Valérie Pécresse, la candidate qui n’imprimait pas, spécialiste de la « gênance »

Au fond, c'est vrai, Valérie Pécresse est, comme elle le dit si souvent, une chiraquienne. Il lui manque cependant encore l'aplomb, l'aura personnelle, le talent de bateleur - c'est-à-dire tout.
pécresse

C'est un mot qui devrait bientôt faire son entrée dans les dictionnaires, comme il l'a fait depuis bien longtemps dans le monde des moins de 30 ans. La gênance, c'est le sentiment que l'on ressent devant le comportement embarrassant ou ridicule de quelqu'un ; c'est le substantif qui caractérise, pour utiliser un autre mot de jeune, une situation « malaisante ».

Je sens bien qu'il vous faut un exemple, amis lecteurs. Nous n'aurons pas à aller bien loin : observons Valérie Pécresse, en recul dans les derniers sondages. Elle « n'imprime pas », comme on dit. C'est pourtant curieux. Candidate des Républicains, elle avait un boulevard devant elle. Elle aurait dû faire voler en éclats Zemmour et Le Pen, appuyée sur un réseau provincial tentaculaire, des militants motivés et enthousiastes (« radicalisés », même, disent leurs propres cadres), des caisses pleines. La droite d'autrefois aurait été de retour ; celle du RPR, celle du Général, celle de la grande réconciliation du 30 mai 1968 avec les soldats perdus ; la droite des comices agricoles et des poignées de mains sur les marchés, des propos biens sentis et des entreprises de pointe, la droite d'un grand parti fier de lui et de son pays, prêt à en découdre.

Heureusement pour les candidats de la vraie droite, si Valérie Pécresse n'est pas nulle, sa campagne nous le laisse à penser. Elle est même pire que cela : gênante. Les réseaux sociaux se sont délectés de sa vidéo ridicule, avec sa parka Decathlon™, quand elle se prépare à partir, en chuchotant, « dans le Doubs », à quatre heures du matin, paupières en berne. En dix secondes, parce qu'elle a revendiqué ce départ en voiture à voix basse, comme si elle ne voulait pas réveiller les enfants à l'étage, et parce qu'elle s'est glorifiée d'être debout, à une heure où elle devait penser que la France somnolait en attendant le chauffeur, elle s'est couverte de gênance.

Que dire de ses meetings laborieux, de ses gestes empotés, de ses formules poussives ? Le meilleur : « Les sondages, ça va, ça vient, c'est comme la queue du chien. » Pensant ciseler un aphorisme, ou rendre hommage à Jacques Chirac, elle se glisse dans un costume qui n'est pas le sien. Elle nous met mal à l'aise parce qu'elle manque de tout : repartie, talent, charisme, crédibilité. Un problème d'ethos, dirait Aristote, c'est-à-dire un problème d'adéquation entre ce qu'elle donne à voir et ce qu'elle dit. Valérie Pécresse, à la vérité, fait une campagne paresseuse, médiocre, en priant sans doute tous les saints dont elle se souvient pour que le scandale Alstom, qui concerne un peu son mari*, mais pourrait éclabousser jusqu'à l'Élysée, n'éclate pas au pire moment.

Le clou du spectacle, dernier sur son cercueil, est venu de David Pujadas qui lui a lu, à la télévision, une tribune qu'elle avait signée, il y a quinze ans. En compagnie de la délicieuse Rokhaya Diallo, elle avait plaidé pour une France métissée. « Qui a écrit cela ? », demande Pujadas. « C'est moi », répond simplement la candidate, qui se lance alors dans une série de poncifs chiraquiens, sans queue (du chien) ni tête (de veau), pour en arriver à la profonde conviction que la France a toujours « accueilli tout le monde » et que c'est « son identité ». Elle ne répondra évidemment pas à la question sur son changement de discours face à l'immigration. La fermeté, c'était pour plaire aux électeurs de Ciotti. Dans le fond, elle s'en moque bien. Elle ne saurait même pas comment faire.

