Vas-y, Doudou !
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Lecture du dernier baromètre YouGov du 5 juin 2020 pour le compte du Huffington Post. Emmanuel Macron, avec 28 % d’opinions favorables, est stable et perd même 1 point par rapport au mois dernier, tandis qu’Édouard Philippe progresse de 11 points, à 42 % d’avis favorables, sur la même période. C’est même son score le plus élevé depuis sa nomination, en mai 2017. L’écart entre les deux têtes de l’exécutif s’agrandit encore un peu plus en faveur du Premier ministre.
Quel avenir pour le Premier ministre, à l’heure où bruissent déjà les rumeurs de remaniement du gouvernement, courant juillet, juste après le second tour des élections municipales (28 juin) ? Notre premier de cordée à la pensée si complexe l’a déjà annoncé lors de son intervention télévisée du 13 avril dernier : « Sachons sortir des sentiers battus, des idéologies et sachons nous réinventer, moi le premier », a-t-il décrété. Bref, si notre premier de cordée concrétise sa volonté, exit Édouard Philippe dans quelques semaines. Avec une bonne chance, me direz-vous, d’être réélu édile de la ville du Havre, Édouard Philippe a encore une porte de sortie et, donc, un avenir.
Justement, notre Premier ministre se pose-t-il la question de son avenir, chaque matin, en se rasant ? Non, bien sûr, puisqu’il porte la barbe. Disciple et ami de longue date d’Alain Juppé, notre « Doudou » sait aussi rester droit dans ses bottes plutôt que de s’agiter en bras de chemise pour nous livrer ses fadaises arrogantes et stériles. Son profil du parfait technocrate à la française (Sciences Po Paris, ENA, Conseil d’État) peut agacer, mais son flegme pédagogique durant la crise du Covid-19 a, je crois, rassuré l’ensemble de la population. Édouard Philippe a continué de tracer sa route, avec constance et sérieux, dès lors qu’il avait informé les Français que la priorité de son gouvernement était avant tout de protéger leur santé. Et tant pis si l’économie, en quelques semaines, a été détruite pour de longues années.
Depuis sa prise de fonction, en mai 2017, sa vie à Matignon n’a pas été un long fleuve tranquille. Mars 2018, attaques terroristes de Trèbes avec le sacrifice du colonel Beltrame. En novembre 2018 débute le mouvement des gilets jaunes qui va perdurer chaque week-end toute l’année 2019. Décembre de la même année est marqué par l’attentat de Strasbourg pendant le marché de Noël. Dès le printemps suivant, Notre-Dame de Paris s’enflamme tout comme l’usine Lubrizol, à Rouen, en septembre. Il finit l’année 2019 sur cette impossible réforme des retraites et son cortège continu de contestations et de grèves jusqu’à la fin de janvier 2020. À peine souffle-t-il quelques jours que s’ouvre, fin février, la crise sanitaire du Covid-19. Ouf, n’en jetez plus !
Son « patron » nous avait annoncé, en 2017, qu’à peine élu, il renverserait la table pour laisser place nette à la « start-up nation » qui pourvoirait aux emplois en traversant simplement la rue ! Blague à part, la pratique verticale et jacobine du pouvoir par notre monarque républicain n’est plus à démontrer. Son éloignement des Français est patent.
Il faut espérer que notre Édouard Philippe soit plutôt girondin. Il faut enfin réformer notre État omnipotent, chaque jour un peu plus menacé d’embolie mortelle. Qui en aura le courage et l’envergure ? Cet homme possède ces qualités. De plus, c’est sur la longueur d’au moins un quinquennat que l’on peut sérieusement s’y attaquer. L’on nous dit qu’il a, récemment, partagé un déjeuner avec le parrain de la droite républicaine Nicolas Sarkozy. Ont-ils évoqué la course de fond des présidentielles 2022 ? L’adoubement de « Doudou » par le parrain lui ouvrirait un boulevard à droite.
Qui d’autre que lui, aujourd’hui, serait en mesure de ramasser la mise pour les conduire, tous retrouvés et regroupés, à la victoire en mai 2022 ? Édouard, le boxeur amateur, a l’occasion unique de renvoyer dans ses cordes et à ses chères études Emmanuel, le faux nez socialiste, et son clan.
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