Vaucluse : Cavaillon, au paradis des trafiquants de drogue

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Emmanuel Macron, dans un communiqué, s’est vanté du retour de l’ordre. Faut-il le remercier ?

Car les dealers de drogue, qui n'ont pas communiqué, ont fait bien plus, semble-t-il, pour l’apaisement des banlieues. Ils triomphent désormais sans pudeur.

À Cavaillon (Vaucluse), dans la fameuse cité du Docteur-Ayme, les enfants sont heureux. Pour le 14 Juillet, ce quartier très mouvementé de la ville a pris des airs de fête : un magnifique château gonflable jaune et bleu agrémenté de toboggans trône au beau milieu des barres d’immeubles. Les enfants profitent de la piscine, rebondissent sur un trampoline, se régalent avec leurs parents du barbecue gratuit, dans une ambiance gentiment musicale. Une fête de village comme les autres. Sauf que la municipalité affirme n’y être pour rien. D’après France 3 Régions, les organisateurs de cette petite sauterie sont en effet plus prosaïquement… les trafiquants de drogue locaux. « Les trafiquants de drogue ont en effet partagé les vidéos de ces festivités "offertes" aux habitants de la cité du Docteur-Ayme sur les réseaux sociaux qui leur servent à faire au grand jour la promotion de leur business », écrit France 3 Régions.

Quand l’État s’affaiblit…

Une opération de communication bon enfant pour faire marcher le business des points de deal, apparemment plutôt rentables, en toute tranquillité. Il y a pourtant des grincheux ! « C'est un territoire abandonné, la police n'y rentre pas, les habitants vivent en vase clos », déplore, dans un communiqué publié le 15 juillet, le collectif citoyen « Le chemin de l'école en toute sécurité », constitué depuis 2021.

Élue de cette circonscription, la députée RN Bénédicte Auzanot n’est pas surprise. « Pendant les émeutes, il ne s’est rien passé à Cavaillon parce que les dealers ne l’ont pas permis, explique-t-elle à BV. Ce trafic rapporte beaucoup d’argent. Pour valoriser les lieux et vendre davantage de stupéfiants, on achète le silence de cette population. »

Quand l’État s’affaiblit, les réseaux mafieux prennent le contrôle… et ce n’est pas seulement une question d’argent. Des millions d’euros de la politique de la ville ont arrosé Cavaillon. Mais les moyens injectés dans ce que la NUPES appelle « les quartiers pauvres » ou les « quartiers populaires » ne suffisent pas lorsque l’État a abdiqué toute autorité. « Un intense trafic s’organise entre Cavaillon, Avignon et Marseille, poursuit Bénédicte Auzanot. Les accès autoroutiers, à proximité, permettent de disparaître vite et de transporter facilement la marchandise. » L’argent coule à flots sur les plus jeunes, les guetteurs. Et la police est en sous-effectif, dénonce-t-elle. « C’est un quartier perdu de la France où l’État ne fait plus la loi. Lorsqu’on parle de partition du territoire, c’est vrai : un système parallèle s’est mis en place. »

Les dealers coulent des dos d'âne

Rien de nouveau. Ce quartier de Cavaillon s’est signalé de nombreuses fois, par le passé, pour sa reconnaissance envers la France qui y engloutit des budgets considérables… Début septembre 2019, à l’heure de la rentrée des classes, les « jeunes » de la fameuse cité du Docteur-Ayme attaquent un camion de pompiers à coups de boules de pétanque. En juin 2021, au lendemain d’une visite de Darmanin dans cette cité le 16 août 2021, les dealers prennent sur eux de couler des dos d’ânes pour ralentir l’arrivée de la police. Le 28 septembre 2021, un homme jeune est abattu froidement dans la cité, au pied d’un immeuble, non loin d’un point de trafic de drogue.

En mai 2023, deux jeunes hommes, âgés de 20 et 27 ans, sont abattus alors qu’ils circulaient en voiture. Tous deux étaient connus des services de police pour trafic de stupéfiants en lien avec le quartier du Docteur-Ayme. Les années se suivent et se ressemblent, dans la cité de Cavaillon. Des 43 policiers supplémentaires promis jurés par le ministre de l’Intérieur, seuls 17 sont arrivés sur place.

