Valéry Giscard d’Estaing, Brigitte Bardot : deux nouvelles affaires Dreyfus ?
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J'avais commencé à écrire ce billet le 11 dans la soirée quand, opportunément, Pascal Praud a commencé « L'Heure des Pros » du 12 par l'expression de son humeur sur l'affaire de Valéry Giscard d'Estaing et a bien voulu me questionner sur elle.
Le 18 décembre 2018, après un entretien à son domicile parisien, lors d'une photographie de groupe et de la présentation d'albums de photographies, Valéry Giscard d'Estaing touchait à trois reprises les fesses d'une journaliste allemande. Elle ne savait comment réagir et son caméraman faisait tomber quelque chose pour créer une diversion.
Cette journaliste, Ann-Katryn Stracke, 37 ans, qui travaillait pour la télévision publique allemande WDR, a raconté cet épisode et été soutenue par son employeur.
Elle a déposé plainte pour agression sexuelle auprès du parquet de Paris, le 20 mars 2020, pour dénoncer le fait qu'un ancien président de la République s'était livré à du harcèlement sur elle.
Valéry Giscard d'Estaing, d'abord, affirmait ne se souvenir de rien ; son entourage s'abstenait du moindre commentaire.
Une enquête a été ordonnée.
J'ai conscience que je devrais, avant toute chose, m'indigner, prendre cette affaire avec gravité, déplorer le traumatisme subi par la plaignante et vitupérer le comportement de VGE.
Ce qu'il a accompli n'est pas bien s'il l'a fait, mais je suis navré de ressentir cette dénonciation tardive comme assez ridicule. Le 18 décembre 2018, cette femme de 37 ans a été si tétanisée qu'elle n'a pas pu se défaire de cette gestuelle indélicate mais plus navrante qu'autre chose ? Cette privauté d'un instant devait-elle appeler une réaction aussi impressionnante ?
Il me semble qu'on a perdu tout sens de la mesure. Certes, personne n'est au-dessus des lois, mais il y a une forme d'intelligence et de lucidité qui devrait laisser les salacités séniles livrées à elles-mêmes. Bien loin de moi l'idée de restaurer une quelconque justice de classe ou de privilèges, car mon argumentation s'attacherait à tous dans les mêmes circonstances.
Le soutien apporté à la journaliste par son entourage professionnel est très respectable, mais tout de même, il ne s'agissait pas de l'affaire Dreyfus !
La judiciarisation forcenée de tout ce qui se rapporte à la notion d'emprise réelle ou prétendue, et plus largement au corps féminin, quelles que soient les atteintes, devient contre-productive pour cette cause honorable des droits de la femme qui, à force d'être mise au service de tout et de n'importe quoi, sans la moindre hiérarchisation des transgressions, se dévoie, se banalise et perd son impact fort. Tout est coloré à l'aune d'un Weinstein au petit pied !
Cette dérive a pour conséquence d'entraîner une femme de 37 ans à déposer plainte plus d'un an et demi après et à n'avoir pas une seconde songé à ce qui aurait honoré sa liberté et sa responsabilité d'être humain : écarter la main de l'ancien Président ou lui dire de cesser ses attouchements. Peut-on voir un progrès dans le fait que l'évolution de notre société a dépossédé les femmes, pour ce qui n'est pas gravissime et appelle une résistance facile et immédiate, du premier droit qu'elles auraient dû précieusement sauvegarder : celui de dire non ? Plutôt que de s'oublier et appeler un secours judiciaire.
Brigitte Bardot ne nous confronte pas à la même situation. Certes, elle a été, au soutien de sa cause animale, outrageante pour les habitants de l'île de La Réunion dans un courrier qu'elle avait adressé au préfet de ce département ultramarin. Elle n'aurait pas dû et cette globalisation a légitimement choqué.
Mais l'une de nos gloires nationales qui n'a jamais eu le verbe mou, tiède et conformiste a fait acte de repentance publique et présenté ses excuses. Elle sera pourtant jugée en correctionnelle pour injures raciales parce que des plaintes ont été déposées par quatre associations, dont la LICRA et le MRAP qui, selon l'habitude, ont stimulé le parquet. L'avocat de ces deux dernières a déclaré que « son combat aussi juste soit-il ne l'autorise pas à dire tout et n'importe quoi ».
Certes, mais il n'interdit pas non plus de projeter sur des contentieux singuliers déjà fortement atténués par une contrition ostensible une vision clairvoyante et, d'une certaine manière, presque plus offensante qu'un renvoi en correctionnelle. C'est Brigitte Bardot, on la connaît, elle a 85 ans et, pour les animaux, elle irait jusqu'à proférer les pires absurdités !
Je m'interroge. Alors que les parquets vont classer sans suite pour rattraper tant de temps perdu avec le confinement, on n'aurait pas pu faire grâce judiciaire à Brigitte Bardot ?
Peut-être ai-je des indulgences coupables pour Valéry Giscard d'Estaing et Brigitte Bardot, mais la justice ne devrait-elle pas être d'abord, et parfois, de la dentelle au sein du massif ?
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