Venezuela : sept clefs pour comprendre la situation actuelle – Première partie
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1. Hugo Chávez
Pendant les quatorze années de pouvoir (1999-2013), surfant sur les richesses naturelles de son pays (le Venezuela possède les plus grandes réserves de brut du monde) et des cours de pétrole haut, l’ancien président vénézuélien a investi cette manne financière dans des programmes sociaux ambitieux (santé, logement, éducation) avec une certaine réussite (recul de la pauvreté, passée en plus de dix ans de 50 à 28 %) mais avec un handicap majeur : celui du « carnet de chèques » privilégiant l’importation aux réformes structurelles indispensables...
2. L’armée
Depuis son arrivée au pouvoir, le chávisme a fait de l’armée une des forces essentielles du pays avec, en cas de contestations, des purges régulières. Les membres des différentes forces militaires représentent aujourd’hui près de 20 % des effectifs des fonctionnaires et civils employés par l’appareil d’État. Avec, depuis la multiplication des émeutes, l’arrivée de milices paramilitaires pour le maintien de l’ordre et le renforcement des effectifs de la SEBIN (Servicio Bolivariano de Inteligencia Nacional), le service de contre-espionnage vénézuélien.
Le poids de l’armée a entraîné une militarisation politique, avec un nombre croissant de manifestants arrêtés et traduits devant des tribunaux militaires, la nomination de plusieurs militaires au sein du gouvernement. Mais aussi, sur le modèle cubain, une militarisation économique avec contrôle de nombreux secteurs économiques, dont le fret avec la société EMILTRA (Empresa Militar de Transporte) ou dans le domaine des ressources naturelles avec la création, en 2016, de la CAMIMPEG (Compañía Anónima Militar de Industrias Mineras, Petrolíferas y de Gas) avec des accords échappant à tous contrôles, dont ceux avec l’entreprise pétrolière nationale PDVSA (Petróleos de Venezuela SA) qui font des forces armées un des acteurs majeurs du pays. Avec, en toile de fond, prévarications, détournements de fonds publics (l’opposition évoque le chiffre de sept milliards de dollars), trafics en tous genres, armes, changes et stupéfiants...
Comment, alors, s’étonner de la loyauté de l’armée régulièrement réitérée par le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino López : "Le président est la plus haute autorité de l’État et nous lui réaffirmons notre loyauté absolue et notre soutien inconditionnel" ?
3. L’ALBA-TCP
L’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique et Traité de commerce des peuples est une organisation politique, économique et sociale créée le 14 décembre 2004 à La Havane par Fidel Castro et Hugo Chávez "pour promouvoir l’intégration des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes sur les principes de solidarité, de complémentarité, de justice et de coopération". Avec un double enjeu. Politique : s’opposer à l’influence géopolitique des USA en Amérique du Sud. Économique : contrer les effets de l’embargo imposé à Cuba en lui fournissant à bon marché du pétrole contre l’envoi de médecins généralistes et spécialistes pour exercer dans les dispensaires des zones rurales, et des conseillers techniques en tous genres pour pallier le manque de cadres.
Une alliance élargie ensuite à onze membres et trois pays « observateurs » (Haïti, l’Iran et la Syrie).
Une alliance qui repose, entre autres, sur le programme PetroCaribe : la fourniture à des conditions préférentielles de pétrole, soit en termes de prix, soit en modalités de remboursement, aux membres de l’Alliance mais aussi à plusieurs pays qui ont souscrit à son programme. Mais avec l’effondrement des cours du pétrole, ces accords préférentiels se révéleront être un véritable désastre économique et financier pour le Venezuela : la seule livraison de plus de 100.000 barils par jour à Cuba aura ainsi privé l’économie vénézuélienne de plusieurs dizaines de milliards de dollars…
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