Valérie Boyer : « Au lieu de valoriser ces actes de bravoure, certains tentent de les salir. Augustin n’est pas l’agresseur, c’est la victime »
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Vendredi, Augustin, 17 ans, a été attaqué par cinq jeunes place Bellecour, à Lyon, pour avoir défendu des jeunes filles, selon le témoignage de son frère. Une version qui, aujourd’hui, est remise en cause par une partie de l’opinion à la suite du témoignage des jeunes filles qui disent ne pas avoir été agressées physiquement et qu’Augustin n’aurait reçu qu’un seul coup de poing. Valérie Boyer, députée LR des Bouches-du-Rhône, a réagi sur Twitter dès lundi pour montrer son soutien au jeune homme à qui elle rend hommage.
Vous avez montré votre soutien à Augustin sur les réseaux sociaux lorsque vous avez appris l’agression. Pourquoi était-ce important de réagir ?
D’après le frère d’Augustin, alors qu’un groupe de cinq individus agressait deux jeunes femmes, ce jeune de 17 ans décide d’intervenir pour prendre leur défense. Il réussit à retenir les agresseurs et permet, ainsi, aux victimes de se réfugier. Toujours d’après ce même témoignage, les agresseurs s’en sont alors pris à Augustin et se seraient livrés à un ignoble lynchage. Selon plusieurs médias, Augustin aurait plusieurs dents cassées, une fracture de la mâchoire et une opération des cervicales. Si ces faits sont avérés, je veux avant tout lui rendre hommage et avoir une pensée pour sa famille.
Je crois que les mots ne remplaceront jamais les actes, mais il est important de dénoncer cette violence qui a tendance à se banaliser dans notre pays. D’abord parce qu’en tant que parent, je suis inquiète pour l’avenir de mes enfants et de mes petits-enfants. Mais aussi parce que je crois qu’il est urgent d’agir. Ces faits me rappellent, d’ailleurs, l’histoire du jeune Marin. Lui aussi Lyonnais. Lui aussi jeune. Lui aussi faisant preuve d’un grand courage. Le 12 novembre 2016, à Lyon, un couple s’embrasse dans la rue. Un jeune homme, âgé alors de 17 ans, les agresse. Marin, 20 ans, voit la scène et intervient. L’agresseur le poursuit, lui assène des coups de béquille et le laisse pour mort. Il est devenu le symbole d’une jeunesse courageuse.
Des Français ont le courage de s’opposer à la violence. Cette violence qui tisse sa toile dans notre pays. La dénoncer est le minimum que nous puissions faire.
Qu'est-ce qui vous choque le plus, dans cette agression ?
Même si plusieurs experts tenteront de prouver que les chiffres ne démontrent pas une hausse significative de la violence en France, je crois que l’ensauvagement de notre société est une réalité. Certains verront ces agressions à répétition comme de « simples faits divers ». Je crois qu’ils sont le signe d’un problème plus grave qui s’installe, petit à petit, dans notre société. Je pense à cette violence systématique après des victoires ou des défaites sportives. Je pense à ces agressions répétées contre les forces de l’ordre, des élus (notamment locaux), des chauffeurs de transports en commun, comme à Marseille, il y a quelques jours, ou le meurtre du chauffeur de bus à Bayonne. Je pense à la jeune Axelle Dorier, 21 ans, morte après avoir été fauchée et traînée sur plus de 800 mètres par un véhicule, encore dans la région lyonnaise. Je pense à Jean-Michel Gaudin, roué de coups pour avoir protégé des jeunes femmes. Je pense à Adrien, tué lors d'une rixe avec trois autres hommes près de Grenoble. Je pense à ceux qui sont, tous les jours, les victimes de cette violence et dont on ne parle pas.
La lutte contre l’insécurité n’est pas qu’une question de statistiques. Derrière les chiffres, il y a des victimes et des crimes de plus en plus sauvages.
