérée de ces deux « motifs », un troisième terme est dorénavant avancé : le risque de saturation par les non-vaccinés du système de soins, et plus précisément des lits de réanimation.

Pour apprécier la cohérence de ce dernier argument, deux questions se posent. D'abord, la situation sanitaire actuelle, avec une couverture vaccinale de 90 % des personnes à risque, fait-elle encourir un risque de saturation de la réanimation ? Ensuite, le cas échéant, a t-on des possibilités d'adapter efficacement les moyens réanimatoires à la situation sanitaire ?

Un risque de saturation ?

Pour répondre à la première question au regard de la situation sanitaire d’août 2021 : nous savons tous que ce sont les personnes à risque (âge avancé ou comorbidités) qui, ultra majoritairement, occupent les lits de réanimation. Or, actuellement, 90 % environ de ces personnes à risque sont vaccinées. Sachant que le vaccin assure une protection sur les formes graves à 90 %, selon les essais du concepteur, on peut s'attendre à ce que 80 % environ des patients soient épargnés par ces formes graves, en comparaison des pics épidémiques précédents. L’occupation Covid en réanimation correspondrait donc, théoriquement, à seulement 20 % des occupations Covid des épisodes antérieurs (la réanimation pour les personnes sans risques restant marginale). Si le vaccin reste efficace, l’occupation en réanimation doit donc être cinq fois moindre.

Ensuite, concernant la deuxième question sur nos moyens en réanimation : malgré ce paysage sanitaire plus apaisé, elle a pu être en tension cet été, localement. Cela a été le cas, notamment, en Occitanie ou en PACA, du fait de la surconcentration touristique (amenant naturellement à une surconcentration des cas Covid) et des fermetures de lits en lien avec les congés d’été du personnel. Dans le monde de la « santé publique d’avant », nous aurions adapté les moyens réanimatoires aux besoins de santé, sous forme d’un plan de crise localisé efficace.

Une question de volonté politique

Pourtant, de même que pour les pics épidémiques Covid précédents, les pouvoirs publics ont répugné à cette adaptation. Ils se sont même, en fait, livrés à une inversion complète du principe de base - adapter nos moyens de soins à la situation sanitaire du pays - en prétendant adapter, à l’inverse, l'état de santé de la population – par confinement, couvre-feu, et donc par la vaccination obligatoire aujourd’hui - à nos moyens de soins restés quasiment inchangés depuis un an et demi. Il serait trop long d’entrer dans les détails techniques, mais ces marges de manœuvre réanimatoires au sens large (soins critiques) pour doubler voire tripler les capacités disponibles pourraient bel et bien exister, c’est une question de volonté politique. Pourtant, elles n’ont été que très partiellement mises en œuvre, et seulement au pied du mur.

Ce troisième argument de la réanimation saturée pour justifier les mesures coercitives n’est, ainsi, pas plus convaincant que les deux précédents. Alors, pourquoi s’obstiner ? J’émets l’hypothèse qu’on veut privilégier la prévention à tout prix (prophylaxie vaccinale obligatoire et passe sanitaire en l'occurrence, en relais des choix de confinement, couvre-feu…) aux dépens du soin (hydroxychloroquine, ivermectine... et, ici, soins de suppléance). De ce point de vue, le processus actuel de suspension de soignants au mépris des besoins est parfaitement cohérent !

Ce primat « préventiviste » présente des avantages collatéraux évidents pour le pouvoir qui en use, à travers le contrôle social qu’elle instaure et l’adhésion qu’elle suscite. Cela nécessite, toutefois, d’entretenir la population dans un profond sentiment de peur, teintée d’ignorance ou de déformation des connaissances scientifiques, grâce aux relais médiatiques, et de ce point de vue, l’objectif est atteint (à 66 %). Et pour quels résultats sanitaires ? Les comparaisons des taux d’incidence et de mortalité avec nos voisins n’indiquent aucune plus-value. Nous devons bien décrypter le changement politico-philosophique majeur qui se cache derrière ce renversement de paradigme de santé publique, car c’est bien plus que notre santé qui se joue dans cette fuite en avant.

Jean-Michel Pradel
Jean-Michel Pradel
Professionnel de santé publique

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