Véronique Monguillot, père de Mégane : leur cri du cœur et leur « J’accuse »

MONGUILLOT

Hasard des calendriers judiciaire et médiatique : entre le roi Charles III à Bordeaux, le pape à Marseille et la blessure d'Antoine Dupont se sont glissés des blessures et des visages qui nous parlent davantage car ils nous parlent de nous. Leur histoire pourrait devenir la nôtre, celle de nos enfants, de nos conjoints. Loin de Versailles, du Vatican et des grands enjeux planétaires, c'est notre quotidien, celui de nos rues, de notre société et de sa violence qui se rappelle à nous. Le hasard de leurs chemins de croix respectifs a voulu que l'un et l'autre prennent la parole ce vendredi.

Véronique Monguillot, l'épouse du chauffeur de bus de Bayonne, s'est exprimée après le verdict du procès des deux agresseurs de son mari, condamnés à 13 et 15 ans de réclusion criminelle. Pour elle, le compte n'y est pas. Et les réactions des avocats des condamnés semblent bien lui donner raison : Me Thierry Sagardoytho, conseil de Wyssem M., a évoqué une « décision harmonieuse », selon Le Figaro. Harmonieuse ? Pour Véronique Monguillot, « on marche sur la tête. Notre pays est à la dérive et j'ai la confirmation, ce soir, qu'il est vraiment à la dérive. Je suis en colère. »

On aurait tort de mettre cette réaction sur le compte de l'émotion. Non, l'analyse de Véronique Monguillot correspond malheureusement à la réalité, et qui viendrait le contester s'aveugle ou ment. Oui, la France est bien à la dérive sur le plan sécuritaire et pénal. Et après Bayonne il y a trois ans, l'agression de Cherbourg l'a à nouveau confirmé.

Pour Ludovic, le calvaire a commencé le 4 août dernier, quand sa fille Mégane a été victime d'une agression d'une sauvagerie inouïe qui a également révolté la France entière. Sa fille est vivante mais sa reconstruction sera longue. Elle lui a donné l'autorisation de parler. Il le fait sur BFM au micro de Bruce Toussaint. Lui aussi livre un cri du cœur bouleversant. Mais, spontanément aussi, le propos tourne à l'analyse. Sur la récidive, le risque de récidive, la légèreté des peines, sur une société et des politiques qui exposent des innocents à des loups pourtant bien connus de la Justice. Avec ses mots à lui, il met le doigt où ça fait mal.

« Se taire, c'est créditer ce genre de vermines, ce genre de racailles qui gangrènent encore les rues à l'heure actuelle. Ne rien dire, c'est favoriser tout ce qui peut se passer à l'avenir. Aujourd'hui, c'est ma fille, et demain, ce sera peut-être une autre jeune femme. C'est un processus qu'il faut absolument enrayer. [...] Il faut une prise de conscience du gouvernement pour enrayer cette violence. [...] Je suis réellement très inquiet sur le système. »

Ces victimes deviennent des lanceurs d'alerte. C'est tout à leur honneur. Mais cela en dit long sur la faillite de ceux dont c'est le rôle (médias, gouvernement, institution judiciaire).

La récidive, dans ces deux affaires, est omniprésente. Les agresseurs de Bayonne comme celui de Cherbourg étaient déjà de jeunes récidivistes. Et le désarroi de Véronique Monguillot comme de Ludovic devant une peine de 13 ou 15 ans est pleinement justifié, surtout quand on lit dans Le Figaro les analyses des experts au procès : « Il n'y a aucune empathie. ». La même formule employée pour Oumar, l'agresseur de Cherbourg.

La Justice et le gouvernement devraient vraiment entendre non seulement l'émotion, mais l'analyse implacable que livrent Véronique et Ludovic. Comme le remarquait Gabrielle Cluzel face à Georges Fenech, la parole naguère censurée des victimes au profit des discours complaisants pour les agresseurs relayés par des médias majoritairement à gauche trouve aujourd'hui une réelle écoute dans le pays. Et cette évolution ne pourra que s'amplifier. Surtout, médias et politiques devraient saluer de telles prises de position. Loin d'être enfermées dans un malheur qui les empêcherait de discerner l'intérêt général du pays et de la société, les paroles de Véronique et de Ludovic sont au contraire d'une extrême lucidité.

Si une rupture n'intervient pas rapidement pour mettre un terme aux dérives de la Justice et des politiques pénales - et l'on voit mal comment cette rupture pourrait faire l'économie d'une rupture politique, vu la triste continuité de ces dernières années -, la colère de ces familles, désormais portée par des millions de Français, se transformera en révolte. Cette France populaire attaquée, violée, assassinée par les racailles et dont les justes exigences étaient hier censurées et restent aujourd'hui inentendues n'aura alors que cette issue.