Au fond, c'est vrai, Valérie Pécresse est, comme elle le dit si souvent, une chiraquienne. Démago, girouette, faussement bonhomme, faussement bourgeoise, enfilant les phrases creuses comme autant de perles : elle a beaucoup appris du maître. Il lui manque, cependant, encore l'aplomb, l'aura personnelle, le talent de bateleur - c'est-à-dire tout. Par ailleurs, elle est prise d'une maladie terrible : la compulsion de répétition. « Ça a marché une fois (en 1995, car on ne peut pas considérer 2002 comme une victoire de Chirac), ça marchera toujours. » C'est le plus court chemin vers le mur.

Quand elle aura été sèchement battue, au soir du premier tour, Valérie Pécresse - « Madame 20 h 02 », d'après Zemmour - appellera évidemment à voter contre celui des deux candidats du camp national qui se mesurera au maître des horloges. C'est bien le moins qu'elle puisse faire pour faire barrage à la haine. Ce sera son dernier moment de gênance télévisuelle. Son dernier tour de piste, aussi, espérons-le.

 

* Après le rachat d'Alstom par General Electric, il fut le seul cadre de haut niveau à être maintenu à la tête d'une ligne métier. En 2016, il conduisit une restructuration, supprimant 800 emplois en Île-de-France, quelques semaines après que son épouse avait été élue à la tête de cette région et qu'elle avait fait de la lutte contre le chômage la priorité de sa campagne.

 

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

77 commentaires

  1. Les boules puantes risquent de ne sortir, que si Dame Pécresse est en mesure de battre Micron, le président prépubère! Ce qui, d’après les sondages, n’est pas prêt d’arriver, tant mieux, parce que nous en avons assez de ces politocards, qui ne croient en rien et surtout pas en la France! Alors ouste la girouette, qu’elle continue à tourner, mais sans faire de bruit!

  2. Elle m’était antipathique mais son attitude face à Bourdin m’a écœurée. On attend autre chose d’une présidente qu’elle hurle avec les loups.

  3. Cette candidature LR est une machine à perdre. Le ton donné est digne du charisme d une huître. Désolé mais inintéressante à écouter . Les L.R. aurait mieux fait de voter pour CIOTTI. Ils se sont sabordé avant la mise à l’eau. Pécresse fait du Macron, pour être son futur premier ministre si par malheur il est réélu.

  4. Je croyais naïvement que pour exprimer le ressenti contenu dans le néologisme « gênance », le mot gêne convenait parfaitement. Bon enfin moi, ce que j’en dis…

  5. Sans charisme, sans conviction, sans boussole, elle passera comme une ombre dans un parti qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Un non-évènement.

  6. Elle semble mieux protégée que Fillon car les journalistes semblent endormis à son égard. De plus l’affaire Alstom serrait aussi les clous du cercueil du squatteur de l’Élysée. Comme les journalistes sont à son service…

    • Combien de Français ont en mémoire l’affaire Alstom et les rôles de Macron et du mari de V. Pécresse ?

  7. Attaquer le conjoint du candidat à la présidentielle , ce serait l’affaire Fillon à l’envers ; pour Fillon, c’était l’épouse et pour Pécresse c’est l’époux ; Le cadeau Alstom de la France aux américains a rapporté gros aux époux Macron et Pécresse

    • Donc, il FAUT que TOUTES les ventes échafaudées par l’ex- secrétaire à l’Elysée soient connues de tout le monde; comment, en juillet 2016, juste avant de remettre sa démission, il avait déjà englouti toute son indemnité de ministre, tandis qu’il constituait son mouvement à grand renfort d’invitations, sur le dos des contribuables.

