Vaccination : prenons garde aux rumeurs 

vaccin femme

Le Français se vante d’être extrêmement méfiant, méfiance toutefois asymétrique, avec un scepticisme systématique pour le propos institutionnel mais, a contrario, une crédulité étonnante pour les théories qui en prennent le contre-pied. Au pays de Pasteur, ce paradoxe alimente le débat actuel sur les vaccins. Passons sur la mise en garde contre l’introduction de puces qui nous suivraient à la trace, du niveau des défenseurs de la Terre plate, mais analysons les critiques plus rationnelles.

La première repose sur un raisonnement bizarre. Il part d’un constat : le Covid-19 tue moins que la grippe. Bon, et alors ? La maladie de Lyme, aussi, tue moins que la grippe. Donc, ne pas s’en soucier ? Le constat vaut pour la tuberculose, la rougeole, la variole, la rage le tétanos ou la poliomyélite, toutes maladie aujourd’hui contenues, voire éradiquées, mais… grâce à la vaccination.

L’une des origines de la défiance vient des États-Unis. Lorsque des patients se prétendent victimes d’un traitement médical, des avocats américains spécialisés en action de groupe les démarchent. Ils leur font signer un contrat pour se faire rétrocéder entre 20 et 25 % de leurs futures indemnités, mais leurs clients doivent abandonner tous droits à une action individuelle pour s’en tenir à la seule action collective. Ensuite, les avocats achètent des experts douteux, souvent auto-institués, aux titres aussi ronflants qu’invérifiables obtenus à l’étranger, capables d’études approximatives sur n’importe quel sujet. Munis de ces études, et forts d’un nombre aussi élevé que possible de plaignants, les avocats vont alors proposer au labo incriminé une transaction toujours préférable à un procès.

Sous l’angle scientifique, ces actions issues d’un bluff judiciaire sont catastrophiques. Victime des expertises bidon, une excellente molécule dont le rapport bénéfices/risques est favorable sera suspectée ou retirée du marché.

Une affaire de ce genre défraya la chronique en 1998. L’un des arguments des opposants à la vaccination, encore utilisé de nos jours, trouve sa source dans l’étude bidon d’un chirurgien britannique, Andrew Wakefield, contre le vaccin rougeole-oreillons-rubéole. À partir d’une étude sur un groupe de douze enfants autistes, nombre insignifiant statistiquement, il met le vaccin en cause et cautionne une action de groupe contre les labos produisant ces vaccins. Mais un journaliste du Sunday Times, Brian Deer,  démontre que Wakefield a été acheté par le lobby des anti-vaccins et que les parents de cinq enfants reconnus autistes bien avant la vaccination ont été payés pour les faire incorporer dans l’étude. L’Ordre des médecins britannique interdit Wakefield, qui ira sévir aux États-Unis, toujours héraut des groupes anti-vaccination. En 2009, la grippe H1N1 est dénoncée comme une aubaine pour commercialiser des vaccins inefficaces.

Autres rumeurs : le SIDA, créé en laboratoire, ou le virus Ebola, fomenté par la Croix-Rouge pour organiser un trafic d’organes international. Ou la maladie de Lyme. Tous ces laboratoires diaboliques sont, évidemment, américains. Curieusement, les Russes, qui avec « Biopreparat » - un programme prétendument pharmaceutique qui fut à l’origine de la catastrophe biologique de Sverdlovsk - n’ont jamais respecté la convention sur l'interdiction des armes biologiques de 1972 , sont exemptés de ces soupçons.

Autre danger : l’aluminium ! Afin de le rendre plus efficace, l’antigène vaccinal est généralement combiné à un sel d’aluminium. Une chance fantastique pour Christian Tal Schaller. Suisse, il est médecin, se dit aussi médium, chaman, naturopathe, hypnothérapeute, homéopathe, acupuncteur, ostéopathe, psychothérapeute. Dénonçant le scandaleux refus de l’Université française d'enseigner les méthodes de régression dans les vies antérieures, c’est le même que l’on trouve, aujourd’hui, en embuscade sur les réseaux sociaux pour dénoncer le complot des pharmaciens. Son véritable ennemi, c’est le progrès. L’immuabilité dogmatique des médecines douces serait la caution indéniable de leur vérité et de leur efficacité, alors que les progrès des connaissances et des techniques médicales seraient la preuve de leur incapacité.

Finalement, pour inciter à la vaccination, la solution eût été de la proposer à un prix astronomique. Nul doute, alors, que les gens seraient descendus dans la rue pour l’exiger gratuitement. À défaut de ce choix, reste une question : les anti-vaccins qui se seront fait contaminer et finiront en détresse respiratoire se feront-ils soigner par l’homéopathie ?

 

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