Nos juges et nos dirigeants actuels l'ont-ils compris ?

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Il faut tout de même rappeler que c’est un jury populaire qui a rendu le verdict. Qui sommes-nous pour accuser la Justice de laxisme dans cet exemple précis, alors que nous n’avons pas vu les vidéos de l’événement ? Pour autant, l’inefficacité de la Justice pénale en général ne fait pas débat.

  2. Il faut pas être français dans ce pays , si c était arrivé à un chauffeur musulman tue par 2 bien français, la France aurait brûlée et les coupables jugés sur le champ à perpétuité incompressible

  3. Non la justice n’a rien compris . Et à voir comment se comporte le syndicat de la magistrature qui représente quand même 30% des leurs, la «  justice » n’est pas prête de se remettre en question. Le problème est que si nous devons parfois rendre compte à la justice , la justice ne rend de comptes à personne .

  4. Quand on voit le syndicat de la magistrature à la fête de l’humanité et dans le défilé contre les violences policières, il n’est pas difficile de comprendre la dérive de la justice et la couardise des politiques devant ces attitudes.

  5. C’est la justice française pourrie comme un fruit abandonné sur l’arbre du gauchisme et cela depuis des lustres. Nous le disions, la justice française est à l’apogée de l’inversion des valeurs. 15 ans pour un meurtre , il faut ouvrir les yeux et comprendre que dans 7 ans ou 10 ans ces gens là seront en liberté. Merci encore au syndicat de la magistrature pourri par un gauchisme des plus durs. Confirmation s’il en était besoin : chaos indistinctif , destruction des bases de la société.

  6. Malheureusement la réponse à votre dernière question est non.
    Ils n’ont rien compris, et tant que le peuple n’aura pas viré toute cette clique de malfaisants, les choses empireront.
    La vraie question est plutôt, le peuple en aura-t-il le courage ?

  7. Tant qu’ils ne seront pas touché par cette violence et ces crimes ils ne feront rien et pourquoi pensez vous que Macron ai demandé aux français de rendre les armes en leur possession sinon par crainte que le peuple enfin se révolte et se rende justice devant l’incapacité de ce gouvernement de les protéger . Nous n’aurons plus d’autres choix si nous voulons protéger nos femmes , nos filles , nos ainés et nous même .

  8. Je suis scandalisé par le verdict rendu ,ainsi que par les propos de l’avocat de la défense, en France on pense avant tout aux criminels ,la victime et les proches ne comptent plus !
    Jusqu’ou descendront-nous encore ?
    La magistrature en général se sent intouchable à l’instar des membres des gouvernements successifs ,et bien entendu les chefs d’Etat ,à qui profite cet effondrement de notre société ?
    La constitution doit être modifiée encore une fois , nous devons en finir avec le pouvoir personnel du président et l’intouchabilité des magistrats qui jugent au nom du peuple français , s’ils le font ils doivent donc être élus par ce même peuple, prétendu souverain depuis la révolution de 1789 !

  9. La suppression de la peine capitale a delegitimé la perpétuité. Je compatis à la peine et je partage la colère de Mme Montguillot car ces racailles seront dehors avant 5 ans.

  10. Concomitamment :
    – l’État demande aux Français, sous entendu de souche, de se dessaisir des armes non déclarées, sans doute par peur d’une guerre civile ou d’une vague de riposte (masecurite.interieur.gouv prétendant que c’est pour notre sécurité,
    – la Justice est de plus en plus prononcée par des juges politiquement engagés, arguant bien souvent de « l’absence de discernement »  et appliquant des peines bien légères …
    – notre environnement n’a jamais été aussi violent
    Ne nous reste t’il que des pleurs et des marches blanches ?

  11. La,peine de mort est seulement appliquée aux gens honnêtes et tranquilles , les autres peuvent tuer sans grands risques

  12. De jugement en jugement la cassure se confirme entre la justice française et les Français, envers des coupables « sans empathie ». Le Parquet fera-t-il appel?

  13. Le drame de Cherbourg est passé sous les radars médiatiques. Pas _ou bien peu _de « féministes » à l’horizon non plus. Troublant… ( le mot est faible) .

  14. Hélas, nous serons sans doute, bientôt, obligés de nous armer pour nous défendre et survivre.

    La nature a horreur du vide. Si nous ne nous substituons pas à des pouvoir démissionnaires et défaillants, d’autres, bien trop défavorablement connus de nos sévices, depuis trop longtemps, s’en chargeront.

    Eux sont déjà armés, comme des porte-avions.

    A méditer.

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