Vers la fin des corridas ? Des conséquences économiques qui inquiètent

Corrida_In_Arles_2009-04-13

Pourra-t-on assister à des corridas, l’été prochain ? L’incertitude plane sur le monde de la corrida. Alors que l’effervescence des ferias laisse place aux souvenirs estivaux, le secteur de la tauromachie craint de ne plus pouvoir assister à leur passion. Le député de Paris Aymeric Caron (LFI) a déposé, fin août, une proposition de loi visant à interdire ce « spectacle immoral ». Selon lui, la corrida est « un spectacle qui n'a plus sa place au XXIe siècle, je pense que c'est un point de vue qui est partagé par une majorité des Français ». L’élu de gauche souhaite en faire un symbole. Depuis des années, la corrida et la chasse à courre sont pointées du doigt par les militants de la cause animale. Pourtant, le nombre de bêtes tuées dans les arènes est infime par rapport aux trois millions d’animaux abattus chaque jour en France. Ce symbole pourrait conduire à un bouleversement économique et humain

La fin des éleveurs

Les éleveurs de taureaux de combat seraient les premiers touchés par l’interdiction de la corrida. Il existe une quarantaine d’éleveurs répartis dans le sud de la France qui font naître et grandir leurs animaux sur 10.000 hectares. Si la proposition de loi d’Aymeric Caron venait à être adoptée, elle ne ferait qu’aggraver les difficultés économiques auxquelles font face les éleveurs. « La plupart des éleveurs ont déjà du mal à vivre, ils ont d’autres boulots à côté. À l’heure actuelle, il y a des éleveurs qui pensent arrêter », explique Virgile Alexandre, président de l’Association des éleveurs de taureaux de combat. La vente des animaux aux arènes ne génère qu’une faible partie des revenus des éleveurs, seulement 20 %. « Le reste, ce sont des activités d’agro-tourisme ou de la vente de viande après la corrida », détaille Vincent Fare, gérant de l’élevage Ganadería La Paluna à Saint-Gilles, près de Nîmes. Il n’est donc pas rentable de garder dans des prés des animaux oisifs, pour la simple et bonne raison que l’éleveur doit débourser 1.000 euros pas an et par taureau. Un coût bien trop élevé par rapport au prix de la viande. Les éleveurs n’auraient pas d’autre choix que de mettre la clé sous la porte. Ce qui conduit ni plus ni moins à la fermeture des élevages et, par conséquent, à la disparition de la race des taureaux de combat. « Si la loi anti-corrida est votée, je vais être abattu, tout mon travail sera anéanti », déplore Vincent Fare.

Un manque à gagner pour les villes taurines 

S’il n’y a plus de corrida, il n’y a plus de taureaux. Et s’il n’y a plus de taureaux, les ferias disparaissent. Sans ces fêtes traditionnelles du Sud, les villes comme Béziers, Nîmes ou Arles seront amputées d’une partie de leurs revenus. Une feria attire plusieurs centaines de milliers de personnes. À Béziers, près de 830.000 personnes ont participé à l'événement populaire, ce qui génère d'importants revenus. « Dans ma ville, certains commerces réalisent jusqu’à 70 % de leur chiffre d'affaires. C’est considérable ! » lance le maire, Robert Ménard. Cent kilomètres à l’est, la commune d’Arles compte 12 millions d’euros de retombée économique grâce à la feria.

Derrière ces chiffres, il y a des Français, des familles qui vivent grâce à ce tourisme. Voir cette tradition s’arrêter du jour au lendemain inquiète les élus comme Robert Ménard. « La seule chose que l’on peut faire, c’est se battre au Parlement et mobiliser un maximum d’acteurs de la tauromachie », affirme-t-il. Malgré les menaces qui pèsent sur le secteur de la corrida, Vincent Fare se montre rassurant. « D’après ce qu’on nous a dit, le texte ne devrait pas passer, mais c’est reculer pour mieux sauter », estime l’éleveur. Si ce n’est pas le 24 novembre, tous sont persuadés qu’un jour où l’autre, la corrida cessera d’exister en France.

Kevin Tanguy
Kevin Tanguy
Journaliste stagiaire à BV, étudiant en journalisme

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Toute fermeture d’entreprise entraine des pertes d’emploi, des incidences économiques, des tracas financiers et on peut supposer que la fermeture d’un camp de concentration suit le même processus, avec des gens qui étaient impliqués financièrement, des familles de gardiens mises en difficulté, etc… Maintenant, et ici on le constate bien, tout est commerce et en plus, cette comparaison avec les abattoirs est un peu immonde. je n’aime pas la corrida et la chasse mais ce n’est pas ma raison, c’est le respect de l’animal et…des prisonniers politiques des camps avec qui je viens d’évoquer la comparaison pour ceux qui veulent bien me comprendre.

    • <<>> Supprimez la corrida et la chasse, vous supprimerez les taureaux de combat et vous serez obligé d’empoisonner les animaux sauvages qui viendront dans les villes culbuter vos poubelles. Alors, le respect…

  2. La corrida ne se mesure pas qu’en NOMBRE de taureaux torturés dans les arènes. Il y a aussi la qualité et le spectacle pitoyable de la violence offert à un large public, avec un final prévu à l’avance grâce à une « préparation » préalable du taureau. L’honnêteté consisterait, si vraiment on veut conserver la corrida, d’offrir également au public le spectacle des abattoirs sous forme de sièges disponibles à l’intérieur des bâtiments, assortis d’écrans géants extérieurs pour que tout le monde puissent vraiment profiter d’un spectacle qui de plus serait gratuit. L’être humain a soif de sang, de violence, et d’exécutions. Pourquoi l’en priver ?

