Venezuela : une enquête de l’ONU sur la violation des droits de l’homme
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Après la publication, en juin dernier, d’un rapport de dix-huit pages du Bureau des droits de l’homme des Nations unies, Michelle Bachelet, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, avait prononcé un véritable réquisitoire à l’encontre du régime de Nicolás Maduro et souligné que l’opposition était l’objet de détentions arbitraires allant « jusqu’à la torture et aux mauvais traitements, à la violence sexuelle, aux meurtres et aux disparitions forcées ».
Devant l’actuel statu quo politique et l’impasse de l’alternative « Guaidó », le groupe de Lima (onze pays sud-américains plus le Canada, le Guyana et l’île de Sainte-Lucie) était de nouveau à l’offensive, la semaine dernière, sur le plan diplomatique en déposant à l’ONU une proposition de résolution sur les violations des droits de l'homme commis par le gouvernement vénézuélien, qui a été approuvée vendredi par 19 voix pour, 7 voix contre et 21 abstentions, dont celles du Mexique et de l'Uruguay.
Par voie de conséquence, le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies va créer une « mission internationale indépendante chargée d'enquêter sur les exécutions extrajudiciaires, les disparitions, les détentions arbitraires, tortures et autres traitements inhumains ou dégradants depuis 2014 » au Venezuela. Elle devra présenter ses conclusions dans le délai d’un an.
Qu’on ne s’y trompe pas : cette nouvelle pression sur les autorités vénézuéliennes n’aura que peu de résultats effectifs, d’autant plus que Caracas a averti, avant le vote, par l’entremise de son ambassadeur à Genève, Jorge Valero, que son pays n’entendait pas coopérer, au prétexte qu’il avait déjà installé une « coopération technique » avec le haut-commissaire aux droits de l’homme ! En qualifiant, par ailleurs, cette résolution d'« initiative hostile qui viole les principes de respect de la souveraineté et de non-ingérence dans les affaires intérieures de l'État »...
Si cette initiative est indéniablement politique, il convient cependant de ne pas en négliger les aspects sociaux et économiques en corrélation avec les flux permanents d’immigration (un exode, maintenant, de près de quatre millions de Vénézuéliens) qui déstabilisent tous les pays limitrophes du Venezuela.
Par ailleurs, il y a la réalité de la violence politique au Venezuela, liée non seulement aux exactions des « collectivos », ces groupes supplétifs utilisés dans les intimidations de toute nature, mais aussi à l’utilisation par l’appareil de l’État de l’incarcération, de la violence et de la torture pour les opposants politiques ou supposés tels. Quelquefois à l’encontre même de chávistes historiques, à l’instar de l’incarcération, depuis 2009, du général Raúl Baduel et dont on ignore aujourd’hui encore où il se trouve...
On se souvient, aussi, de ce qui est arrivé au capitaine de corvette Rafael Acosta Arévalo, arrêté le 21 juin par des agents des services de renseignement (SEBIN) et accusé d’avoir participé à une tentative de coup d’État. Il avait été présenté devant le juge dans un état pitoyable, incapable de se déplacer seul après les tortures qu’il avait endurées. Sa mort a été annoncée quelques jours après, le 29 juin. Les deux militaires vénézuéliens qui en avaient la responsabilité ont été condamnés à six ans de prison. Mais qui donnait les ordres ?
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