Venezuela : l’exode massif des Vénézuéliens déstabilise tous les pays limitrophes
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Nicolás Maduro a beau contester la réalité de la crise humanitaire et migratoire de son pays qu’il qualifie de « problema de desabastecimiento » ("problème de désapprovisionnement""), les chiffres officiels communiqués par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) sont sans appel : entre début 2017 et avril 2018, la Colombie est le pays qui a connu la plus forte migration de Vénézuéliens (800.000), devant le Pérou (298.559), le Chili (plus de 160.000), l’Argentine (82.000), le Mexique (65.784), le Panama (65.415), le Brésil (50.000), le Guatemala (15.650), le Costa Rica (4.000) et le Paraguay (2.893). Depuis 2014 et l’accentuation de la crise économique et sociale au Venezuela, c’est, ainsi, plus de 2,3 millions de personnes qui ont quitté ce pays.
Des chiffres qui sont déjà obsolètes, tant le flux migratoire s’est renforcé depuis plusieurs mois. Car c’est bien à un exode massif de Vénézuéliens fuyant à la fois la pauvreté et la répression que l'on assiste. Avec des conséquences politiques, économiques mais aussi sanitaires catastrophiques pour tous les pays limitrophes, dans l’impossibilité d’absorber un tel mouvement de population malgré les admonestations de l’ONU, fustigeant les nouvelles exigences en matière de passeports et d'entrée aux frontières de l'Équateur et du Pérou !
Le Pérou, par exemple, qui voit affluer à ses frontières nord des milliers de migrants vient de décréter l’état d’urgence sanitaire pour une durée de 60 jours car les services de santé craignent la propagation de maladies. Au cours des deux dernières semaines, des milliers de migrants ont installé sur des routes ou des places de villages à proximité de Tumbes, une ville située à la frontière de l’Équateur, des campements de fortune, dans des conditions sanitaires déplorables dans l’attente de l’examen de leurs papiers, ce qui accentue les tensions de toutes natures. Mardi dernier, le président brésilien Michel Temer déployait des forces armées aux frontières nord et est avec le Venezuela pour, à la fois, contrôler le flux migratoire et limiter tout incident entre les populations.
Et pendant ce temps, le marasme continue à Caracas et dans tout le pays, avec pénurie de produits alimentaires de base comme les œufs, le maïs, la viande. Le plan de relance de Maduro, annoncé la semaine dernière, est une kyrielle de mesures sans aucune cohérence : hausse de la TVA, de l’essence, du salaire moyen, création d’une nouvelle monnaie avec cinq zéros en moins pour masquer une inflation record, adossée qui plus est au petro, une crypto-monnaie.
L’industrie est confrontée, jour après jour, aux pénuries multiples, aux coupures de courant, aux augmentations de salaires irréalistes. Lundi dernier, c’était au tour du fabricant italien de pneus Pirelli de fermer son usine. Selon l’organisme représentatif des commerces et des services vénézuéliens, le Consecomercio, entre 35 et 40 % des commerces ont stoppé leur activité depuis un an.
Le pays potentiellement le plus riche de cette région du monde est en train de sombrer tel le Titanic...
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