Vers un ministère de la Vérité ?
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Le ministère de la Culture ne publie pas, à l’heure de la rédaction de ce billet, de lettre de mission détaillée. C’est bien dommage, et c’est symptomatique d’une gouvernance de gribouille, d’une sujétion à l’instant présent. Il faut donc se contenter des déclarations orales autour de la reprise des discussions sur la loi « Fake News » et d’un tweet de Françoise Nyssen :
"Le premier rempart contre la manipulation de l’information, ce sont les médias et les journalistes. J’ai confié à @emmanuelhoog une mission sur la création d'un conseil de déontologie de la presse, qui associerait journalistes, éditeurs et société civile."
Un nouveau comité Théodule ? C’est bien sûr une issue possible, sinon probable. Mais gardons-nous d’écrire l’histoire avant qu’elle ne se déroule.
Sur la mission précise d’un tel conseil de déontologie de la presse, il faut donc se confier à la boule de cristal. Doit-il être en charge d’établir les normes de déontologie ? Ou de statuer sur des manquements constatés ? Ou l’idée de la ministre est-elle de combiner les deux, dans un monstre qui serait à la fois juge et partie ?
Sur les normes, il serait sans doute pertinent de se contenter de la Charte de Munich et de ne pas se livrer à un particularisme qui franchit la ligne blanche de ce qui est acceptable ou non d’un point de vue de l’éthique. La révision de la « Charte des devoirs professionnels des journalistes français », révisée en 2011 en « Charte d’éthique professionnelle des journalistes », a ainsi vu une regrettable amodiation des exigences éthiques, la tromperie sur sa qualité n’étant plus considérée comme déloyale.
Si l’objet d’un tel organisme est de juger des manquements, il peut alors faire double emploi avec une autorité judiciaire. Se pose en outre la question de sa nécessaire indépendance : composé de « journalistes, d’éditeurs et de membres de la société civile », il y a fort à parier que l’on rira à cette galéjade. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler le traitement réservé par un syndicat de journalistes éreintant Clément Weil-Raynal en plein conseil de discipline lors de l’épisode du Mur des Cons.
Le constat est simple : les médias et éditeurs ne sont pas indépendants. Ils sont la propriété d’oligarques ou de l’État et ils ne survivent qu’abreuvés de subventions. Imaginer qu’avec de telles dépendances, une déontologie exigeante puisse émerger et s’imposer relève de la candeur. Tant qu’il ne sera pas mis fin à ces tutelles, ils seront incapables de regagner la confiance d’une audience qui accepte de les financer au juste prix. Tout ce bruit ne sera donc que du bricolage.
À moins qu’il ne s’agisse d’un futur directorat du ministère de la Vérité en gestation avancée dans l’esprit de ceux qui nous gouvernent. Un outil de coercition à l’encontre des trublions qui refusent de servir la doxa bien-pensante et sa propagande. Mais je vois le mal partout…
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