  8. Cette grande bourgeoise propriétaire de plusieurs maisons a 2 millions d euros chacune et dont le mari gagne 2 millions de salaire annuelle le rapelle ces courges qui achetaient une boutique pour se distraire, elle la molle a choisir la politique pour exister, elle est aussi fade que l eau plate, elle est prête à tout trahir car elle n a aucune conviction, c est la future tyran idéale pour les mondialistes

    • Elle joue un rôle, qu’elle se revêt, et qu’elle modifie, tout au long de sa campagne, au bout d’un comment le costume ne ressemble plus à rien, tout ce qu’elle bafouille n’a plus de saveur. Elle se perd.

  9. Le problème de Pécresse n’est pas simple, centriste molle sans aucune vraie conviction, elle se voit obligée de jouer la fermeté, un rôle qui n’est pas taillé pour elle, elle est incolore inodore et sans saveur et le restera, le plus mauvais choix que pouvait faire LR, il faut dire qu’avec les dirigeants de ce parti, que pouvait on attendre.

    • C’est au contraire un excellent choix pour représenter un parti qui a tant desservi son pays et tant trahi ses électeurs.
      Pécresse incarne à merveille ce qui sépare le discours de la réalité et la conviction de l’opportunisme.
      Là où un Ciotti aurait pu faire illusion en se plaçant sur le même terrain que Le Pen ou Zemmour, Pécresse, elle, deroule un programme dans lequel seuls peuvent encore croire des électeurs qui adorent être roulés dans la farine.

  10. Sa principale qualité c »est que au second tour (où elle ne sera pas) la mpitié au moins de ses électeurs voteront national

  11. Mon épouse, je l’avoue le front bas et l’oeil humide, a voté pour cette énarque sans colonne vertébrale, protéiforme, insipide et incolore aux élections régionales . Depuis, nous ne parlons plus politique à la maison. Ce n’est vraiment pas bon pour ma tension et la pérennité de notre couple.

    • Je vous plains.
      Mais j’espère que votre conjointe commence à réaliser son erreur.
      Pour apprendre à marcher, il faut être tombée.
      Donc espoir.

    • Mais ne voulant pas la mort du pêcheur seulement son repentir votre épouse pourra voter Eric Zemmour bientôt

  12. VP , se réclame de Chirac et de Sarkozy , on connait leurs résultats en matière d’immigration. Chirac en 1991 à Orléans, avait eu un moment de lucidité , vite disparu , le second avec son karcher qui n’a jamais démarré. VP , dit qu’il est à la cave et il y restera! Donc , merci Valérie , mais je préfère une vraie droite forte , pas un clone de Macron .

    • En effet, elle est bien à l’image de ses références, dans la fausse posture de la lionne prête à donner sa vie pour sauver ses petits, mais au lendemain de son élection elle redeviendra la limace baveuse de l’Europe. Macron est plus clair, il ne s’en cache pas.

  13. Je me demandais quelles casseroles elle traîne. Je ne connaissais pas ce dossier Alsthom. Son mari a donc travaillé avec Macron, ministre à l’époque. Connivence, connivence…
    J’ai hâte de voir les boules puantes qui vont sortir à son encontre durant la campagne…
    Je m’en délecte d’avance.

      • Macron et Pécresse ont été complices d’un scandale qui nous a coûté la perte de la souveraineté nucléaire. S’il n’y a que ces deux là au 2ème tour, je rejoindrai le camp des abstentionnistes, dont aucun sondage ne parle.

      • Je disais un jour que le livre devrait être distribué gratuitement à tout le monde pour que les futurs électeurs connaissent le malhonnête individu qui nous enfume.

    • Il faut faire très attention, les histoires nauséabondes fausseront la campagne présidentielle, comme en 2017, qui s’est avéré être une catastrophe pour notre pays, le seul qui va en bénéficier, se sera encore Macron, il a un électorat de groupies fanatisées et ensorcelées. Un Macron 2, c’est un suicide pour la France !

    • Il ne sortira pas de boules puantes contre elle, du moins, des médias dominants pour la raison que Macron= Pécresse.

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