  3. Et l’abattage rituel de centaines de moutons lors des fêtes musulmanes, ça ne le dérange pas ce cher Caron? La MALTRAITANCE animale qui lui tient tant à cœur ne lui saute-elle pas à ses yeux idéologises? D’image…
    Noel pere.

  4. « Ne tue que si tu as faim », tout est dit. Aujourd’hui, la tauromachie et son spectacle de mise à mort est une horreur.
    Quant à la chasse, à part le plaisir de tuer, que reste-t-il de l’obligation de tuer pour se nourrir…AUCUNE ! La chasse à courre atteint les sommets de l’absurde lorsque que vous voyez un cerf, le trophée retiré et l’animal dépecé, la dépouille
    est donnée aux chiens pour les récompenser. Ça, ça suffit.

  5. interdire interdire interdire c est curieux ce que ceux qui pronent la tolérance aiment a interdire….. laissons les amoureux de corrida aller les voir et ceux qui ne les aiment pas ne pas y aller : quant a ceux qui comme A.MAURY font la comparaison entre humains gladiateurs et taureaux de corrida ils atteignent le point goodwin des animalistes

  6. Vous allez pas nous faire pleurer avec ces éleveurs de taureau qui vont disparaître…Et lâchez nous avec votre besoin de perpétrer la tradition , désolé ce n ‘en était pas une !
    ce divertissement doit disparaître à jamais, du moins à l’intérieur de nos frontières !

  7. Et pourquoi ne pas faire des corridas sans blesser l’animal et sans mise à mort ? Est-il vraiment nécessaire de faire souffrir ainsi un animal ? le spectacle ne serait-il pas le même ?
    La corrida OK, mais sans blesser l’animal.

    • Tout simplement que si le taureau n’est pas « blessé », ce sera le toréador ! Zéro chance de tuer un taureau de combat sans les picadors et toutes les marionnettes qui participent au « combat » !
      Savez-vous comment sont maltraités les chevaux : cordes vocales coupées pour les empêcher de hennir de peur, yeux bandés durant l’affrontement avec le taureau, oreilles et naseaux bouchés ?

  8. La corrida est un prétexte de plus pour les verts et une certaine gôche de continuer à détruire tout ce qui fait l’économie de la France. Après l’industrie lourde, après l’industrie légère, après l’agriculture il reste le tourisme et les évènements festifs.
    L’argument de la souffrance des bêtes ne tient pas, quand les mêmes verts gôchistes soutiennent l’abattage traditionel musulman bien plus horrible qu’un combat dans l’arène oú l’animal à un chance, même très faible, de survie.

  9. Si le texte de Caron passe, il serait bon qu’il fasse jurisprudence, et que ce qui dérange une forte partie de la population soit interdit. par exemple le rap, si insupportable à des oreilles normales, et l’immigration, l’un d’ailleurs n’allant pas sans l’autre.

  10. C’est à Bayonne le 21 août 1853 que la première corrida eut lieu en France afin, qu’Eugénie épouse de Napoléon III ne s’ennuie plus.
    Alors en matière de culture, tant l’ancienneté que l’origine ne sont guères françaises.
    Eugénie était espagnole et on ne tuait aucun taureau si ce n’est pour les manger avant cette date.
    A bon entendeur.

    • En 1853 il n’y avait aucune mosquée en France et maintenant ? J’adhèrerai à votre observation lorsque l’on rasera les mosquées qui n’ont rien de françaises ,et les musulmans qui vont avec.

  11. Ça fait partie de la culture ? Il y a 2000 ans, à Rome, le bon peuple jouissait de voir des hommes s’entretuer dans les arènes, ou se faire dévorer pas des bêtes sauvages, « Ça faisait partie de leur culture ». Plus tôt, les Incas faisaient des sacrifices humains, « Ça faisait partie de leur culture »… Vous trouvez « beau » de voir un animal superbe se faire vider de son sang par des picadors bien protégés, pour l’affaiblir et le faire se mettre à genoux afin qu’un pantin à paillettes puisse, sans trop de risque, lui enfoncer une épée dans le le cœur. Oui, il y a des animaux de boucherie tués, mais la loi prevoit qu’ils soient endormis avant. Pas qu’on les torture pendant de longues minutes pour faire jouir un public assoiffé de sang…

  12. La souffrance animal en question. La corrida, certainement, l’abattage rituel, surement plus répandu que la tauromachie mais çà, çà semble passer à côté, le nombre d’animaux rituellement abattus de manière in acceptable est considérablement plus important et en nette augmentation. Et la chasse sous toute ses formes, c’est y pas cruel aussi. Vaste sujet.

  13. Quand les romains ont arrêté les combats de gladiateurs, qui pourtant attiraient une foule immense, c’est tout un pan de l’économie qui s’est effondré (vente des esclaves, écoles de formation des gladiateurs, et il y avait de la demande, vu qu’ils disparaissaient assez vite). Il en sera de même pour la corrida, spectacle dégoutant.

  14. Si nous n’étions pas sous un régime de castes, de lobbies, de prétendue élite, si le bon peuple faisait réellement la loi, il y a longtemps que les corridas auraient disparu. Le peuple a bien des défauts, mais, pour sa plus grande part, tout de même pas celui du goût de la torture.

  15. Vers le fin des corridas ? un ouf de soulagement pour les taureaux qui en assez de se faire torturer pour rien si ce n ‘est pour le plaisir de quelques sadiques

      • l’abattage rituel est un autre sujet. Ne faites pas surgir un autre problème dans une discussion ! ce serait faire dispersion ? Alors : pour ou contre la corrida ? pour ou contre la torture inutile des animaux (car il n’y a pas qu le taureau qui est concerné, cf. les chevaux) ?

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