Lynché à mort

Plus puissants que jamais, les dealers des petites, moyennes et grandes villes de France semblent assez peu traumatisés par l’État macronien. Si peu qu’à Montpellier, ils ont réglé eux-mêmes un petit différend, sans trop se préoccuper ni de la police qui « tue », comme disent les Insoumis et les manifestants des banlieues, ni de la Justice. Un homme de 55 ans vient ainsi d’être tabassé et lynché à mort pour avoir « perturbé un point de deal ». À Marseille, les morts liés au trafic de drogue ponctuent la vie de la cité avec la régularité d’une horloge suisse. On en était à 21 morts par balle, en 2023, dans la cité phocéenne à fin mai. Derrière les rodomontades, l'État recule, démissionne, disparaît. Cavaillon ressemble comme deux gouttes d’eau à la France de demain.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Les dealers de cette ville s’inspirent de l’exemple colombien et de sa figure emblématique qu’était Pablo Escobar distribuant l’argent de la drogue pour des oeuvres caritatives et se substituant même aux pouvoirs publics en construisant des écoles là où il n’y en avait pas. Tout cela était permis aussi par la corruption des politiques … ! Le traffic en France est le sujet tabou par excellence après celui de l’immigration. On parle bien de ses conséquences lorsqu’il y a des gens qui sont tués mais pas de l’origine geographique de ces substances , de sa fabrication , de l’acheminement, de l’argent généré , du blanchiment , des personnes qui majoritairement se charges de la revente ,de leur profil , des mules dans les cités , des familles de dealers et leurs implication , du train de vie de ces gens bénéficiant souvent du seul RSA,par le calcul du standing de vie que l’on faisait concernant les prostituées qui pourtant ne touchaient pas les aides sociales , quid des consommateurs , de leur sociologie ? De l’impact de la drogue sur leur discernements, sur leurs choix politique ? Des politiques eux mêmes et du traffic sur la démocratie . Il serait necessaire de faire le check up de la société sur ce sujet pour devenir une grande cause nationale car on ne peut en payer les conséquences sans avoir tous les éléments pour le faire . C’est aussi cela la démocratie ! Et cela passe par un diagnostique d’ensemble et non pas des bribes d’ informations informelles au gré de l’actualité qui mises bout à bout font peut être un tout mais ne relèvent pas de la responsabilité de l’Etat qui est pourtant entière sur ce sujet !

  2. Stupéfiant ! Le Maire demande au collectif d’apporter la preuve que l’initiative vient des criminels pourvoyeurs de drogue et tout ce qui le choque est l' »occupation du domaine public sans autorisation de la ville » !!! Il ne « se prend pas le melon », lui, au moins ! En revanche on n’entend pas parler de notre Darmanin-Zorro !
    Notre Président, à l’occasion du remaniement ministériel annoncé, ne devrait pas hésiter à prendre son nouveau Ministre de la Ville chez les trafiquants de Cavaillon ! On croit toujours avoir atteint le fond, mais on continue à creuser !

  3. La drogue? Sujet tabou. Trouvez la vidéo de Gérard Fauré sur la drogue et la listes de ceux qui se droguent. Toute l’explication est là.

  4. Et pendant cela nous faisons défiler notre armée avec tous ces engins pour montrer notre force et puissance !!
    Il me semble que l’on pourrait leurs donner de nombreux terrains d’entrainement !!

  5. « Pendant les émeutes, il ne s’est rien passé à Cavaillon parce que les dealers ne l’ont pas permis. Ce trafic rapporte beaucoup d’argent. Pour valoriser les lieux et vendre davantage de stupéfiants, on achète le silence de cette population ».
    L’activité économique légale ne rapporte donc pas assez pour que l’Etat fasse son travail et empêche les émeutes ! Triste pays…

    • À qui profite toute cette économie parallèle? Que ne ferait-on pas pour gagner des voix. L’argent n’a pas d’odeur, même dans une poubelle.

