Valérie Pécresse : Zemmour, ami de Tariq Ramadan ? Ben voyons !

Dans une campagne électorale, disait le général de Gaulle, « ceux qui lancent [des] boules puantes finissent par sentir plus mauvais que ceux qui les reçoivent ». Valérie Pécresse, qui prétend défendre un « projet gaulliste », n'a pas l'air de s'en souvenir. Vendredi 4 février, lors d'une réunion publique à Charleville-Mézières, elle s'est attaquée à ses deux principaux concurrents. Elle reproche à Marine Le Pen d'avoir « mis en faillite son parti. Et maintenant, elle s'apprête à mettre en faillite son pays. » Et de mettre en garde les électeurs : « Ne votez pas pour elle, elle n'est pas capable de diriger la France. » Quant à Éric Zemmour, qui « nous parle de la lutte contre l'islamisme », il est infréquentable, « son ami s'appelle Tariq Ramadan ».

Comme si elle était à court d'argumenst contre ses adversaires, Valérie Pécresse cherche à les déconsidérer par un coup qu'elle croit décisif, mais qui n'est qu'un coup d'épée dans l'eau. Car qui croira que Zemmour, qui fait de la lutte contre l'immigration et l'islamisme son cheval de bataille, est complice des Frères musulmans ? Qui croira que Marine Le Pen serait incapable de diriger la France, alors qu'elle n'a jamais eu l'occasion de le faire ? Sans compter que Valérie Pécresse, quand elle était ministre à Bercy, n'a guère brillé par son efficacité, recourant, pour tenter vainement de sortir de la crise, à une politique d'austérité – au demeurant dictée par l'Europe – assortie d'une forte augmentation des impôts.

Accuser Marine Le Pen d'avoir « mis en faillite » le Rassemblement national est plutôt malvenu, quand on sait que la défaite électorale et le rejet des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy plombèrent, en 2013, les finances de l'UMP. Pour se sortir du pétrin, ce parti fut contraint d'appeler ses sympathisants à la rescousse. En matière de gestion, on fait mieux. Concernant les relations entre Zemmour et Tariq Ramadan, Pécresse reprend l'accusation d'« islamo-zemmourisme », selon la formule de L'Obs, qui ne tient pas la route. Il peut y avoir, entre deux intellectuels, une complicité d'esprit : ce n'est pas une connivence.

Avant de dénoncer les manquements d'autrui, la candidate de la droite et du centre ferait bien de balayer devant sa porte. Faut-il rappeler ses positions mouvantes sur les questions sociétales ? Plus récemment, lors de l'élection régionale en Île-de- France, si elle a repoussé une alliance avec les Marcheurs, elle n'en a pas moins pactisé avec des personnalités de droite qui soutenaient Macron ou des centristes solidaires de l'action du gouvernement. Quant au programme qu'elle défend aujourd'hui pour la présidentielle, il semble justifier qu'on la prenne pour un clone du Président sortant.

Valérie Pécresse, avec ces phrases chocs censées discréditer ses adversaires, se discrédite elle-même. Pire : elle discrédite la démocratie. Winston Churchill aurait dit que « la démocratie est un mauvais système », mais qu'elle est « le moins mauvais de tous les systèmes ». À voir les procédés auxquels ont recours des politiciens pour prendre les rênes du pouvoir, on peut se demander s'il n'était pas un peu optimiste. Quand l'invective et la caricature remplacent le débat, c'est la démocratie qui en pâtit.

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