Pour autant, il y a une réalité. Depuis 2014, le total annuel des homicides augmente de nouveau. En 2019, 1.218 ont été comptabilisés par les services de police et de gendarmerie, soit près de 100 de plus qu'en 2018 et 2017.
Plus encore que les homicides eux-mêmes, le nombre des tentatives de meurtre a explosé : celles-ci ont plus que doublé entre 2000 et 2019, pour passer de 1.175 par an à près de 3.000 en 2019, alors que la population n'a augmenté que de 10 % sur la même période.
Il y a quelques années, 85 % des mineurs traduits devant la Justice changeaient de comportement après leur rencontre avec l’institution judiciaire. Ils ne sont plus que 65 %, actuellement…
On parle encore, dans cette affaire, de « faire le jeu de l'extrême droite ». À titre indicatif, c'est même le titre de l'article du HuffPost au sujet d'Augustin. Qu'en pensez-vous?
Nous manquons encore d’informations sur cette affaire, et bien sûr que nous devons faire preuve de prudence. L’enquête fera toute la lumière sur cette agression. Cependant, j’en ai assez de ce débat sur l’extrême droite. On connaît la phrase de Confucius : « Pour rétablir l’ordre dans l’empire, il faut rétablir l’ordre dans les dénominations. » Ne pas dire les choses, ne pas nommer les choses, c’est commencer par les tolérer, par les accepter. Rappelons-nous saint Augustin : « À force de tout voir, on finit par tout supporter ; à force de tout supporter, on finit par tout tolérer ; à force de tout tolérer, on finit par tout accepter ; à force de tout accepter, on finit par tout approuver. » C’est une manière de détourner le débat, il ne s’agit pas de savoir si nous sommes d’extrême droite ou de gauche, il s’agit d’une violence que nous devons dénoncer. Ce débat est absurde, le courage d’Augustin n’a pas d’appartenance politique.
Au lieu de valoriser ces actes de bravoure, certains tentent de les salir. Augustin n’est pas l’agresseur, c’est la victime. Que veut prouver Le HuffPost avec un tel titre ? Quelle est son analyse sur les faits ? Comme de nombreux Français, j’ai vu la vidéo de l’agression, cette violence est choquante et lâche.
Si Augustin avait été issu d'une minorité visible, il aurait probablement été érigé en symbole de courage. Son héroïsme est-il minimisé dans l'opinion publique, simplement car il est blanc et n'est donc pas « assez » victime aux yeux de la bien-pensance ?
À mon avis - enfin, je l’espère -, son héroïsme est minimisé car l’enquête débute. Il est vrai qu’il a fallu se battre pour que Marin obtienne la Légion d’honneur. Mais commencer à raisonner en termes de « couleur de peau », de « race », c’est faire le jeu des séparatistes. Je ne raisonne pas en termes de couleurs, d’appartenance politique. C’est la négation de l’individu. Je crois encore en l’universalisme républicain. Arrêtons de voir des « communautés » et affirmons qu’il y a des Français qui doivent se rassembler derrière nos valeurs d’égalité, de fraternité et de liberté. Il n’y a qu’une seule communauté, c’est la communauté française.
Le maire de Lyon, lui, n'a pas réagi. Ce silence politique est-il signe de l'abandon de la population lyonnaise à l'ensauvagement ?
Le maire de Lyon avait également tardé à réagir à la mort d’Axelle Dorier, dans la région lyonnaise. Il y a de la violence, de l'intolérance. Ma crainte est que cela débouche sur des désordres plus forts. Certains responsables politiques ne commentent jamais ces événements car ils les perçoivent comme « des faits divers », comme je l’ai expliqué précédemment. D’autres se refusent à réagir lorsque le Rassemblement national s’exprime. Il ne s’agit pas de récupération politique. Il s’agit de dénoncer les faits, de ne pas se taire face à cette violence. Il faut refuser cette soumission. C’est notre rôle et notre responsabilité.
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