Vers une recomposition à droite : surtout si le FN cesse d’apparaître comme anti-européen
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François Fillon n’a pas perdu de temps : son prompt et solennel ralliement, le soir même de sa défaite, à Emmanuel Macron accrédite un peu plus - si besoin était - la thèse, chère à Marine Le Pen, de l’UMPS. Il y a bien là un nouveau clivage, structurant, sur les thèmes de l’Europe et de l’ouverture des frontières.
La candidate du Front national va pouvoir se laisser porter par la vague de ceux que l’on présente comme les laissés-pour-compte, les oubliés de la mondialisation. Ils sont nombreux car elle fait des dégâts mais, malgré tout, ce ne sera sans doute pas suffisant…
La mode, la dynamique, la « bulle » Emmanuel Macron tiendra bien jusqu’au 7 mai. D’autant que l’inventeur d’En Marche ! est servi par la chance et, en politique comme dans les autres domaines de la vie, ça sert ; un incroyable alignement de planètes : les grands cadors de la droite et de la gauche éliminés les uns après les autres, un Président sortant dans l’incapacité de se représenter, le candidat LR détruit par ses propres erreurs et par un lynchage médiatique en règle, un ras-le-bol généralisé à l’égard des vieux professionnels qui gouvernent à tour de rôle depuis toujours.
Qu’on le veuille ou non, et même si les Français se plaignent volontiers du côté tracassier et dépensier de la bureaucratie bruxelloise, ils restent majoritairement attachés à l’euro. On leur a patiemment et longuement expliqué que l’euro les protège. C’est devenu un totem. Dès lors, il y a fort à parier que, quels que soient ses efforts et l’ardeur de sa campagne, Marine Le Pen finira par se heurter au fameux « plafond de verre ». Comme lors des scrutins précédents, elle a « cartonné », au premier tour, dans les classes populaires : ouvriers, chômeurs…
L’économie, c’est important, la bataille pour l’emploi, c’est essentiel mais ce n’est pas tout.
D’autres périls nous menacent… On se focalise sur la situation économique et sociale parce que le quinquennat hollandais et quatre décennies d’addiction à l’assistanat et au socialisme ont porté, si l’on peut dire, leurs « fruits » et parce que des décisions de politique fiscale, monétaire, etc., peuvent avoir des effets à court terme, voire immédiats ; et donc faire renaître un espoir.
Mais les menaces à moyen et long terme sur le sociétal, la culture, les valeurs, l’identité sont prégnantes. Certes, leur perception ne se fait pas dans l’instant ; pas de baguette magique pour régler ce genre de problèmes. C’est autrement plus compliqué qu’un allègement de charges, une mesure de relance ou un non-remplacement de fonctionnaire à la retraite.
Or, un gisement d’électeurs « de droite » (sans exclusive et toutes droites confondues), à vocation majoritaire, existe en France sur ces questions-là. Lorsqu’elles nous exploseront en pleine figure, soit il sera trop tard, soit les calculs politiciens, choix tactiques et ambitions personnelles apparaîtront rétrospectivement dérisoires.
D’ores et déjà, bon nombre d’électeurs LR s’apprêtent à sauter le pas et voteront « Marine » au second tour, préfigurant ainsi une possible recomposition à la droite de la droite. Tôt ou tard, les leaders - ou, en tout cas, certains d’entre eux - suivront le mouvement. Surtout si le Front national cesse d’apparaître comme « anti-européen ».
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