  6. Il va de soi, que ce n’est pas avec macron et dupont-moretti que ça va changer, en la matière il faudrait une répression féroce, des dealers et des consommateurs. L’équipe aux manettes de la France, n’a aucune intention, de s’attaquer réellement à ce problème, il met une rustine ici ou là sans effet. D’ailleurs un gouvernement voudrait-il faire ce que je préconise, se verrait retoqué par toutes les instances judiciaires françaises, européennes et mondiales et si d’aventure il s’affranchissait de tous ces dictats, il provoquerait un soulèvement généralisé dans les cités. Je ne suis même pas sur que la population soutiendrait un tel gouvernement. Hélas!

    • « en la matière il faudrait une répression féroce, des dealers et des consommateurs. » Ouvrons les yeux. Le trafic de drogue génère un tapis de fric monstrueux, à vous faire baver d’envie. Avons-nous vu un Etat, notamment en France, observer un tel trésor sans avoir la pulsion incoercible de se servir au passage? Ce trafic prolifère sans obstacle car l’Etat, seul autorisé à ériger des obstacles légaux, en est un des bénéficiaires.

  7. Il ne reste plus qu’à confier la sécurité des JO de 2024 aux dealers. De toute façon, ils ont déjà pignon sur rue et ça ne changera donc rien à la consommation galopante de drogue dans ce pays. Au moins, cela coûtera un peu moins cher au con-tribuable spolié !

    • Ayant travaillé dans l’expédition sur Cavaillon et alentours, je puis affirmer que la drogue n’était pas de mise à l’époque des années 60-90, vu qu’il y avait des emplois toutes catégories liés au monde agricole; depuis la fin de l’agriculture, la drogue sévit de Marseille à Nîmes….Et l’Etat de droit n’existe plus !!!!!!!

    • Ou si, comme les Etats Unis en Colombie, avec l’accord du gouvernement colombien, on passait des avions avec du désherbant sur les plantations de cannabis du Maroc. Ces plantations sont connues, elles sont visibles sur google earth et par les satellites militaires français par exemple. Apres tout, le bon roi du Maroc, qui n’est pour absolument rien dans le trafic de cannabis vers la France, devrait pouvoir se racheter une image d’honnête homme en acceptant l’aide de la France pour que les paysans marocains produisent des produits alimentaires plutôt qu’alimentent tout un trafic en France…

  8. La gauche va, une fois de plus, accuser Sarkozy d’avoir supprimé 13000 postes de policiers et gendarmes ! Sauf qu’il s’est passé 11 ans depuis et qu’elle semble oublier que plus de 10000 policiers et autant de gendarmes ont jeté l’éponge en démissionnant tant ils en avaient marre d’en prendre plein la gueule pour pas un rond ! Cherchez l’erreur.

    • Bien vu ! Cet argument (éculé) des suppressions Sarko a une fois de plus été utilisé par Macron face à Matthieu Vallet du syndicat des commissaires de Police. 11 ans ! On a le temps de FAIRE. Faut il encore être conscients des réalités et VOULOIR. Macron n’est qu’un comédien un manipulateur d’apparences. Et narcissique avec ça. L’espèce politique la plus nuisible.

  9. Ce n’est vraiment pas une nouveauté. Connaissant assez bien la région, déjà en 1973/75 on savait que le triangle de la »defonce » s’étalait entre Avignon , Cavaillon , Marseille . Même saint Remy de Provence aujourd’hui équivalent à Deauville en matière de fréquentation bobo était largement touché. Donc rien de nouveau , français dormez tranquilles pas de quoi s’affoler dans un pays pourri depuis bien longtemps.

  10. Vingt, trente, quarante années pour le moins de reculades, de mensonges, de lâchetés quotidiennes pour cette classe politique qui vit grassement de l’argent des français, maintenant ils en sont nos politiciens à la soumission, à la dihmitude face à un islam conquérant, puissent ils tous finir dans la Géhenne. (Il y a grand péril au royaume de France !  » Jehanne Darc »

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