Vaccins : et si, juste pour une fois, Christiane Taubira n’avait pas tout à fait tort ?
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Au micro de RTL, jeudi, l'ancien garde des Sceaux a provoqué l'indignation en déclarant qu'elle « n'a pas vocation à appeler les Guyanais à se faire vacciner ». Les réactions violentes se sont succédé. De la part des politiques qui hurlent à l'irresponsabilité de Christiane Taubira et jusqu'à l'épidémiologiste William Dab qui ira jusqu'à l'accuser « de défendre une position qui va amener à tuer les gens ». Bonne fille, l'ancien ministre s'est cru obligé de réagir très vite par crainte d'autres représailles, rappelant qu'elle était elle-même vaccinée et que les arguments antivax « sont un tissu d'imbécilités ».
Bien sûr, cette déclaration qui nous sort du « sanitairement correct » est à replacer dans son contexte. Celui de la Guyane, région la moins vaccinée de France puisqu'au 15 septembre, « seulement 29,6 % de la population de plus de 12 ans disposaient d’un schéma vaccinal complet, contre 81,7 % pour l’ensemble de la France ». En s'exprimant ainsi, Christiane Taubira a voulu se ménager les bonnes grâces de ses anciens électeurs qui, à l'instar de la Martinique et de la Guadeloupe, ne semblent pas prêts à se soumettre aux obligations vaccinales parisiennes. Avec un certain succès, d'ailleurs, puisque là-bas, le gouvernement semble reculer sur l'obligation vaccinale imposée au personnel des hôpitaux.
Mais l'intérêt du positionnement prudent de Mme Taubira réside, me semble-t-il, dans cette explication de bon sens, vertu qui tend à disparaître depuis le début de cette crise : « Je ne suis pas une responsable politique en exercice et je ne dispose pas d’éléments d’informations qui me permettraient formellement de donner une consigne. » Expression pertinente qui met le doigt sur le mal dont tous nous souffrons : le manque d'informations. De quoi nous jeter nous autres, « non-sachants », dans des abîmes de perplexité.
Le contexte n'est pas favorable, embrouillé, marécageux, changeant. Le manque de recul nécessaire pour la fabrication des produits (là ou il a fallu trente ans pour mettre au point un vaccin comme celui contre la varicelle), les revirements scientifiques quant à leur efficacité (exemple israélien à l'appui), la parution de listes des effets secondaires propres à se faire dresser les cheveux sur la tête, les informations vraies ou fausses qui circulent sur les réseaux sociaux sans oublier la promptitude des médias et celle des GAFA à jeter dans les poubelles complotistes toute thèse critique sont autant d'éléments qui entretiennent la plus totale des confusions.
Pour la catholique que je suis, la situation n'est pas plus claire. Mon pape fait de la vaccination une obligation hautement morale et charitable que d'autres responsables ecclésiastiques condamnent avec la plus grande fermeté car utilisant un produit testé sur des embryons humains avortés. À force de lectures et de recherches, j'ai fini par adopter ce précepte de saint Thomas qui légitime l'emploi d'un mal pour un plus grand bien et me ranger à l'avis - sans doute mesuré - de ces prêtres pour qui « se vacciner n'est pas un acte immoral en soi ».
Une des raisons de cette méfiance partagée de la médecine est à chercher aussi du côté d'un péché originel oublié. Une tache discrète mais indélébile sur un serment d'Hippocrate qui fait dire à une personne de mon entourage « Je n'ai pas confiance dans une médecine qui jette 200.000 enfants à la poubelle tous les ans. » Et c'est sans doute là un grand dérèglement, plus grave que le climatique, car il touche à l'essence même de la vie. À lui seul, il démonétise une science qui s'acharne à éviter les morts du Covid d'une main et supprime de manière systématique des embryons de l'autre.
Rien à voir, bien sûr, avec les motifs de prudence invoqués par Christiane Taubira. Qui, elle, n'en doutons pas, reste toujours concentrée sur son grand projet de déconstruction. Celle de la famille et de la nation.
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