Venezuela : sur fond de corruption, le coup d’État des partisans de Maduro à l’Assemblée nationale
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Dans la lignée des pires régimes de la planète, on a assisté, ce dimanche 5 janvier 2020, à une parodie de démocratie à l’Assemble nationale vénézuélienne lors du renouvellement de la présidence et des différents postes pour l’année 2020. Alors qu’il semblait acquis, malgré un certain nombre de critiques, que la majorité des parlementaires allait renouveler sa confiance au président sortant Juan Guaidó, le déploiement des forces de l’ordre de la GNB (Garde nationale bolivarienne) empêchait sciemment Guaidó et un groupe de députés de l'opposition de pénétrer dans l’enceinte du Parlement. Une scène « étonnante » filmée et diffusée sur les réseaux sociaux dans laquelle on distingue parfaitement le président sortant Juan Guaidó en train d’escalader les grilles de l’Assemblée nationale pour tenter d’y entrer !
À l’intérieur de celle-ci, les députés soutiens de Maduro membres du PSUV (Parti socialiste unifié du Venezuela), qui avaient, eux, pu y entrer sans difficulté, ont alors demandé l’ouverture de la séance, alors que le quorum n’était pas atteint, et de procéder immédiatement au vote. Ils ont été alors rejoints, dans une opération qui semble avoir été minutieusement préparée depuis le palais présidentiel, par une douzaine de députés, hier encore dans l’opposition, pour élire à main levée le député Luis Parra.
Devenu un des opposants à Guaidó, Luis Parra a été en effet exclu du parti d'opposition Primero Justicia depuis que le site Internet d’investigation vénézuélien Armando.info a révélé, le 1er décembre 2019, qu’il avait, ainsi qu’une dizaine de députés, reçu des pots-de-vin de la part de chefs d’entreprise impliqués dans une affaire de corruption liée au programme CLAP (comités locaux d'approvisionnement et de production ) mis en place en 2016 par le gouvernement de Nicolás Maduro pour distribuer de la nourriture aux plus pauvres.
Outre le fait que ce nouvel épisode politique est symptomatique du niveau de corruption qui règne à tous les niveaux au Venezuela, il est aussi, par ailleurs, révélateur des limites de la « solution Guaidó », une alternative au président Maduro mise sur orbite de manière totalement artificielle (« Président autoproclamé ! »), début 2019, par Mike Pompeo et l’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis John Bolton.
Pour autant, sans renoncer, en dénonçant « le coup d'État des soutiens de Maduro au Parlement », Juan Guaidó et ses partisans se réunissaient, dimanche soir, à Caracas dans les locaux du quotidien El Nacional pour y procéder à la « véritable élection ». Avec un total de 100 voix sur 167 possibles (la majorité nécessaire est de 84 parlementaires), il était de nouveau élu président de l’Assemblée nationale. Dans le discours qui suivait sa prestation de serment, il annonçait que le Parlement se réunirait mardi 7 janvier, et ce, conformément à la Constitution vénézuélienne !
Un affrontement et une confusion supplémentaires pour une population désabusée dont une partie des espoirs de changement s'est envolée avec le fiasco du coup d’État (décrit ici même ) dénommé « Operación Libertad » qui avait été prévu pour le 2 mai 2019...
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